(lisez les PME) qui ont créé de l’emploi et de la valeur ajoutée au cours des dix dernières
années
8
. Elles méritent à ce titre un soutien particulier de la part des pouvoirs publics. Sur la
même période de dix ans, les entreprises multinationales installées en Belgique et les
entreprises belges tournées vers l’exportation ont respectivement réduit leurs effectifs de
près de 10% et de 6,7%. Face à ce constat, l’on se doit de s’interroger en toute objectivité
sur l’opportunité d’octroyer des avantages fiscaux colossaux taillés sur mesure pour des
grandes entreprises multinationales qui détruisent des emplois.
Les données de la Banque Nationale de Belgique confirment largement cette analyse
Comme l’illustre le graphique ci-dessous, en 2009 l’indépendance financière
9
globalisée a
atteint 50,7 p.c. pour les grandes entreprises et 37,1 p.c. pour les PME. « La tendance
haussière des dernières années s’est ainsi poursuivie : en l’espace de dix ans, le ratio des
grandes entreprises a gagné 10,1 points, et celui des PME, 5,3 points. Depuis l’exercice 2005,
cette tendance de long terme a trouvé un prolongement dans l’introduction de la déduction
fiscale pour capital à risque (intérêts notionnels). Cette mesure s’est notamment concrétisée
par des entrées massives de capitaux étrangers en Belgique, sous la forme de prises de
participations dans des sociétés belges. Les contreparties étrangères sont essentiellement des
entreprises liées ou possédant un lien de participation avec la société cible.
10
». En d’autres
mots, si les fonds propres des entreprises ont augmenté, c’est davantage le fait d’une
tendance structurelle que des intérêts notionnels, lesquels ont surtout profité aux plus
grosses entreprises, bénéficiant de capitaux étrangers, avec un coût public élevé et sans
impact particulier sur leur viabilité économique.
Pendant tout la période considérée, la médiane (c’est-à-dire le volume de fonds propres qui
permet de séparer les entreprises en deux parties égales, la moitié étant en-dessous de ce
volume, l’autre moitié au-dessus) était largement inférieure à la moyenne, puisqu’elle se
situait à 32% pour les PME et 35% pour les grandes entreprises. Autrement dit la moitié des
PME ont des fonds propres inférieurs à 32% et la moitié des grandes entreprises ont des
fonds propres inférieurs à 35%, ce qui les met dans une position précaire, malgré les intérêts
notionnels. Cela signifie aussi qu’une minorité de grandes entreprises (existantes ou créées
dans le seul but de bénéficier des intérêts notionnels) relèvent sensiblement la moyenne et
ont donc une indépendance financière largement supérieure à 50%, créée artificiellement
grâce à leur lien de participation avec des sociétés étrangères (profitant par ailleurs de la
possibilité de déduction des fonds propres en Belgique pour nettoyer leur base taxable dans
leur pays d’origine).
De toute évidence, la déduction pour capital à risque pénalise les jeunes entreprises et celles
en expansion, qui ont typiquement un déficit chronique de fonds propres, par rapport aux
entreprises plus anciennes ou liées à des groupes internationaux.
C’est la raison pour laquelle nous proposons de modifier la Loi de façon à la rendre plus
favorables à ces PME, via une augmentation du taux de déduction appliqué aux PME et via
8
D
E
B
ACKER
,
K.,
S
LEUWAEGEN
,
L., Het concurrentievermogen van Belgie. Tweede studie. De creative processen :
ondernemerschap, internationalisatie en innovatie, Centrale Raad voor het Bedrijfsleven, juli 2006, p. 25.
9
Le degré d’indépendance financière est égal au rapport entre les capitaux propres et le total du passif.
10
Banque Nationale de Belgique, « Résultats et situation financière des entreprises en 2009 » dans Revue
économique, décembre 2010, p. 127.