III – Un conte philosophique
A) Les artifices du langage
Dénonciation des apparences : il y a un décalage
entre les mots et les choses. Ce soupçon
apparaissait d’ailleurs déjà sur le nom du héros.
Il devient évident chez le baron où tout n’est
qu’illusion.
B) Dénonciation de la vanité de la noblesse
Cette noblesse cache derrière la rhétorique des
apparences un ridicule profond. Le terrible baron
n’est en fin de compte qu’un bouffon.
Plus grave, ils sont arc-boutés sur leurs privilèges,
leur caste
Quitte à mener une vie moralement douteuse.
C) La dénonciation de l’optimisme
Le contexte allemand et la philosophie optimiste
renvoient à la philosophie de Leibniz
Voltaire offre au philosophe un porte-parole
ridicule en la personne de Pangloss qui mélange
tout dans son discours.
Discours qui souffre d’une logique renversée qui
confond cause et conséquence et s’apparente de
près au sophisme.
Plus son discours avance et plus il se dégrade
d’ailleurs car il s’enfonce dans l’absurde
Et même dans la mauvaise foi.
« C’est, je crois, pour cette raison qu’on le nommait
Candide » : le lien nom/caractère est douteux.
Tous les chiens deviennent « une meute dans le
besoin »
« ses palefreniers étaient ses piqueurs »
« le vicaire du village était son grand aumônier »
Le rapport d’identité que crée le verbe être est ici
faussé. Tout est dans les mots, la réalité est bien
décevante.
« ils l’appelaient monseigneur » : le titre est trop
élevé pour un baron. Même logique, les mots qu’on
met sur les choses ne correspondent pas.
« Ils riaient quand ils faisaient des contes »
Les règles des généalogies sont ridiculisées par
l’hyperbole des 71 quartiers associée à la négation
déceptive « ne…que » comme si ce chiffre
immense n’était rien.
Comme l’attestent les ragots des domestiques et la
bâtardise de Candide.
Leibniz né en Allemagne à Leipzig. Voltaire
emprunte à sa Théodicée les expressions « meilleur
des mondes possibles » « raisons et causes »
« raison suffisante »
Son discours mélange détails vestimentaires
(lunettes et chausses) architecturaux (pierres et
châteaux) et alimentaires (porc). Ce porc arrive
d’ailleurs après un « et » qui semble annoncer la
conclusion d’un discours logique !
Nez faits pour les lunettes, jambes pour les chausses
C’est l’inverse !
Les pierres sont faites pour être taillées donc on fait
des châteaux (on attendrait « donc on les tailles »)
et donc Monseigneur a un château (aucun rapport)
Les porcs sont faits pour être mangés (!) donc on en
mange toute l’année : le porc est une viande bon
marché. La philosophie est un cache-misère.