Corrigé du contrôle n°1 Question sur corpus

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SSCC Kfarhbab-Ghazir
Classe de 1re L
Corrigé du contrôle n°1
Question sur corpus
Les textes proposés dans le corpus se rattachent à l’objet d’étude : « théâtre : texte et
représentation » et datent du XIXème siècle pour le premier qui est extrait de Ruy Blas de
Hugo et du XXème siècle pour les deux autres, Caligula de Camus et Le Roi se meurt de
Ionesco. Chacun des personnages est confronté à la mort mais nous verrons quelles sont
les variations autour de ce thème.
Ruy Blas, Caligula et Bérenger Ier sont montrés à un moment particulièrement
tragique de leur existence puisque nous les découvrons soit en train d’expirer, soit en
train d’être assassiné, soit pour le dernier en train de se débattre pathétiquement contre
la mort. Le premier extrait met en scène les derniers instants de vie de Ruy Blas.
L’affirmation dramatique « je meurs » au v. 20 ne laisse aucun doute sur l’issue fatale.
Dans le texte 2, l’empereur Caligula est lui aussi confronté à la mort et nous est montré
expirant sur scène « dans un dernier hoquet ». Dans ces deux textes, il s’agit d’un
dénouement tragique, la pièce se terminant avec la mort du protagoniste. Dans la pièce de
Ionesco, le roi Bérenger Ier ne meurt pas mais se débat tragiquement avec l’idée de la
mort comme l’affirme le leitmotiv « je vais mourir ».
Si chaque personnage est confronté à la mort, aucun d’eux ne réagit de la même
façon. Ruy Blas meurt en héros romantique. Il s’empoisonne pour sauver la reine et ce
sacrifice lui est un bonheur comme l’indiquent l’antithèse au v.8 : « C’est du poison mais
j’ai la joie au cœur » et l’assertion au v. 20 : « Tout restera secret. » L’injonction à la Reine :
« Fuyez d’ici » v. 19 atteste de sa volonté de sauver celle qu’il aime. La Reine qui assiste à
cette mort tragique exprime son déchirement à travers une accumulation de phrases
interrogatives et exclamatives (v.1 à 10), des gestes de tendresse et de désespoir notés
dans les didascalies : « l’entourant de ses bras », « la reine la soutient dans ses bras ». La
dernière didascalie « se jetant sur son corps » confirme l’extrême désespoir de celle-ci.
Dans le texte 2, Caligula évolue dans sa confrontation avec la mort. La première didascalie
« il tourne sur lui-même, hagard » ainsi que ses exclamations « Des bruits d’armes ! (l. 1)
et la déclaration « J’ai peur » (l.2) nous le montrent comme un personnage fragile, égal à
tous devant la mort. La fragilité se transforme en folie qui s’exprime avec des gestes
violents à l’égard de son image reflétée par le miroir : « lance son siège à toute volée » (l.
23-24). Son fidèle confident Hélicon ne peut rien pour lui, le destin à travers l’image de
« la main invisible » (l. 21) fait son œuvre. Lorsqu’apparaissent les conjurés, Caligula « fait
face » (l. 26) à la mort et va même jusqu’à la défier avec cette ultime réplique : « Je suis
encore vivant ! ». Comme Ruy Blas, il ne peut sortir vivant de ses erreurs passées. Le roi
Bérenger, comme Caligula, clame sa peur de la mort d’une façon particulièrement
pathétique : « au secours » (l. 14), « j’ai peur » (l. 25). Le spectateur comprend aisément la
détresse du personnage. Par contre, la réaction de l’entourage du roi est particulièrement
cruelle. La remontrance du médecin et sa litanie d’exemples : « Majesté, songez à la mort
de Louis XVI, à celle de Philippe II, à celle de Charles Quint qui a dormi vingt ans dans son
cercueil. Le devoir de Votre Majesté est de mourir dignement » placent la mort du côté de
la banalité, des choses faciles à accepter, des choses qu’il faut accepter sereinement. La
métaphore de Marguerite « c’est un porc qu’on égorge » (l. 10) est encore plus révoltante
dans la mesure où elle réfère à une image horrible de mise à mort qui laisse la première
femme du roi dans une indifférence totale. Juliette rejoint ce duo cruel. On peut noter le
pragmatisme de son constat : « cela ne sert à rien de crier » (l. 16) et « il n’y a personne. »
(l. 21). Marie est la seule à compatir à la détresse du roi. Elle comprend la cruauté de la
situation et la restriction « ce n’est qu’un roi, ce n’est qu’un homme » (l. 10) montre bien
qu’elle est la seule à comprendre que la mort met tout le monde sur le même pied
d’égalité.
Ce corpus propose donc des textes qui tous traitent de la mort du personnage
principal et qui tous sont tragiques. Cependant, Ruy Blas meurt en héros romantique dans
les bras de la reine éperdue, Caligula passe de la peur, à la folie avant de subir la
vengeance du ciel. Bérenger 1er,, comme le commun des mortels ne veut pas mourir alors
que cela semble quelque chose de très normal et banal pour son entourage, exceptée pour
Marie.
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