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Examen : Bac ES
Epreuve : Philosophie
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Il faut donc interroger, d’une part, la valeur de cette hiérarchie, qui accorde à la science un statut
privilégié parce qu’elle serait dotée d’une utilité supérieure, et d’autre part, questionner cette opposition
entre art et science, qui récuse l’idée que l’art pourrait lui aussi accroître nos connaissances. Il faut aussi
se demander si, étant donné leurs différences essentielles, l’art et la science ne pourraient pas, chacun à
sa manière, combler des attentes qui, pour être différentes, n’en seraient pas moins indispensables à
l’existence humaine.
LA PROBLEMATIQUE
Le problème que soulève ce sujet est donc celui de la fonction et du sens de l’art et de la science.
Pour savoir si l’un(e) est moins nécessaire que l’autre, il faut d’abord examiner leurs finalités respectives :
quelle(s) fin(s) visent l’art et la science ? Ces fins sont-elles divergentes, complémentaires,
hiérarchisables comme semble le suggérer le sujet ? Et selon quels critères ?
Peut-on dire que ce qui vise une fin, établie de l’extérieur de surcroît, est plus utile que ce qui est à
soi- même sa propre fin ? De ce point de vue, l’activité artistique et l’activité scientifique ne se recoupent-
elles pas dans la mesure où le savant est l’artiste fixent les règles de leurs activités ?
N’est-ce pas d’ailleurs pour cette raison que science et art sont tous deux, chacun selon sa propre
mesure, nécessaires à l’humanité ?
LA BOÎTE A OUTIL
Kant analyse la distinction entre art et science dans le § 43 de la Critique de la faculté de juger :
l’art comme savoir-faire est différent du savoir ; l’œuvre n’existe pas en théorie mais en pratique. Il
distingue aussi le beau de l’utile : l’art, en effet, est une activité qui est à elle-même sa propre fin, c’est
pourquoi on le qualifie de «libéral», alors que l’artisanat est une activité mercantile. Il y a une gratuité de
la création artistique qui ne répond à aucun besoin utilitaire particulier : en cela réside tout son intérêt, il
est comparable à un jeu qui permet l’investissement libre de l’artiste comme du spectateur.
Nietzsche montre, au contraire, que comme les autres activités humaines - et donc comme la
science - la création artistique est intéressée dans la mesure où elle répond toujours à des motivations :
l'art peut embellir la vie et rendre ainsi l’existence supportable. En ce sens, il n’est pas moins utile que la
science, qui, tout aussi fictive que l’art, nous permet d'avoir prise sur la réalité (voir Par-delà le bien et le
mal).