Les facteurs travail et capital sources de croissance économique

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Examen : Bac ES
Epreuve : Sciences Economiques et Sociales
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RAPPEL DU SUJET
SUJET DE DISSERTATION S'APPUYANT SUR UN DOSSIER DOCUMENTAIRE :
Les facteurs travail et capital sont-ils les seules sources de la croissance économique ?
Il est demandé au candidat :
de répondre à la question posée par le sujet ;
de construire une argumentation à partir d'une problématique qu'il devra élaborer ;
● de mobiliser des connaissances et des informations pertinentes pour traiter le sujet, notamment celles figurant dans le
●
●
dossier ;
● de rédiger en utilisant le vocabulaire économique et social spécifique et approprié à la question, en organisant le
développement sous la forme d'un plan cohérent qui ménage l'équilibre des parties
Il sera tenu compte, dans la notation, de la clarté de l'expression et du soin apporté à la présentation.
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LE CORRIGÉ
I. Analyse du sujet
Les notions abordées et le repérage dans le programme : le sujet aborde la croissance économique et le rôle qu’y jouent
le travail, le capital technique et leur combinaison ainsi que d’autres sources que vous devez déterminer. Le progrès
technique est l’élément « caché » que vous devez analyser en interrogeant ses impacts quantitatifs et qualitatifs sur
l’augmentation durable de la production.
Les principales notions à traiter renvoient précisément à la première sous-partie de la partie I du programme intitulée
« Quelles sont les sources de la croissance économique ? ». Cette sous-partie traite en particulier du « lien entre la
productivité globale des facteurs et le progrès technique » et aborde la notion de « croissance endogène » en insistant
sur le rôle de « l’accumulation du capital, sous ses différentes formes (physique, technologique et immatériel, humain et
public) » dans « l’entretien de la croissance ».
Ce thème est classique et tout à fait d'actualité compte tenu de la faiblesse durable de la croissance en France comme
dans l’ensemble des pays de l’Union européenne. Les documents sont essentiellement factuels. Ils sont assez aisément
utilisables et ne présentent pas de difficultés particulières.
Attention, vous devez éviter les pièges suivants :
●
la croissance est un phénomène durable et donc structurel qu’il ne faut pas confondre avec l’expansion qui est une
évolution conjoncturelle,
●
il ne faut pas seulement aborder les autres sources de la croissance que les facteurs travail et capital, mais montrer
comment ces deux facteurs impactent la croissance économique en insistant sur le rôle du progrès technique.
II. La problématique
Le libellé vous guide pour rédiger la problématique. On vous demande d’analyser la multiplicité des sources de
l’augmentation de la production et la complémentarité entre les deux facteurs de production « traditionnels » (travail et
capital) et les autres sources de croissance qu’il vous appartient de préciser.
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III. Les attendus pour ce devoir
a. Les connaissances utiles :
Pour traiter correctement ce sujet, certaines connaissances sont attendues par les concepteurs du sujet et les
correcteurs de votre copie. Il s’agit d’éléments (définitions, faits d’actualité, théories, mécanismes économiques…)
acquis en principe en cours ou dans vos lectures et qui serviront à évaluer votre copie. En voici un aperçu (non
exhaustif) :
●
définition de la croissance économique et de son mode de calcul au moyen du PIB,
●
différences entre croissances réelle et nominale, observée et potentielle,
●
distinction entre croissances extensive et intensive,
●
définition des facteurs de production et de leur combinaison,
●
contenu du capital technique et diversité des investissements,
●
définitions et mesure de la productivité globale des facteurs de production,
●
rôle du progrès technique et des investissements en R&D dans la croissance,
●
notion de croissance endogène,
●
rôle de l’Etat dans l’incitation à la R&D et la protection des innovateurs,
●
connaissance de quelques outils statistiques de base (croissance annuelle moyenne, variation en volume,
variation en indices).
b. Quelques repères pour bien traiter les documents :
Doc. 1
Ce document compare la variation de différents indicateurs dans cinq pays de l’OCDE sur une durée de 23 ans. Les
variations sont évaluées en rythme annuel moyen (en lissant les phénomènes conjoncturels) et en volume (donc à prix
constant). La dernière colonne présente le rythme annuel moyen de la croissance (mesurée par les variations du PIB).
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Les colonnes 2, 3 et 4 indiquent la contribution à la croissance économique des facteurs travail et capital en isolant les
TIC, elles donnent une estimation de la croissance extensive. La colonne 5 présente les variations de la productivité
globale des facteurs et évalue ainsi la croissance intensive.
On distingue deux situations du point de vue des sources de la croissance : le Japon, l’Allemagne et la France ont une
croissance essentiellement intensive qui ne s’appuie pas du tout sur une croissance du facteur travail (il diminue au
Japon et en Allemagne et stagne en France) ; le Canada et les Etats-Unis connaissent au contraire une croissance
principalement extensive qui est notamment liée à une hausse assez soutenue du facteur travail (ce qui explique aussi
des taux de chômage inférieurs).
Il faut enfin noter que la part des TIC dans l’augmentation du capital technique et dans la croissance économique est
plus forte aux Etats-Unis, au Canada et au Japon que dans les deux pays européens.
Doc. 2
Ce document présente la part des dépenses intérieures de R&D dans le PIB des pays de l’OCDE et de l’UE, en
détaillant le cas de 5 pays de l’UE et de 3 autres pays dont un pays émergent en 2008 et en 2009. On a ainsi un aperçu
de la part de la richesse créée dans l’année qui a été consacrée aux investissements en R&D (qui sont financés pour
partie par les entreprises et pour partie par l’Etat).
Un examen rapide permet de constater une stabilité (ou une très faible tendance à la hausse) entre les deux années, il
est donc inutile de détailler ces variations qui se limitent en outre à du très court terme.
Quelle que soit l’année observée, on constate que l’UE a une part significativement inférieure à la moyenne des pays de
l’OCDE même si la Finlande et la Suède sont nettement au-dessus de la moyenne de l’UE alors que le Royaume-Uni et
la France tirent cette moyenne vers le bas.
Aux Etats-Unis et plus encore au Japon et en Corée du Sud, ces dépenses supérieures à la moyenne de l’OCDE sont
donc des sources de croissance plus importantes.
Doc. 3
Ce document présente la variation de la productivité globale des facteurs en France sur un peu plus de 30 ans en
prenant 1978 comme année de référence (indice 100).
Sur la totalité de la période, cette productivité s’est accrue de plus de 50%, de façon assez régulière malgré un
décrochement entre 2007 et 2009 (au moment de la récession qui a suivi la crise financière née aux Etats-Unis).
Comme on l’avait noté sur le document 1, la productivité a constitué entre 1985 et 2008 une source importante de la
croissance économique française.
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Doc. 4
Ce document présente les extraits d’un texte de loi (en France) figurant au Code de la propriété industrielle. Cette loi
permet de protéger les inventeurs au moyen d’un dépôt de brevet en sanctionnant les imitateurs et contrefacteurs se
comportant en « passagers clandestins » ( free riders ) qui entendent bénéficier des bienfaits des découvertes et des
innovations sans avoir à en supporter les coûts de R&D.
En agissant ainsi, l’Etat entend donc favoriser les entreprises prêtes à investir en R&D en les protégeant de la
concurrence déloyale des suiveurs. Si aucun entrepreneur privé ne dépense en R&D, cela prive l’économie nationale
d’une importante source de croissance économique ou limite ses importants investissements aux seules dépenses
publiques.
IV. Un traitement possible du sujet :
Introduction :
A l’heure où la croissance est faible en Europe et singulièrement en France, il est utile de s’interroger sur les sources de
cette croissance dont dépendent en grande partie la reprise de l’emploi et le rééquilibrage des budgets publics.
La croissance économique se définit comme l’augmentation durable de la production des biens et services marchands
et non marchands. Elle est habituellement mesurée par l’évolution du PIB, que l’on calcule en volume pour connaître la
croissance réelle. On constate que la croissance ainsi observée est souvent inférieure à la croissance potentielle qu’une
économie nationale devrait atteindre compte tenu de ses ressources en travail et en capital.
Il convient donc de se demander quels facteurs rendent la croissance économique possible et durable. Après avoir
montré comment le travail et le capital contribuent à la croissance économique, nous traiterons de la place que prend le
progrès technique et de l’impact de la demande, comme moteurs nécessaires de la croissance.
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A.
LA CROISSANCE ECONOMIQUE EST ISSUE DES VARIATIONS DU VOLUME ET DE L’EFFICACITE
DES FACTEURS DE PRODUCTION
1. La croissance économique extensive résulte de l’augmentation des quantités de travail et de capital mis
en œuvre
●
Le travail au cœur de la production et de la croissance (cf. USA dans le doc 1)
●
Les différentes composantes du capital technique et leur rôle dans la production et dans la croissance (cf. Canada,
doc 1)
●
L’accroissement des inputs, le travail (lié à la démographie et aux comportements mesurés par les taux d’activité
par âge et par genre) et le capital technique (lié aux investissements matériels/immatériels), alimente la croissance
extensive (cf. Canada, doc 1)
2. La croissance économique intensive provient d’un accroissement de l’efficacité de la combinaison des
facteurs de production
●
La productivité globale des facteurs et sa variation constituent une source de la croissance intensive (cf. Japon, doc
1)
●
Ces gains de productivité tiennent à l’intensification du travail et à la modernisation du capital technique
●
Ces gains peuvent aussi provenir d’une substitution entre travail et capital (cf. Japon et Allemagne, doc 1)
3. Selon les périodes et selon les pays, les parts de croissance intensive et extensive sont variables
●
Les sources de la croissance varient dans le temps (croissance extensive au cœur de la 1ère Révolution industrielle
avec l’essor du salariat et le développement de la production industrielle mécanisée ; croissance intensive devenue
de plus en plus essentielle avec l’organisation du travail, la montée des qualifications et les innovations techniques)
●
Dans la période contemporaine, les moteurs de la croissance divergent entre les pays (contraste entre Japon,
Allemagne, France et Etats-Unis, Canada, doc 1 et 3).
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B.
LA CROISSANCE ECONOMIQUE EST ALIMENTEE PAR LE PROGRES TECHNIQUE QUI
PERMET DE DEPASSER LES LIMITES DES RESSOURCES DISPONIBLES ET LE NIVEAU DE LA
DEMANDE
1. La contribution du progrès technique à la croissance souligne le rôle essentiel de l’innovation
et des investissements en R&D auxquels on doit ajouter la formation de la main-d’œuvre
●
La croissance se heurte aux limites des ressources disponibles en facteurs de production et de leur substituabilité
possible
●
Les calculs confirment l’existence d’un « résidu » de croissance (au-delà du rôle du travail et du capital) que les
économistes affectent au progrès technique
●
Longtemps considéré comme exogène à l’économie, le progrès technique analysé comme endogène par les
tenants de la « croissance endogène » qui montrent l’impact de différents agents économiques privés et publics
dont les investissements en R&D jouent un rôle de soutien ou de relance de la croissance
2. Les innovations permettent d’alimenter la durabilité de la croissance économique à travers
leurs effets d’entraînement et leurs externalités
●
Le rôle des innovateurs est essentiel en alimentant notamment les dépenses de R&D qui constituent une source de
croissance par effets d’entraînement (exemple des TIC, doc 1)
●
L’Etat joue un rôle en finançant lui-même une partie de ces dépenses et en favorisant les innovateurs par des
mesures réglementaires (cf. brevets, doc 4) ou fiscales et au moyen de politiques innovantes (par exemple en
favorisant la transition écologique)
●
Le progrès technique génère de la croissance en générant une « destruction créatrice » (Schumpeter) et en
favorisant des externalités positives (gains de productivité, imitations du côté de l’offre, incitations du côté de la
demande)
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3. La croissance dépend aussi des débouchés qui permettent de vendre les biens et services fabriqués et
de solvabiliser la production
●
Les sources de la croissance ne se trouvent pas seulement du côté de l’offre, les débouchés jouent aussi un rôle
pour inciter les producteurs à accroître leur production et leur permettre d’en financer l’accroissement
●
L’existence d’une demande solvable sur les différents marchés nationaux et mondiaux constitue une autre source
de la croissance
●
La consommation des ménages sur le marché domestique et les exportations dans le contexte de la mondialisation
et du marché unique européen sont d’importants moteurs de la croissance économique (faiblesse actuelle de la
France en la matière)
Conclusion
La croissance économique a des sources multiples et variables qui forment des mécanismes complexes qui expliquent
pourquoi la croissance observée est rarement égale à la croissance potentielle. Nous avons constaté que si la
combinaison entre travail et capital mise en œuvre dans les unités de production est au cœur de la croissance, celle-ci
dépend aussi fortement du progrès technique et des décisions des acteurs privés et publics qui y contribuent notamment
par leurs dépenses en R&D. Relancer la croissance comme cherchent à le faire les pouvoirs publics français est donc
une opération d’autant plus complexe que les variations de la demande intérieure et extérieure ont aussi un impact
important. Cette diversité des sources de la croissance conduit aussi à comprendre que la richesse de la croissance en
emplois varie et que la lutte contre le chômage, priorité nationale française, ne peut sans doute pas se limiter à obtenir
de la croissance sans interroger son contenu et sans prendre en compte ses externalités négatives.
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V. Les « plus »
Dans la copie, il est possible d’ajouter des éléments qui, sans être absolument indispensables, permettent de valoriser
votre travail. Ce sont des « plus » dans votre copie. En voici quelques-uns :
●
les limites des indicateurs de la croissance (le PIB notamment)
●
le fonctionnement des marchés plus ou moins favorable à la croissance (marché du travail par exemple)
●
le rôle des institutions (règles, contraintes)
●
les facteurs socioculturels et psychosociaux plus ou moins favorables à la croissance
Attention ! Ces éléments sont importants dans l’évaluation mais compte aussi la pertinence du plan que vous
proposez, votre capacité d’analyse des documents et la qualité de votre expression (style et orthographe).
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