Finalement Y(t) = P Z(t)et donc
y1(t)=(λ1+ 3λ2+λ2t)e2t
y2(t)=(λ1+ 4λ2+λ2t)e2t
Etude qualitative
On va maintenant donner une formule “g´en´erale” pour les
solutions de Y0(t) = AY (t)(et mˆeme de Y0(t) = AY (t) + B
avec Bun vecteur constant). En pratique, connaˆıtre cette for-
mule n’est pas plus efficace que connaˆıtre la m´ethode ci-dessus.
Par contre c’est utile pour faire une ´etude “qualitative” : par
exemple on va calculer la dimension de l’espace des solutions.
Pour n= 1 on sait tout r´esoudre grˆace `a l’exponentielle, et
l’outil dont nous avons besoin maintenant est l’exponentielle de
matrice.
Rappels sur l’exponentielle
Admettons que l’on ait d´efini l’exponentielle comme la
r´eciproque du logarithme (et le logarithme comme une primitive
de 1
x).
Depuis la formule de Taylor, on sait que, pour x∈R, on a
ex=
+∞
X
n=0
xn
n!= lim
N→+∞
N
X
n=0
xn
n!.
Pour un nombre complexe z, la seule d´efinition de son exponen-
tielle que l’on ait est
ez=
+∞
X
n=0
zn
n!.
Il faut bien alors d´emontrer que la limite existe pour s’assurer
que eza un sens : vous l’avez normalement fait en 1`ere ann´ee.
Au passage, c’est comme ¸ca que l’on donne une vraie d´efinition du
cosinus et du sinus : on pose cos(θ) = Re(eiθ )et sin(θ) = Im(eiθ ).
Exponentielle de matrice
Soit Aune matrice m×m. On pose
exp(A) = eA=
+∞
X
n=0
An
n!.
Il faut d´emontrer que la limite existe pour que ceci ait un sens.
Donnons l’id´ee dans le cas o`u Aest diagonalisable : comme on
a montr´e que toute matrice pouvait ˆetre approch´ee par des ma-
trices diagonalisables, ¸ca rend le r´esultat cr´edible (sans consti-
tuer une preuve compl`ete).
Si donc A=P−1DP avec D=diag(λ1, . . . , λm), on a
An=P−1diag(λn
1, . . . , λn
m)P, et
PN
n=0
An
n!=P−1PN
n=0
Dn
n!P
=P−1diag(PN
n=0
λn
1
n!,...,PN
n=0
λn
m
n!)P
Puisque l’exponentielle r´eelle (“normale”) converge, on voit que
cette derni`ere expression converge vers
P−1diag(eλ1, . . . , eλm)P=eA.
Voyons les propri´et´es de base :
Proposition 1. 1. exp(0) = Id (la matrice identit´e)
2. Si AB =BA (attention !), alors eA+B=eAeB.
3. Si A=P−1BP alors eA=P−1eBP.
4. Soit F(t) = etA, pour t∈R. Alors F0(t) = AF (t).
La propri´et´e (4) est bien sˆur celle qui nous int´eresse, du
point de vue des ´equations diff´erentielles. Pour “voir” pourquoi
¸ca fonctionne, autorisons nous `a traiter la somme infinie comme
une somme normale. On obtient :
d
dt (etA) = P∞
n=0
d
dt
tnAn
n!
=P∞
n=1 ntn−1An
n!
=AP∞
n=1 tn−1An−1
(n−1)!
=AetA .
Le th´eor`eme principal
Th´eor`eme 2. Les solutions de l’´equation diff´erentielle Y0(t) =
AY (t)sont les fonctions de la forme
Y(t) = etAC0,
o`u C0est un vecteur colonne n×1constant. Les solutions de
Y0(t) = AY (t) + Blorsque Aest inversible sont les fonctions
de la forme
Y(t) = etAC0−A−1B .
D´emonstration. C’est la mˆeme que pour n= 1 ! En effet, si Y
satisfait Y0(t) = AY (t), alors on regarde F(t) = e−tAY(t).
On d´erive, on voit que F0(t) = 0, donc Fest constante :
F(t) = C0, et c’est bon.
Pour la deuxi`eme partie, il s’agit juste d’observer que la
fonction constante t7→ −A−1Best solution particuli`ere.
Exemple. Reprenons l’exemple (1). Puisque tA =
P−1diag(7t, 5t)P, on a
etA =Pe7t0
0e5tP−1=2e7t11e5t
e7t5e5tP−1.
(Comme pr´ec´edemment, on n’a pas besoin de calculer P−1.)
On a donc Y(t) = etAC0=M(t)P−1C0, en notant M(t)la
matrice ci-dessus. En ´ecrivant P−1C0=λ1
λ2, on retrouve
bien le mˆeme r´esultat.
On observe au passage que, C0´etant un vecteur quelconque, le vec-
teur P−1C0peut lui aussi ˆetre n’importe quel ´el´ement de R2, et on peut
aussi bien travailler avec lui (donc avec λ1et λ2) plutˆot que de calcu-
ler P−1et de donner un nom aux coordonn´ees de C0.)
On constate avec amertume que cette nouvelle approche ne
simplifie pas du tout les calculs. Par contre, l’expression com-
pacte du th´eor`eme permet de faire des remarques qualitatives.
Faisons la plus simple de toutes :
Corollaire 3. L’espace vectoriel des solutions de Y0(t) = AY (t)
est de dimension n(o`u Aest de taille n×n).
D´emonstration. Soit Scet espace des solutions. L’application
lin´eaire Cn→Squi envoie C0sur la solution etAC0est un
isomorphisme. (Son inverse envoie une solution Ysur Y(0).)
Donc dim S= dim Cn=n.
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