29 octobre 2010 Économie : Le Canada ne devrait plus surperformer les États-Unis Économie nord-américaine PIB réel aux États-Unis (2004=100) PIB réel au Canada (2004=100) 110 110 108 108 106 106 104 104 102 102 Deux indicateurs économiques retiennent notre attention ce matin : Le PIB réel canadien pour le mois d'août et le PIB réel américain pour le troisième trimestre. À la suite d’un rare faux pas en juillet (-0,1 % m/m) en raison de l'introduction de la taxe de vente harmonisée, l'activité économique canadienne a rebondi de 0,3 % au mois d'août. La plupart des industries ont bien performé, avec les secteurs manufacturier, de l'énergie, et minier en tête de liste du côté des biens; et les secteurs financier, du commerce de gros et du commerce de détail du côté des services. Le PIB réel canadien est donc de retour à son niveau d'avant-récession il y a deux ans. Toutefois, un simple coup d'œil est suffisant pour se rendre compte que la performance a été hétérogène : par exemple, l'activité dans le secteur des services est 2,6 % supérieure qu'avant la récession alors que l'activité dans le secteur des biens affiche encore un manque à gagner de 5,4 %. Notre secteur manufacturier traîne particulièrement de la patte puisqu'il est à la merci d'un huard fort et d’une demande américaine 05 06 07 08 09 10 modeste. À propos, la croissance du PIB réel au sud de la frontière Sources: Bureau of Economic Analysis, Statistics Canada /Haver Analytics en 10T3 (2,0 % t/t annualisé) a été semblable à celle du trimestre précédent (1,7 %). Les ménages américains ont dépensé beaucoup plus qu'avant pour des biens de consommation durables en pigeant notamment dans leur épargne. En contrepartie, ils ont moins dépensé en logement. Les entreprises ont aussi poursuivi sur leur lancée avec davantage de dépenses en investissement, bien qu'elles demeurent encore inférieures aujourd'hui qu'avant la récession. Les États-Unis ont encore du chemin à faire pour bien capitaliser sur l’expansion dans le reste du monde puisque les exportations ont à peine progressé de 5 %. Les dépenses gouvernementales ont soutenu la croissance probablement pour une dernière fois en 10T3, puisque les mesures de relance de Washington prennent fin. 100 100 Si le niveau d'activité économique au Canada est le même qu'avant la récession de 2008-09, nos voisins américains ne peuvent en dire autant : l'activité économique demeure 0,7 % inférieure à ce qu'elle était. La première phase de la reprise a donc été faste chez nous, alors qu'elle a été plus faible que de coutume aux États-Unis – faute de la crise financière. Or, quelle sera la suite des choses? Compte tenu de l'accroissement du niveau d'endettement des ménages canadiens, il est fort envisageable que les secteurs liés aux dépenses comme la construction résidentielle et le commerce de détail connaissent une croissance plus modérée à l'avenir. La croissance provenant des pays émergents continuera de stimuler les secteurs minier, gazier, et pétrolier. Pour sa part, le secteur de la construction non résidentielle pourrait écoper de la fin des plans de relance de différents gouvernements au pays. Finalement, le secteur du transport et du commerce de gros pourrait bénéficier des intentions vigoureuses des entreprises canadiennes en investissement de machines et matériel. En fin de compte, les données de ce matin ne changent pas notre perception des choses. Bien qu'il n'y ait pas de rechute comme les plus pessimistes le craignaient, la situation américaine demeure inacceptable. La croissance est trop faible pour réduire le chômage et créer de l'inflation. La Fed se doit de ressortir la machine à imprimer des dollars américains pour acheter des obligations dès la semaine prochaine pour s'assurer que le secteur privé participe davantage à la deuxième phrase de la reprise. Si nous prévoyons que la croissance américaine s’atténuera à 2,3 % en 2011 après avoir atteint 2,7 % cette année, le Canada doit inévitablement suivre dans la même direction. Recherche Économique VMBL anticipe que la croissance du PIB réel au pays ralentira de 3,0 % en 2010 à 2,4 % l'an prochain. En d'autres mots, le Canada ne devrait plus surperformer les États-Unis comme ce fut le cas depuis quelques années. Dans un tel contexte, la Banque du Canada risque bien de maintenir le taux directeur à 1,00 % au moins jusqu'à ce que la neige de l'hiver prochain soit fondue. Sébastien Lavoie, Économiste en chef adjoint Le présent document est publié à titre d’information seulement. 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