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Deux gamins innocents / Gilles Costaz 
 
A l’opposé de ces metteurs en scène qui cherchent à faire entrer les œuvres dans une autre forme que 
celle  dans  laquelle  elles  ont  été  conçues,  Christian  Schiaretti  est  un  passionné  des  genres  théâtraux, 
dont il suggère subtilement la nature et l’histoire tout en montant tel drame ou telle comédie. Travailleur 
forcené, il a donné récemment de nouvelles preuves de goût pour les formes scéniques, avec son cycle 
espagnol (extraordinaire Célestine !) et son diptyque Strindberg. Pour la réouverture du TNP, il aborde le 
drame  romantique  avec  Ruy  Blas.  Robes  longues  et  lourdes,  pourpoints,  hautes  bottes,  lames  à  la 
ceinture,  bijoux,  perruques  et  tout  le  décorum  des  films  de  cape  et  d’épée  pour  les  costumes  et  les 
accessoires. C’est splendide. L’atmosphère de complot, de tension, de rouerie mortelle est donnée dès 
la  première  seconde.  Jusqu’au  bout  on  pourra  se  passionner  pour  le  destin  du  jeune  homme  pauvre 
manipulé par un puissant d’Espagne et qui tente de changer le monde en aimant la reine, avant de se 
faire broyer par la machine mise en place et par le destin… 
 
Le sens, la force, l’éclat de l’oeuvre sont portés par la belle mise en scène de Schiaretti, qui compose 
avec brio ce feuilleton grandiose. La distribution a de la classe … 
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Le!théâtre!du!Blog!!
Mercredi 16 novembre 2011 
 
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Ruy Blas maintenant / Evelyne Loew 
 
…Christian Schiaretti a dirigé son équipe avec intelligence et clarté. Des situations « à grand spectacle », 
des coups de théâtre,  ce qui répond au désir de l'auteur, avec ses montées à la rampe, ses appels au 
public, ses morceaux de bravoure, son sens de l'image, de la métaphore, de la formule bien frappée : 
 « Le ver de terre amoureux d'une étoile », « Sois fier, car le génie est ta couronne à toi ! », « Ce 
misérable fou qui porte avec effroi sous l'habit d'un valet les passions d'un roi ». 
Robin Renucci ouvre le feu avec un Don Salluste élégant et puissant. Une sorte d'Aramis intelligent et 
fin, metteur en scène, manipulateur, « l'homme profond qui tient tout dans sa main ». Il prête à ce 
personnage noir et romanesque son habileté verbale, son timbre clair, son autorité, son aisance et sa 
belle aura. 
Ruy Blas est jeune et beau, comme il se doit, énergique, et tout empli de foi et d'amour. Il emporte le 
morceau accompagné de sa jeune Reine, touchante, prisonnière de l'étiquette et assoiffée de liberté. 
Tous deux sont vibrants, absolument convaincants. Ils font partie de la troupe du TNP : Nicolas 
Gonzales et Juliette Rizoud… Yasmina Remil, confidente de la reine, donne du relief à ce rôle subtil qui 
créée un pont inattendu entre apparat royal et coup de foudre, une sorte de porte-parole des grisettes 
amoureuses. 
La troupe du TNP forme le chœur de la Cour des Grands d'Espagne, tous très crédibles, étonnants, 
chacun dans son registre. Un chœur uni qui n'efface pas les fortes personnalités. De très belles scènes 
de groupe, en particulier celle de l'évanouissement de Ruy Blas au milieu de la Cour. Et dans la grande 
scène du « Bon appétit messieurs ! », interpellation de Ruy Blas-Hugo aux ministres qui se « goinfrent » 
avec l'argent et les efforts de la Nation quand le peuple crève de faim, on passe directement du XIXème 
siècle au XXIème sans qu'elle perde de sa pertinence et de sa force d'imprécation. 
La pièce, créée en 1838 pour l'ouverture du théâtre de la Renaissance, est en elle-même une  
Renaissance. Par le mélange des genres : comique, tragique, politique, pittoresque, mélodramatique, 
historique et philosophique. « Tout public » comme on  dit maintenant. 
Un spectacle de grande tenue, beau, clair, merveilleux, entraînant. Une équipe au meilleur de l'artisanat 
théâtral, comme on en voit rarement aujourd'hui, qui a fait jouer pour notre joie toutes les ressources du 
plateau. Une vraie fête pour les spectateurs. Et une simplicité apparente qui n'est que l'élégance 
suprême au service de l'œuvre.