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●Pour remettre en question l’assimilation entre choix et liberté, on peut s’interroger sur l’expérience familière de la
consommation : on a vu que le problème tient à ce que le choix vient de l’extérieur, sans qu’on ait toujours le loisir de se
demander ce que l’on veut. La société de consommation offre le choix, avant même que la volonté du sujet puisse se
déterminer. Ainsi c’est l’offre qui crée le désir, et non la volonté qui détermine son objet : on nous propose des biens de
consommation comme désirables, et nous les désirons. Il y a là une inversion : je désire ce qu’on me propose, et non
l’inverse. Et cela s’oppose à un modèle de la liberté dans lequel l’homme serait maître de lui-même. On pourrait alors
penser à exploiter la référence à Epicure, pour montrer comment la profusion du choix nous entraine dans une infinité de
désirs qui s’oppose à la liberté bien conçue.
●A partir de là on peut montrer, avec Epicure toujours, qu’avoir le choix n’est pas une condition suffisante pour être libre :
il faut encore que le choix soit ensuite opéré par la volonté (et non le désir) et en fonction de ce qui est effectivement bon
pour soi-même. En effet : être libre suppose de renoncer à certains désirs, et non de multiplier les possibles à l’infini.
●Une autre possibilité serait d’analyser précisément les situations dans lesquelles les choix à faire sont imposés au sujet,
sans lui convenir : plusieurs exemples sont possibles. Celui de la démocratie peut être intéressant : avoir le choix entre
plusieurs partis politiques est une des conditions de la liberté démocratique, mais qui ne suffit pas si les citoyens ne sont
pas aussi acteurs de la vie politique. La référence à Tocqueville peut ici être utile pour montrer comment la démocratique
instaure une liberté illusoire, parce qu’elle réduit les citoyens à une passivité consommatrice.
●La question alors est de savoir quelles sont les conditions de la liberté au-delà du simple fait d’avoir le choix. La
distinction entre « avoir le choix » et choisir est utile ici : la liberté se situerait moins dans le fait d’avoir le choix que dans
l’acte de choisir, et dans la manière dont on aborde le choix. On peut penser à Sartre et à ce qu’il dit de la liberté : être
libre pour Sartre c’est choisir. Or, il explique que l’on choisit toujours, même quand on a le sentiment de ne pas avoir le
choix. Cela permet de remettre en cause les termes mêmes du sujet, et de revenir sur une évidence discutable.
Quand on a le sentiment de ne pas avoir le choix (d’être contraint par exemple, ou d’être déterminé), c’est pour Sartre de
la mauvaise foi : quelle que soit la situation dans laquelle on se trouve, l’attitude qu’on a par rapport à cette situation (un
choix à faire, une décision à prendre, ou même un événement que l’on subit) est toujours un choix qui se révèle.
Prétendre qu’on n’avait pas le choix et donc qu’on n’était pas libre, c’est refuser de reconnaître que la situation dans
laquelle nous sommes nous incombe. La liberté ne consiste donc pas à avoir le choix de ce que nous vivons, mais à agir
dans la situation qui est la nôtre. Je suis libre non pas avant de choisir (quand j’ai le choix, et que j’hésite entre deux
partis à prendre) mais quand je m’engage dans une attitude, quelle qu’elle soit : refuser de choisir c’est encore choisir !
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corrigé bac 2014
Examen : Bac ES
Epreuve : Philosophie
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