
De ce fait, le malade conserve ses repères médicaux d'une part et devrait mieux connaître l'utilisation
de son médicament d'autre part. L'adaptation de posologie est facilitée par l'utilisation d'un logiciel
(Dawn A.C.) qui propose la nouvelle posologie et la date du prochain contrôle ; le médecin peut
adapter cette proposition. La partie indispensable est représentée par l'éducation thérapeutique du
malade qui se déroule en deux étapes. L'entretien individuel d'éducation de 45 minutes. Plusieurs
dimensions sont abordées, permettant de proposer un contrat de soins avec le malade. Plus tard, le
malade est convié à une séance éducative de groupe, interactive, avec ateliers, mise en situation d'un
vécu, d'obstacles. Le médecin traitant est informé de telles séances. Un local et une équipe son mis à
disposition pour une telle CAC.
Dans les pays pour lesquels les CAC fonctionnent, l'efficacité clinique a été démontrée. Une étude
réalisée aux USA (7) a estimé à 1 600 dollars/malade/an l'économie réalisée du fait de la réduction
des complications lors d'un traitement AVK. Nous avons décidé d'évaluer cette pratique en France en
prenant pour objectif principal les évènements cliniques (récidives thrombotiques, hémorragies) et
pour objectif secondaire le coût comparé entre la pratique conventionnelle et la CAC. Ce Projet de
Recherche ( PHRC national multicentrique) regroupe 7 hôpitaux et fournira les résultats en 2006.
Cas pratiques améliorables
Voici quelques exemples concrets qui rappellent des recommandations visant à réduire la iatrogénie
des AVK.
• Relais Héparine par AVK : l'Héparine étant instituée à J0, l'AVK peut être débuté dès le soir du
premier jour ; l'INR est calculé à partir du matin de J3 puis à J4 ; l'Héparine n'est stoppée que
lorsque l'INR se situe dans la fourchette souhaitée pendant deux jours consécutifs.
• Modification de posologie : la posologie initiale d'AVK est de 2 mg X 3 cp ( 6 mg) de Warfarine
(COUMADINE ®), de 20 mg x 1cp(20mg) de Fluindione ( PREVISCAN®). L'AVK est pris
chaque soir à heure fixe, sans dose de charge ; l'INR est pratiqué le lendemain matin de la 3ème
prise ; les adaptations de posologie doivent être douces et réfléchies.
• Sujet âgé : outre les précautions concernant l'utilisation des Héparines (du fait de l'insuffisance
rénale), la posologie d'un AVK chez le sujet âgé doit être débutée à la moitié de la posologie ci-
dessus recommandée.
• Durée d'un traitement AVK : elle est de 3 mois maximum dans le cas d'une réversibilité de la
cause thrombotique, sinon de durée prolongée si la cause persiste ou bien s'il s'agit de récidives
thrombotiques. Dans le cas de cause non encore identifiée la durée est de 6 à 12 mois pour une
phlébite proximale ou une embolie pulmonaire.
• AVK et grossesse : contre-indication absolue pendant le premier trimestre (iatrogénie) danger
hémorragique foetal au 3ème trimestre.
• Relais AVK par Héparine : ce sont des situations très dangereuses si le risque thrombotique est
élevé ( prothèses valvulaires, FA) ;pour la nécessité de réalisation de chirurgie, certains actes
peuvent être réalisés en maintenant l'AVK si l'INR est maintenu dans la fourchette (inférieur à 3
en général). Ceci concerne notamment les extractions dentaires.
• Valeurs d'INR recommandées : la fourchette est de 2 à 3 pour la majorité des situations. Les
exceptions sont certaines prothèses valvulaires mécaniques, l'association prothèse et FA, un embol
avec prothèse ( INR : 2,5 à 3,5).
Perspectives
La mise en place d'un système de CAC devra être discutée si l'évaluation en cours le justifie. Dès lors,
l'intégration des professionnels de santé concernés devra être très forte. L'éducation thérapeutique des
malades sous AVK sera l'objectif de chacun.
Les malades qui doivent faire l'objet d'une telle prise en charge sont surtout ceux qui relèvent d'un
risque hémorragique élevé, ainsi que ceux qui sont à haut risque de récidive thrombotique.
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