constater que la présence et la
popularité des représentations
théâtrales font pencher en son
sens. Mais qu’en est-il des
romans ? Si la plupart d’entre nous
répondraient qu’ils sont destinés à
être adaptés en films, le théâtre
Athanor, lui, répond à cette
question avec audace. Et c’est ainsi
que l’œuvre de Voltaire, Candide
ou l’Optimisme se trouve à
l’affiche du théâtre rue Boris Vian
à M arseille depuis le 13 janvier. Il
ne s’agit pas à proprement parler
d’un roman, mais d’un conte
philosophique, un court récit
emprunt de merveilleux au service
d’un enseignement sur le monde
ou sur les Hommes. Quoi qu’il en
soit, le défi reste le même, l’œuvre
n’étant pas une pièce de théâtre.
Ce conte « pour grands » narre les
pérégrinations du jeune Candide,
dont le seul but est de retrouver sa
bien-aimée Cunégonde. Mais cette
histoire aussi loufoque que
sanglante n’est en fait qu’un
prétexte pour Voltaire qui ne
cherche qu’à mettre en pièce la
théorie de Leibniz : « Tout est au
mieux dans le meilleur des
mondes possibles. » Il s’agit donc
d’un pari osé dans lequel se lance
Noëlle Casta, responsable de la
mise en scène ainsi que bien sûr
les comédiens Didier Danviec,
Alice Dransfield, Hélène
Katsaras, Katiuska Landaeta,
Jacques Mandrea et Fiona
M edjahed.
« Une mise en scène n’est jamais
neutre. Toujours, il s’agit d’un
choix. » -Antoine Vitez.
L’intérêt de cette mise en scène
passe donc bien évidemment par le
souci de l’adaptation théâtrale ; on
peut se demander comment le
réalisateur s’y est pris pour mettre
en scène une œuvre en aucun cas
conçue pour une représentation
sur scène. Et c’est là qu’intervient
ce cher Antoine Vitez : le metteur
en scène doit faire des choix,
d’abord entre les scènes, les
dialogues et même les personnages
selon leur nombre. Ainsi, les
puristes remarqueront l’absence de
M artin, même si ce dernier fait
une brève apparition à la fin de la
pièce. Le spectateur pourra
également regretter l’absence du
passage plutôt comique de
Candide aux pays des Oreillons,
bien que ce ne soit certainement
pas la fantaisie qui manque à cette
adaptation pleine de vivacité et de
fraîcheur. En effet, l’humour
semble réellement être un choix
essentiel de la mise en scène : les
mimiques de la talentueuse
Katiuska Landaeta sont vraiment
surprenantes, les répliques
savoureuses et l’on se souviendra
de la posture amusante de la
Vieille, génialement interprétée par
Hélène Katsaras. Le fait d’alterner
les moments de narration entre
plusieurs personnages octroie
aussi à la pièce un rythme
particulier, plus vif ; le spectateur
ne s’attend par exemple pas à ce
qu’il s’agisse d’une sirène qui
raconte lors de la traversée en
bateau de Candide. Étonnamment,
cela contribue à tenir le spectateur
en haleine.
Ensuite viennent les choix
pratiques, tels que les costumes ou
le décor. Les décisions de Noëlle
Casta, même si elles sont bien
entendu contestables, semblent
vraiment animées du désir de
rendre la pièce la plus attrayante et
intéressante possible sans pour
autant oublier l’intention de
Voltaire : les scènes importantes