Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (IX), n° 4, juillet/août 2005
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Urgences
en endocrinologie, diabétologie
et maladies métaboliques
en endocrinologie, diabétologie
et maladies métaboliques
Hypocalcémie aiguë du nourrisson et de l’enfant
Acute hypocalcemia in children
M. Polak*
L
es hypocalcémies du nourris-
son et du grand enfant peuvent
être reliées à différentes causes
mais spécialement, hors période
néonatale, au rachitisme carentiel
qui existe encore et aux rares hypo-
parathyroïdies. L’hypocalcémie aiguë
est une urgence thérapeutique, car elle
peut se manifester par des accidents
neurologiques à type de convulsions,
par des signes respiratoires avec
laryngospasmes ou par des signes
cardiaques graves pouvant entraîner
la mort subite.
Étiologies
L’hypocalcémie peut survenir au
décours d’affections déjà reconnues,
d’insuffisance rénale, de syndrome
néphrotique, de tubulopathies, de
leucémies, d’affections hépatiques
ou digestives et d’infections. Elle ne
pose alors pas de problème diagnos-
tique, mais doit être recherchée et
corrigée de manière systématique.
De même, une hypocalcémie d’ori-
gine iatrogène est possible et doit
être prévenue lors de transfusion
importante de sang citraté, en cas
d’hyperhydratation avec hypoproti-
démie.
À l’inverse, l’hypocalcémie peut
révéler l’existence de pathologies
jusqu’alors inconnues. Ces patho-
logies peuvent être une insuffisance
rénale, ce qui rend nécessaire la
mesure systématique de créatini-
némie, une carence en magnésium,
plus rarement un trouble de la for-
mation de l’action de la 1-25-dihy-
droxy-vitamine-D, exceptionnelle-
ment une ostéopétrose.
Les causes largement les plus fré-
quentes d’hypocalcémie chez le
nourrisson et l’enfant restent la
carence en vitamine D avec ou
sans rachitisme et les syndromes
hypo- et pseudohypoparathyroï-
diens.
L’âge de l’enfant peut permettre
d’orienter le diagnostic :
•L’hypocalcémie néonatale, dont
nous ne parlerons pas en détail, est
fréquente dans les premiers jours de
vie. Elle nécessite de vérifier la cal-
cémie, la phosphorémie et le statut
vitaminique D de la mère.
•L’hypocalcémie liée à un rachitisme
carentiel est fréquente, son incidence
est la plus importante entre 6 et
12 mois.
•L’hypoparathyroïdie peut survenir
dans les premiers jours, le plus sou-
vent dans les premières semaines
de vie. Elle peut être transitoire et
secondaire à une anomalie du méta-
bolisme phosphocalcique chez la
mère.
•Enfin, la pseudohypoparathyroï-
die, rare, peut être découverte après
quelques semaines ou quelques mois
de vie, ou bien plus tard.
Signes cliniques
L’hypocalcémie, lorsqu’elle s’est
installée rapidement se traduit sou-
vent par des convulsions, et cela
d’autant plus que l’enfant est plus
jeune. Le plus souvent, il s’agit de
convulsions généralisées.
Une hyperexcitabilité neuromus-
culaire est surtout fréquente chez
le nourrisson : agitation, cris, sou-
bresauts et trémulations d’allure
paroxystique. L’examen révèle par-
fois une hypertonie variable d’un
moment à l’autre atteignant les
membres, éventuellement le tronc et
la nuque.
La tétanie typique avec des four-
millements précédant les spasmes
musculaires avec déformations en
main d’accoucheur et des pieds en
varus équin, n’est observée en pra-
tique que chez le grand enfant. Il
existe alors souvent un signe de
Chvostek : contraction de la lèvre
supérieure à la percussion, au doigt,
d’un point médian entre la ligne
joignant le tragus à la commissure
labiale externe.
Le laryngospasme est en revanche
une traduction rare, mais sévère de
l’hypocalcémie particulière au nour-
risson. Il s’agit d’accès de tachypnée
superficielle avec cyanose alternant
avec des ralentissements du rythme
respiratoire et même des pauses, sui-
vies d’une reprise bruyante évoquant
un stridor congénital. Le laryngos-
pasme peut débuter brutalement avec
un rejet de la tête en arrière, une
apnée et une pâleur livide.
Des signes cardiaques peuvent être
retrouvés : tachycardie avec galop
auscultatoire et troubles du rythme.
Enfin, les troubles psychiques peu-
vent s’observer chez le grand enfant:
impression de malaise, anxiété et
terreur nocturne.
Examens paracliniques
Les examens biologiques et radiolo-
giques à pratiquer devant une hypo-
calcémie sont les suivants :
Examens sanguins
■calcémie et phosphorémie. Cette
dernière doit être interprétée en
fonction de l’âge :
* Service d’endocrinologie pédiatrique, hôpital
Necker Enfants-Malades, Paris.