
Le Rachis - Tome 2 - N°1 Janvier 2006 19
Indications d'une intervention chirurgicale orthopédique
dans le cadre du traitement des métastases osseuses
Serge Nazarian (Marseille, France)
Q : Dans quels cas une intervention
chirurgicale orthopédique vous paraît-
elle indiquée dans le cadre du traite-
ment des métastases osseuses?
Mise en perspective
Le but de cette question était de déter-
miner quelle était la place accordée à
la chirurgie orthopédique dans les
métastases osseuses, non seulement
selon des paramètres locaux, mais
aussi certains paramètres généraux.
Considérées de façon globale, les indi-
cations sont surtout centrées sur les
fractures pathologiques patentes ou
potentielles (88 et 79%) ainsi que sur
les métastases vertébrales neuroagres-
sives (70%). On peut se demander
pourquoi il n'y a pas eu 100% d'indica-
tion devant la fracture ou la menace de
fracture pathologique. Et pourquoi
30% des répondants n'ont pas jugé
nécessaire d'avoir recours à la chirur-
gie devant une compression médul-
laire. L'espérance de vie apparaît
comme critère d'indication chez près
de la moitié des personnes interrogées.
Il faut nuancer le terme de "longue",
car le confort de vie est essentiel,
même si ce n'est que pour quelques
mois. Près d'un tiers des personnes
interrogées estime que la métastase
doit être unique pour pouvoir poser
une indication de chirurgie orthopédi-
que. Là aussi, il faut nuancer en fonc-
tion de la nature et de la topographie
des autres localisations. On poussera
davantage l'indication dans les cas qui
ne sont pas accessibles à la radiothéra-
pie, mais
une radiothérapie préalable ne doit pas
faire reculer devant une indication chi-
rurgicale si celle-ci est mécaniquement
nécessaire et si l'état général le permet.
La densité vasculaire de la métastase
n'est pas un critère de contre-indica-
tion. L'embolisation pré- opératoire
permet d'opérer confortablement les
lésions hypervascularisées.
Considérées selon la spécialité des per-
sonnes interrogées, les réponses pré-
sentent une bonne homogénéité ; les
internistes semblent être un peu moins
interventionnistes.
Point de vue de l’expert
Chirurgie à effet mécanique, la chirur-
gie orthopédique peut être sollicitée
dans le traitement des métastases
osseuses pour renforcer un segment
osseux atteint et éviter sa fracture,
pour rétablir la continuité et la stabilité
osseuse, pour remplacer un élément
articulaire détruit, pour libérer une
structure nerveuse comprimée et ainsi,
supprimer la douleur, éviter ou faire
régresser un déficit neurologique,
maintenir ou rétablir la station debout
et les fonctions locomotrices du
patient, rétablir la mobilité et mainte-
nir le confort de vie. Ainsi, la chirurgie
orthopédique est tout à fait indiquée
dans les fractures et les menaces de
fracture pathologique, ainsi que les
compressions ou menaces de com-
pression médullaire ou radiculo-
médullaires.
L'espérance de vie doit être raisonna-
blement évaluée ainsi que l'état géné-
ral, les tares associées, l'existence et le
stade d'évolution de localisations vis-
cérales éventuelles. Les localisations
multiples ne sont pas forcément des
contre-indications, ni l'hypervasculari-
sation de la métastase osseuse, ni une
radiothérapie préalable, sauf si elle a
provoqué des lésions radiques contre-
indiquant l'abord chirurgical. ■
Traitement des métastases vertébrales multiples
asymptomatiques avec menace fracturaire
Serge Nazarian (Marseille, France)
Q : En cas de métastases vertébrales
dorso-lombaires multiples asympto-
matiques avec ostéolyse de plus de la
moitié du corps vertébral IRM, quelle
est votre attitude?
Mise en perspective
Le problème posé par cette question est
celui du choix thérapeutique le mieux
adapté dans le cas de localisations
métastatiques vertébrales multiples
asymptomatiques, mais néanmoins
menacées de fracture pour certaines
d'entre elles. Globalement, sur 692
médecins répondants, 93 se disent non
concernés. Sur la base de 599 médecins
concernés, près des 2/3 proposent une
radiothérapie, et 1/3, soit une vertébro-
plastie, soit un traitement systémique et
une surveillance, soit une chirurgie
orthopédique. La chirurgie orthopédi-
que est la solution la moins évoquée
(27%) par ceux qui en proposent une.
Considérées selon les spécialités des
répondants, les attitudes ne témoignent
pas d'un vrai consensus. Il n'y a pas de
spécificité selon les diverses spéciali-
tés. La radiothérapie est grande favo-
rite, mais elle n'apporte pas de solution
à la dégradation des fonctions de sou-
tien et de protection névraxique présen-
tée par les vertèbres dont plus de la
moitié du corps vertébral est lysé. La
cimentoplastie des vertèbres les plus
atteintes et la chirurgie orthopédique de
stabilisation sont mécaniquement plus
adaptées. La question qui se pose alors
est celle de leur étendue.
Point de vue de l’expert
Le problème posé ici est celui de la
découverte systématique de lésions
métastatiques vertébrales multiples
dont certaines, très déminéralisées
menacent de se fracturer, chez un
patient qui pour le moment est asymp-
tomatique. Il y a une menace de frac-
ture et de compression médullaire
consécutive. La radiothérapie seule, si
elle peut être active sur les métastases
de petite taille, reste généralement
inefficace sur la fragilité acquise par la
déminéralisation étendue. Il faut donc
recourir à des moyens mécaniques, soit
de renforcement de la trame osseuse du
corps vertébral par une injection de
ciment acrylique dans les corps verté-
braux les plus atteints, soit de soutien
de toute la partie atteinte par une ostéo-
synthèse. La cimentoplastie, pratiquée
dans certains centres, nécessite théori-
quement l'intégrité du mur postérieur
pour éviter la migration du ciment. Il
faut la pratiquer sur toutes les vertèbres
fragilisées, en confiant les atteintes
moindres à la radiothérapie.
L'instrumentation vertébrale peut aussi
être localisée ou étendue à toute la
zone atteinte. Cimentoplastie et ostéo-
synthèse peuvent être combinées à une
radiothérapie et/ou à une chimiothéra-
pie complémentaire en fonction de la
nature histologique et de la sensibilité
de la lésion primitive. ■
Evaluation du rapport bénéfice-risque dans l’indication
chirugicale
Christian Mazel (Paris, France)
Q : Quelle attitude thérapeutique pro-
posez-vous à une patiente en bon état
général présentant des métastases cer-
vicales associées à une névralgie cer-
vico-brachiale pour lesquelles l’IRM
montre un début de compression radi-
culo-médullaire ? Une artériographie
pré-opératoire met en évidence une
volumineuse artère vertébrale unique
entourée de tissu tumoral.
Mise en perspective
Le but de cette question était de poser
le problème du type de prise en charge
dans les métastases osseuses des can-
cers du sein: La lésion métastatique
d'un cancer du sein relève d'une façon
habituelle d'un traitement médical qui
est rarement chirurgical. Les indica-
tions chirurgicales restent essentielle-
ment limitées au cas où il existe une
fracture menaçant la statique ou
lorsqu'il existe une compression
médullaire avérée.
Le problème posé par cette observa-
tion était celui de la nécessité d'un
geste chirurgical en sachant que l'en-
vahissement de l'artère vertébrale était
un facteur limitant sur le plan de la
technique opératoire. Il est intéressant
de voir que les réponses apportées à
cette question sont finalement assez
homogènes et en accord avec l'état de
l'art.
Le nombre de moyens et de proposi-
tions est de 1,7 ce qui correspond à
une association thérapeutique chirur-
gie/traitement néoadjuvant. La radio-
thérapie est proposée dans 25 % des
cas. Une chirurgie palliative de stabili-
sation décompression, qu'elle soit
effectuée par voie antérieure ou posté-
rieure, est proposée dans 40 % des cas.
C'est effectivement l'attitude la plus
logique à adopter dans une telle situa-
tion. La chirurgie stabilisatrice permet
de fixer le rachis cervical, d'éviter sa
dégradation mécanique et neurologi-
que. La chirurgie décompressive per-
met aussi l’ablation immédiate des
éléments au contact de l'axe dural et la
récupération autant d'une atteinte neu-
rologique médullaire que radiculaire.
La place de la vertébroplastie comme
de la chirurgie radicale reste extrême-
ment limitée dans l'esprit de ceux qui
ont répondu à ce questionnaire.
Tumeur cervicale engainant racines
nerveuses et artère vertébrale.
L'extirpation de cette tumeur nécessite
d'importants sacrifices neurologiques
et vasculaires.
Là encore cette attitude paraît logique
et en accord avec la littérature. La ver-
tébroplastie est limitée par l'envahisse-
ment de l'artère vertébrale et le risque
d'augmenter la compression de cette
artère vertébrale unique mais surtout
par la névralgie cervico-brachiale qui
risque d'être augmentée par la verté-
broplastie. La chirurgie d'exérèse large
avec by-pass de l'artère vertébrale
paraît tout à fait disproportionnée dans
une telle situation. Le risque chirurgi-
cal d'une telle intervention n'est abso-
lument pas justifié. La thrombose ou
l'échec du by-pass vertébral se tradui-
rait par la rupture de la vascularisation
cérébrale dans plus de la moitié de son
flux. Cela n'est pas tolérable chez un
patient dont le pronostic vital reste
aléatoire.
L'association radiothérapie et traite-
ment palliatif de confort semble donc
l'alternative thérapeutique la plus logi-
que dans une telle situation.
Point de vue de l’expert
La métastase vertébrale d'un cancer du
sein se traite le plus souvent par un
traitement non chirurgical. La chirur-
gie est réservée au cas de compression
avérée radiculaire ou médullaire ou de
risque fracturaire important. Le traite-
ment chirurgical du fait de l'efficacité
des traitements complémentaires
devra être posé en fonction du risque
qu'il induit plus qu'en fonction de la
nécessité de retirer la totalité d'une
masse tumorale. ■
Evaluation du rapport bénéfice-risque dans l’indication
chirugicale
Christian Mazel (Paris, France)
Q : Quelle attitude thérapeutique pro-
posez-vous à une patiente en bon état
général présentant des métastases cer-
vicales associées à une névralgie cer-
vico-brachiale pour lesquelles l’IRM
montre un début de compression radi-
culo-médullaire ? Une artériographie
pré-opératoire met en évidence une
volumineuse artère vertébrale unique
entourée de tissu tumoral.
Mise en perspective
Le but de cette question était de poser
le problème du type de prise en charge
dans les métastases osseuses des can-
cers du sein: La lésion métastatique
d'un cancer du sein relève d'une façon
habituelle d'un traitement médical qui
est rarement chirurgical. Les indica-
tions chirurgicales restent essentielle-
ment limitées au cas où il existe une
fracture menaçant la statique ou
lorsqu'il existe une compression
médullaire avérée.
Le problème posé par cette observa-
tion était celui de la nécessité d'un
geste chirurgical en sachant que l'en-
vahissement de l'artère vertébrale était
un facteur limitant sur le plan de la
technique opératoire. Il est intéressant
de voir que les réponses apportées à
cette question sont finalement assez
homogènes et en accord avec l'état de
l'art.
Le nombre de moyens et de proposi-
tions est de 1,7 ce qui correspond à
une association thérapeutique chirur-
gie/traitement néoadjuvant. La radio-
thérapie est proposée dans 25 % des
cas. Une chirurgie palliative de stabili-
sation décompression, qu'elle soit
effectuée par voie antérieure ou posté-
rieure, est proposée dans 40 % des cas.
C'est effectivement l'attitude la plus
logique à adopter dans une telle situa-
tion. La chirurgie stabilisatrice permet
de fixer le rachis cervical, d'éviter sa
dégradation mécanique et neurologi-
que. La chirurgie décompressive per-
met aussi l’ablation immédiate des
éléments au contact de l'axe dural et la
récupération autant d'une atteinte neu-
rologique médullaire que radiculaire.
La place de la vertébroplastie comme
de la chirurgie radicale reste extrême-
ment limitée dans l'esprit de ceux qui
ont répondu à ce questionnaire.
Tumeur cervicale engainant racines
nerveuses et artère vertébrale.
L'extirpation de cette tumeur nécessite