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Qu'est-ce qui vous a plu et déplu dans votre rôle ?
Mathieu Alexandre/Don Salluste
« Ce qui m’a plus dans mon rôle, c’est le fait de pouvoir jouer un méchant sans scrupule, près à tout pour réussir. Un
homme qui place son ambition et sa réussite avant toute chose. C’est très agréable de jouer les méchantes
personnes. Il y a quelque chose de l’ordre de la catharsis. On évacue sur le plateau de théâtre tout ce que l’on retient
en soi de mauvais. C’est jouissif d’être de mauvaise foi, manipulateur et vil. Le théâtre est fait pour ça, pour que l’on
puisse endosser la « peau » de n’importe qui sans jugement. De plus, dans la mise en scène d’Axel, Don Salluste est
un clown. Il est ridicule, grotesque, outrancier. Avoir réussi à faire d’un personnage méchant et manipulateur un
personnage comique m’a beaucoup plu.
Ce qui m’a déplu dans mon rôle? Je comprends la question dans ce sens : qu’est-ce que je n’ai pas aimé dans mon
personnage? Je crois que lorsque l’on se met au travail sur une pièce, on est obligé d’aimer son rôle et son
personnage. C’est une obligation. Si on ne l’aime pas avec ses défauts et ses qualités, alors il y a quelque chose de
manqué. Il m’est arrivé de ne pas aimer, sur d’autres spectacles, quelque chose dans la mise en scène ou dans le
texte, mais le personnage, c’est à dire l’acteur, parce qu’il n’y a pas de personnage au fond (il y a un texte de théâtre,
un acteur et un type qui les rassemble, le metteur en scène), ça ne m’est jamais arrivé. Ne pas aimer son personnage
reviendrait pour moi, à ne pas aimer ce que l’on en fait en tant qu’acteur. Du coup, si on aime pas ce que l’on fait en
tant qu’acteur il faut retravailler. Au final, on aime toujours son personnage. Oui … tout ça pour dire ça. Donc rien ne
me déplaît dans mon rôle. »
Dans la pièce de Victor HUGO les détails sont très présents quant à la mise en scène,
comment avez-vous donc décider des costumes, meubles, accessoires, aménagement de
l'espace ?
« Tout a été pensé dans son ensemble. Je savais quelle pièce je voulais travailler, comment je voulais l’adapter. Je
savais aussi que je voulais travailler sur une mise en scène et scénographie simple, intelligente, modulable, qui nous
permettrait de faire voyager nos imaginaires en un clin d’œil et avec peu de choses. J’ai donc imaginé une
scénographie, des décors, des costumes avec l’idée de travailler les ossatures, le pouvoir de suggestion. Une fois les
concepts imaginés et élaborés, le décorateur Stefano Perroco et la costumière Emmanuelle Bredoux ont pris le relais
et rendu le tout possible grâce à leurs imaginaires, leurs ingéniosités et leurs fabrications. »
Combien de fois avez-vous joué votre pièce ? Quels sont vos ressentis après les
représentations ?
« Nous fêterons le 10 décembre notre 100ème représentation. C’est pour l’instant toujours un vrai bonheur pour
nous de présenter cette pièce, qui reçoit de chaleureux accueils partout où nous passons. Bien que nous l’ayons joué
de nombreuses fois, cela nous semble être encore un jeune spectacle avec une forte marge de progression. »
Est-ce qu'une représentation précise avait une signification particulière pour vous ?
« Chaque représentation est différente. Mais à choisir je dirais la représentation du vendredi 13 Novembre 2015 au
Théâtre 13, jour des attentats qui ont frappés Paris. Nous étions sur scène ce jour là, au moment précis où des lieux
de vie, de culture étaient attaqués. La salle était comble, les gens ravis. Nous n’avions absolument pas conscience de
ce qui se passait au même moment à quelques kilomètres … Mais rétrospectivement, le bonheur que nous avions à
jouer ce jour là, le plaisir visiblement des spectateurs venus en masse, face aux atrocités qui se sont déroulées ce soir
là, donnent à cette représentation une signification et une symbolique toute particulière. »