MM2, groupe 1M1ECO – DM 0 Correction. N. Laillet [email protected] Systèmes linéaires, rang, pivot de Gauss 1 Correction de l’exercice entamé en TD Il s’agissait de considérer le sous-espace vectoriel Vect(u, v, w) où u = (2, −3, 1), v = (1, 2, −3) et w = (3, −1, −2). — Déterminons d’abord le rang de ce système de vecteurs. Pour ce faire, résolvons le système linéaire suivant, d’inconnues a, b et c réelles. 2a + b + 3c = 0 −3a + 2b − c = 0 a − 3b − 2c = 0 On commence par échanger les lignes 1 et 3 puis on effectue une élimination du type "Pivot de Gauss". a − 3b − 2c = 0 2a + b + 3c = 0 −3a + 2b − c = 0 ⇔ −3a + 2b − c = 0 a − 3b − 2c = 0 2a + b + 3c = 0 a − 3b − 2c = 0 −7b − 7c = 0 L2 ← L2 + 3L1 ⇔ 7b + 7c = 0 L3 ← L3 − 2L1 a − 3b − 2c = 0 −7b − 7c = 0 ⇔ 0 = 0 L3 ← L3 + L2 a − 3b − 2c = 0 −7b − 7c = 0 ⇔ c = s, s ∈ R a = −s ⇔ b = −s c = s, s∈R L’ensemble des solutions du système est donc {s(−1, −1, 1), s ∈ R}. C’est un sous-espace vectoriel de dimension 1 de R3 donc le rang du système de vecteurs est égal à 3 − 1 = 2. Donc dim(Vect(u, v, w)) = 2. — Ensuite il faut trouver une base de F = Vect(u, v, w) parmi u, v, w. Étant donné que F est de dimension 2, la base que l’on trouvera sera de cardinal 2. Il suffit donc de trouver un système libre de deux vecteurs, c’est-à-dire deux vecteurs non colinéaires parmi u, v, w. Comme u et v ne sont pas colinéaires, ils forment une famille libre à deux éléments de F , donc une base. Trouvons maintenant un système d’équations minimal de Vect(u, v, w). Pour ce faire, soit Les feuilles de TD sont disponibles à la page http://www.math.jussieu.fr/∼laillet/ MM2, groupe 1M1ECO – DM 0 Correction. N. Laillet [email protected] (x, y, z) un élément de R3 ; résolvons le système linéaire suivant d’inconnues α et β. 2α + β = x β + 2α = x −3α + 2β = y ⇔ 2β − 3α = y α − 3β = z −3β + α = z β + 2α = x −5α = y − 2x L2 ← L2 − 2L1 ⇔ 5α = z + 3x L2 ← L2 + 3L3 β + 2α = x −5α = y − 2x ⇔ 0 = x + y + z L3 ← L3 + L2 L’unique condition de compatibilité pour ce système est x+y +z = 0 : il s’agit de l’équation de l’espace vectoriel F . — Finalement, il nous fallait compléter la famille libre (u, v) en une base de R3 . Comme la famille de vecteurs est de rang 2, il suffit de trouver un vecteur qui n’appartienne pas à F . Or, on remarque qu’aucun vecteur de la base canonique de R3 n’appartient au plan x + y + z = 0 : ainsi, si e1 = (1, 0, 0),la famille (u, v, e1 ) est une base de R3 . 2 Vers l’utilisation de matrices dans le pivot de Gauss Vous avez vu en cours un théorème très important : le rang d’une matrice est le rang de la famille de vecteurs qui la composent ! Ceci est très important, puisque le rang d’une matrice se calcule facilement, grâce au pivot de Gauss : le rang est le plus grand nombre de termes non nuls sur la diagonale lorsqu’on a réussi à échelonner la matrice. Exemples : 1 0 9 0 −4 18 est de rang 2. 0 0 0 1 0 0 1 0 3 0 −4 0 0 −4 0 9 18 est de rang 3. 8 9 18 est de rang ? ? ? En effet la matrice n’est pas échelonnée !. 0 Ainsi, si on veut déterminer le rang de (u, v, w), on écrit la famille sous la forme d’une matrice et on est ramenés à déterminer le rang de la matrice M définie ainsi : 2 1 3 M = −3 2 −1 1 −3 −2 Les feuilles de TD sont disponibles à la page http://www.math.jussieu.fr/∼laillet/ MM2, groupe 1M1ECO – DM 0 Correction. N. Laillet [email protected] Réduisons cette matrice par le pivot de Gauss. Attention les flèches → ne sont pas des implications mais veulent simplement dire "je transforme ma matrice en cette matrice". 2 1 3 1 −3 −2 −−−−−→ −3 2 −1− L1 ↔ L3 −3 2 −1 1 −3 −2 2 1 3 1 −3 −2 −−−−−−−−−−−→ L3 ↔ L3 + 3L1 0 −7 −7 2 1 3 1 −3 −2 −−−−−−−−−−−→ L2 ↔ L2 − 2L1 0 −7 −7 0 7 7 1 −3 −2 −−−−−−−−−−→ L3 ↔ L3 + L2 0 −7 −7 0 0 0 La matrice possède deux pivots, son rang est donc de deux. Mais ce n’est pas tout ! Il y a encore plus fort ! En effet, on peut aussi de la même manière déterminer un système d’équations minimal de Vect(u, v, w), pour le même prix ! En effet, il suffit de répéter exactement les mêmes opérations sur les lignes, mais en les répercutant sur le x vecteur y . Retenez de manière générale que la puissance du pivot vient du fait qu’avec la z même méthode d’opérations sur les lignes, on peut aussi bien — déterminer le rang d’une matrice. — déterminer le rang d’un système de vecteurs. — déterminer l’ensemble des vecteurs v tels que M v = 0 (noyau d’une matrice). — inverser une matrice. — déterminer un système minimal d’équations d’un espace vectoriel défini par famille génératrice. — etc. Recopions exactement ce que l’on a fait comme opérations sur la matrice, mais en ajoutant à x côté le vecteur y . z Les feuilles de TD sont disponibles à la page http://www.math.jussieu.fr/∼laillet/ MM2, groupe 1M1ECO – DM 0 Correction. 2 −3 1 1 2 −3 3 x 1 − − − − − − → −1 y L1 ↔ L3 −3 z −2 2 N. Laillet [email protected] −3 2 1 1 −−−−−−−−−−−→ L3 ↔ L3 + 3L1 0 2 1 −−−−−−−−−−−→ L2 ↔ L2 − 2L1 0 0 1 −−−−−−−−−−→ L3 ↔ L3 + L2 0 0 | −2 z −1 y x 3 z −3 −2 −7 −7 y + 3z x 1 3 −3 −2 z −7 −7 y + 3z x − 2z 7 7 −3 −2 −7 −7 0 {z 0 } 2 pivots, le rang est donc 2 z y + 3z x+y+z | {z } la condition de compatibilité est x+y+z=0 Ainsi le rang se détermine par le nombre de pivots et le(s) équation(s) du sous-espace vectoriel sont les conditions de compatibilité, c’est-à-dire les équations à côté des lignes de 0. On a ainsi répondu à deux questions en une. Les feuilles de TD sont disponibles à la page http://www.math.jussieu.fr/∼laillet/