Recommandations Formalisées d’Experts de l’AFPBN 191
Ces données ont été discutées et gradées par niveaux
de preuve à partir des critères défi nis par la Haute Autorité
de Santé [14].
Après cette première étape, le comité scientifi que (PML,
LS, MA, PC, SG, SL), a élaboré, un questionnaire constitué
de 32 questions qui recouvre 539 options thérapeutiques.
Les 32 questions ont été regroupées en 3 domaines jugés
comme primordiaux :
• population-cible : qui permet de décrire les différentes
indications de ces formes galéniques mais aussi la période
la plus appropriée d’instauration au cours de la maladie ;
• modalités de prescription et d’utilisation : qui aborde
le choix de la molécule, les modalités d’instauration, les
stratégies spécifi ques en fonction du trouble psychiatrique
ou des comorbidités et la surveillance du traitement ;
• populations spécifi ques : qui aborde l’emploi de ces
formes galéniques chez la femme enceinte, les sujets
âgés, les sujets en situation de précarité, les sujets devant
être traités dans le cadre d’un établissement carcéral.
Ce questionnaire devait être rempli par un panel d’ex-
perts. Sa passation était estimée à environ 3 heures.
Lors de l’élaboration, toutes les molécules à action
prolongée disponibles en France ont été proposées. Elles
ont été regroupées en 2 catégories :
• neuroleptiques d’action prolongée (NAP) ;
• antipsychotiques atypiques d’action prolongée (APAP).
2.2. L’échelle de cotation
L’expert pouvait exprimer son niveau d’accord et de désac-
cord pour chacune des questions. Les règles qui défi nissent
d’une part l’accord (ou le désaccord), et d’autre part le degré
de convergence des avis des experts ont été prédéfi nies.
Chaque expert répond à chaque question à l’aide d’une
échelle graduée de 0 à 9 (0 signifi e l’existence « d’un
désaccord complet » ou « d’une contre-indication formelle »
et 9 celle « d’un accord complet » ou « d’une indication
formelle ») (Figure 1).
Néanmoins, l’utilisation des antipsychotiques d’action
prolongée reste faible en pratique clinique avec un taux
de prescription n’excédant pas 25 % dans les différents
pays d’Europe [8,9]. Les taux de prescription sont parmi
les plus élevés en France (23,5 %) [10], en Grande Bretagne
(29 %) et à Hongkong (37 %) [8] comparativement aux
autres pays. Plusieurs facteurs explicatifs ont été iden-
tifi és auprès des psychiatres tel qu’une surestimation du
niveau d’observance des patients, le refus du patient, un
sentiment de coercition ou les risques d’une moins bonne
tolérance [9,11].
L’objectif de cette recommandation professionnelle
est de proposer un cadre de prescription au praticien lors
de l’utilisation d’une forme galénique spécifi que des anti-
psychotiques (forme injectable d’action prolongée) dans
diverses indications thérapeutiques et des situations cli-
niques spécifi ques. Le but étant de permettre aux cliniciens
de proposer aux patients les stratégies pharmacologiques les
plus appropriées et de faciliter l’utilisation des antipsycho-
tiques d’action prolongée en pratique clinique.
Les recommandations proposées sont élaborées à partir
d’une méthodologie par Recommandation Formalisée d’Ex-
perts basée sur les données disponibles dans la littérature et
le consensus formalisé d’un panel d’experts [12,13].
2. Matériels et méthodes
2.1. Élaboration du questionnaire
Dans un premier temps, nous avons réalisé une analyse et
une synthèse de la littérature concernant les indications
et les modalités d’utilisation des antipsychotiques à action
prolongée. Cette recherche a utilisé les mots clefs suivants :
« antipsychotic », « neuroleptic », « fi rst-generation anti-
psychotic », « atypical antipsychotic », « second-generation
antipsychotic », « long-acting injectable », « depot » à partir
des bases de données PubMed et EMBASE afi n d’identifi er
tous les travaux d’intérêt publiés.
Désaccord complet
0 123 456 789 Indication formelle
Accord complet
Interprétation Contre-indication 3e intention 2e intention 1re intention
Extrêmement approprié: stratégie thérapeutique de choix
Habituellement appropriée: stratégie thérapeutique 1re intention utilsée fréquemment
Stratégie thérapeutique de 2e intention, que vous utilisez quelquefois (préférence du patient ou de la famille;
traitement de 1re intention inefficace oune convient pas
Habituellement peu ou inapproprié: stratégie thérapeutique rarement utilisée
Totalement inpproprié: stratégie thérapeutique jamais utilisée, à éviter
9
7-8
4-5-6
1-2-3
0
Figure 1. L’échelle de cotation