jusqu’à récemment dans la mise en scène, veut que nous y croyions et fait en sorte que l’illusion fonctionne
(pensez que ça marche bien pour Pridament, qui croit son fils assassiné, alors que ce n’est que son personnage
qui est tué par un autre). Qu’est-ce qui concourt à l’illusion ? Décors, costumes, accessoires, jeu des
comédiens…
Ces dernières décennies ont un peu changé la donne. On ne met plus force décors, force costumes. Les décors
sont d’ailleurs maintenant dénoncés comme tels, en ceci que les comédiens les bougent eux-mêmes (les cubes
blancs dans la mise en scène de Rhinocéros par Alain Timar, servent tantôt de table, tantôt à autre chose. Dans la
mise en scène de Cyrano de Bergerac par Denis Podalydès à la Comédie Française, il y a quelques années, le sang
qui coulait des plaies des personnages était signifié par de gros confettis rouges. Le spectateur voit très bien que
ce n’est pas du vrai sang, que c’est « pour du faux », mais cela n’a pas d’importance. Il voit bien que Christian
meurt (tout le monde connaît Cyrano ?) et l’émotion n’en est pas moins intense.
DE QUOI SOMMES-NOUS SPECTATEURS ?
- de conflits de générations (chez Molière, les jeunes gens s’opposent à la volonté de leurs pères)
- des conflits politiques (Ruy Blas, Les Mains sales)
- des amoureux qui s’aiment en secret
- des amoureux qui se disputent
- d’amoureux qui se réconcilient… ou pas
- de domestiques, d’opprimés qui prennent le pouvoir. (c’est pour ça aussi, que c’est bien le théâtre)
- d’hommes qui trucident tout le monde
- de femmes qui trucident tout le monde (Médée)
- de gens qui dissimulent, qui jouent la comédie à d’autres (dans ces moments-là, le spectateur est
complice de celui qui manigance)
- les personnages qui regardent d’autres personnages jouer la comédie (vous avez quelques exemples à
citer)
- de gens qui se ridiculisent ou sont ridiculisés (Molière)
- d’héroïnes désespérées qui se meurent pour des amours impossibles (Racine)
MONTRER OU NE PAS MONTRER ? TELLE EST LA QUESTION.
Certaines choses, à certaines époques, ne semblent pas dignes d’être mises sur scène, d’être montrées au
spectateur (violence, meurtre, offense faite à un vieillard (d’où le fait que Le Cid ait choqué, Don Diègue, qui
prononce le fameux monologue que je vous ai déjà mis dans la fiche REECRITURES, vient d’être souffleté par
un homme plus jeune. Et ça, c’est hyper choquant pour les spectateurs de 1637). Il est ici question de
bienséance. C’est le moment pour vous, d’aller revoir le texte de Boileau, extrait du chant III, de son Art
poétique qui édicte cette règle de la bienséance. SI si, allez allez, on ne traîne pas ! Et je veux que vous le
recopiez ci-dessous :
Et puis tiens, tant que vous y êtes, ça serait pas mal de revoir les règles du théâtre classique.
Où en étais-je ? Je disais que certaines époques (le Ve siècle avant JC grec, le XVIIe français, par exemple,
avait du mal à voir certaines choses. Comment faire part au spectateur, de certains faits ? En les lui racontant.
C’est par exemple Théramène qui raconte la mort d’Hippolyte, tué dans un accident de char parce qu’un
serpent géant et monstrueux est sorti de la mer et a fait peur aux chevaux. C’est, autre exemple, Teudas qui
raconte la mort de Créuse et Créon. Oui, oui, vous allez me dire que Corneille n’a pas su se contenter de cette
Ca, c’est une donnée importante du théâtre : en général, le plus souvent meme, le spectateur est celui qui en sait le plus. Il a
toujours de l’avance sur les personnages (certains d’entre eux se sont d’ailleurs charges de lui exposer, en début de pièce, de quoi il
retournait). C’est pour cela que vous avez été tant déroutés par « Eux seuls le savent », de Tardieu, les personnages ne sa donnant pas
la peine de faire la protase, moment souvent bien artificiel, mais bien utile pour comprendre ce qui va suivre. REVOYEZ CE
QU’EST LA DOUBLE ENONCIATION.