8 mars 2012
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Taux directeur des banques centrales
Réserve fédérale américaine
Banque du Canada
Banque centrale européenne
111009080706050403020100
Sources: BoC, FRB, ECB /Haver
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Une hausse des taux de la Banque du Canada? Oui, mais pas tout de suite
C’est sans surprise que la Banque du Canada a laissé son taux directeur
inchangé à 1,00 % ce matin, pour une douzième fois consécutive. En ce qui a
trait au message envoyé par le gouverneur Carney et son équipe, il contient
un climat d’amélioration sur le plan économique et financier mondial, mais
contient également une dose de prudence pour la suite des choses. Dans
l’ensemble, notre lecture du communiqué est la suivante : même si la Banque
du Canada n’est pas encore tout à fait prête à signaler clairement une hausse
du taux directeur, elle se rapproche peu à peu de cette éventualité.
D’entrée de jeu dans le communiqué, il est mention de l'amélioration récente
des conditions économiques aux États-Unis et de l’apaisement des tensions
financières dans la zone euro – suite aux opérations de refinancement à long
terme de la Banque centrale européenne. Un contexte mondial moins
défavorable est bien entendu une bonne nouvelle pour notre petite économie
ouverte : « les perspectives de l’économie canadienne se sont légèrement
améliorées par rapport à celles présentées dans le RPM de janvier ». Par conséquent, les capacités de production inutilisées seront
moindres que prévues et l’inflation supérieure aux attentes pour 2012. Il s’agit de l’élément clé du communiqué : celui-ci implique que le
prochain mouvement du taux directeur de la part de la Banque du Canada pourrait survenir bien avant (fin 2012/début 2013) la fin de 2013
comme les économistes et participants du marché prétendent.
En même temps, ne sautons pas aux conclusions trop rapidement. Les développements encourageants sur la scène canadienne et
internationale sont nettement insuffisants pour signaler des hausses de taux dans un avenir rapproché, i.e. ce printemps ou cet été. Après
tout, les perspectives économiques mondiales ne sont pas encore assez reluisantes : « on s’attend toujours à ce que l’économie mondiale
progresse à un taux inférieur à son taux tendanciel, alors que le processus de réduction des leviers d’endettement se poursuit dans les
économies avancées » nous rappelle la banque centrale. Qui plus est, la « prime de risque sur le pétrole » provenant des tensions entre l’Iran
et l’Occident pourraient venir brouiller les cartes si elle perdure.
Somme toute, le contexte économique et financier à l’échelle mondiale criblée d’incertitudes ne s’avère pas encore assez sain pour que le
processus de normalisation des taux commence dès maintenant. Dans le doute, vaut mieux s’abstenir dit-on. Toutefois, appliquer sans
cesse ce vieil adage à la politique monétaire canadienne pourrait éventuellement faire plus de mal que de bien: puisque la période
prolongée d’incertitudes se poursuit, la période prolongée de taux exceptionnellement bas continue aussi. La Banque du Canada nous fait
d’ailleurs encore part de son inquiétude à ce sujet dans son communiqué: « on s’attend maintenant à ce que la demande privée soit
légèrement plus forte que projetée, grâce au raffermissement de la confiance et aux conditions financières très avantageuses. Les dépenses
des ménages canadiens devraient rester élevées par rapport au PIB, alors que l’endettement de ceux-ci continue de s’accroître, ce qui
demeure le principal risque interne ».
Le gouverneur Carney a soulevé ce point lors d’un discours le 24 février dernier. Le danger est que des taux d’intérêt très bas puissent à la
longue « embrouiller l’évaluation des risques financiers, provoquer une quête de rendement et retarder les ajustements des bilans des
banques, des entreprises et des ménages ». En autres, la Banque du Canada a soulevé à maintes reprises dans le passé que la capacité
de certains ménages à rembourser leurs dettes serait contrainte par un niveau d’endettement élevé (dans l’éventualité que la situation
économique tournerait au vinaigre). La bonne nouvelle, c’est que la Banque du Canada a les moyens de ses ambitions : elle pourrait
(devrait?) « dans des circonstances exceptionnelles », relever légèrement les taux pour favoriser la stabilité financière.
Somme toute, les dirigeants de la Banque du Canada ne sont pas sur l'autopilote même si le taux directeur est encore une fois demeuré
inchangé aujourd’hui. D’ailleurs, la Banque du Canada a intégré « une réduction progressive de la détente monétaire » dans son Rapport
sur la politique monétaire de janvier. Les participants du marché, ménages et emprunteurs devraient eux aussi rester aux aguets en se
disant que le taux directeur ne demeurera pas à 1,00 % ad vitam æternam.
Sébastien Lavoie, Économiste en chef adjoint