4 mars 2013
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Croissance de l’activité économique à la fin 2012 : Les apparences sont parfois trompeuses…
Les comptes économiques du quatrième trimestre publiés par Statistique Canada
vendredi dernier confirment que l’activité économique a tourné au ralenti à la fin
2012, elle a enregistré une croissance de 0,6 % en variation trimestrielle
annualisée, exactement comme s’attendaient les participants au marché. Bien
qu’elle ait été stimulée surtout par la consommation des ménages (encore!), les
autres composantes majeures du PIB ont toutes contribué positivement, quoique
mollement, à la croissance (voir graphique), à l’exception des stocks des
entreprises, dont l’accumulation a été beaucoup moins importante au dernier
trimestre, ce qui n’est d’ailleurs pas une mauvaise nouvelle en soi. Au troisième
trimestre, l’économie avait crû de 0,7 %, mais cette croissance reposait
uniquement sur les ménages et l’accumulation de stocks.
Il reste qu’une demande aussi forte provenant des ménages durant le quatrième
trimestre nous laisse bouche bée, surtout que ceux-ci n’ont pas augmenté leurs
transactions auprès des détaillants. Alors, d’où vient cette résilience des dépenses
de consommation? Les Canadiens paraissaient épuisés, mais ils ont sans doute
plus d’endurance qu’on le pense. En fait, face à la faible croissance de leur revenu disponible en deux ans (1,3 %), ils ont dû réduire leur
épargne et accroître leur crédit pour justifier une telle augmentation de leurs dépenses. Leur taux d’épargne ayant diminué à 4,8 % alors que
la croissance du crédit est demeurée positive et s’est même accélérée en décembre. Ainsi, au risque de nous répéter, cette vigueur des
dépenses de la consommation n’est pas soutenable. En plus, cela repousse le
moment où les ménages amorceront significativement leur processus de
désendettement et augmente alors le risque d’un choc plus puissant sur l’économie
réelle lorsque ce moment viendra.
Pour leur part, les gouvernements et les entreprises ont également donné une plus
grande poussée à l’activité économique au quatrième trimestre. Ainsi, la croissance
de la demande intérieure finale s’est soldée à 2,7 %, une bonne accélération par
rapport au troisième trimestre. Cet élan des investissements des entreprises
essentiellement en bâtiments non résidentiel et des gouvernements est en soi une
bonne nouvelle. Toutefois, cela devrait difficilement se reproduire en 2013. En fait,
les intentions des investissements des entreprises du secteur public et privé
sondées par Statistique Canada signalent un ralentissement de la croissance des
dépenses courantes en immobilisations, construction et matériel en 2013. À 1,7 %,
c’est le rythme le plus faible depuis la dernière récession à la suite d’une forte progression de 7,2 % en 2012. En fait, l’apport du secteur privé
à la croissance des investissements totaux sera quasi nul. Plus précisément, les entreprises œuvrant dans les deux plus importants secteurs
en termes de valeur des dépenses de capital, représentant près de 50 %, l'extraction minière, pétrolière et de gazière et le logement, ne
prévoient pas accroître leur investissement en 2013 et même le réduire. Notamment, les entreprises œuvrant dans le secteur minier
anticipent une contraction de 20 % de leurs investissements cette année. Évidemment, le déclin du prix de matières premières l’année
dernière a été suivi d’un manque d’intérêt marquant des investisseurs dans ce secteur. Bien que ce secteur soit hautement cyclique, un
rebond est difficilement envisageable cette année, puisque le prix des matières premières devrait continuer d’être freiné par un pessimisme
mondial. Enfin, il y a tout de même quelques signes positifs dans cette enquête. Dans le secteur des services, généralement peu dépensier
en capital, des intentions d’investissement affichant une bonne progression – 5 %, excluant l’administration publique – signalent que les
entreprises ont confiance en une demande future soutenue particulièrement dans le commerce de gros, le transport et l’entreposage et la
finance et assurances.
2.5
-0.7
-2.3
-0.4
-0.2
0.0
1.5
0.7
-2.6
0.3
0.4
0.6
0.1
0.5
1.5
0.6
-3-2-10123
Stocks
Importations
Exportations
Dépenses gouvernementales
Construction résidentielle
Investissement des entreprises
Consommation des ménages
PIB réel
Contribution à la var. en % du PIB réel
2012T4
2012T3
Source: Statistique Canada, VMBL Recherche économique
-9
-7
-5
-3
-1
1
3
5
7
2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
PIB réel canadien
(croissance trimestrielle annualisée)
PIB réel Demande intérieure finale
Source: Statistique Canada, Recherche économique VMBL