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RAITEMENT
ANTICOAGULANT
Traitement anticoagulant et voyage
Anticoagulant therapy and travels
● Ph. Duc*
L
es patients recevant un traitement anticoagulant sont
nombreux et le praticien doit leur donner toutes les
informations relatives au voyage qu’ils souhaitent
effectuer.
AVANT LE VOYAGE
On devra repréciser au patient les fourchettes d’INR (International Normalized Ratio) cible pour sa pathologie en lui remettant
un carnet d’anticoagulation, comme celui fourni par la Fédération française de cardiologie. De même, un courrier mentionnant
les motifs du traitement (phlébite, valve mécanique...) doit être
remis au patient.
Si le séjour est de courte durée (par exemple, moins d’une
semaine), il n’existe pas vraiment de restriction sur le lieu de
séjour, à condition que le patient s’astreigne aux conseils détaillés
ci-après. En revanche, si le séjour se prolonge au-delà de quelques
semaines, il est nécessaire que le pays visité ait une infrastructure sanitaire lui permettant de mesurer de manière régulière son
INR. Dans le cas contraire, un tel voyage est fortement déconseillé.
Un cas particulier est représenté par les croisières avec escales
fréquentes. Le plus souvent, les bateaux ne s’éloignent guère des
côtes, les ports d’étape sont souvent de grandes villes et le patient
peut assez facilement y faire mesurer son INR, dont le résultat
pourra lui être transmis rapidement. Le patient devra prendre suffisamment de médicaments pour la durée du séjour, en sachant
que, la posologie d’antivitamine K (AVK) pouvant être modifiée
pendant le séjour (multipliée ou divisée par deux ou trois : par
exemple, passer d’un quart à trois quarts de comprimé), il devra
s’approvisionner en conséquence. Il est préférable de remettre au
patient une ordonnance en dénomination commune internationale pour qu’il puisse acheter éventuellement les médicaments
en pharmacie à l’étranger. Il est à noter que l’AVK la plus prescrite de par le monde est la warfarine, dont la demi-vie est plus
longue que celle des produits habituellement utilisés en France
(Sintrom® [acénocoumarol] et Préviscan® [fluindione]).
* Service de cardiologie, CHU Bichat, Paris.
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PENDANT LE VOYAGE
Si le patient est à risque de phlébite, les recommandations de prévention sont nécessaires, notamment dans les avions : augmenter les apports hydriques, éviter les hypnotiques et les boissons
alcoolisées, éviter les strictions liées aux vêtements. Le port de
collants de contention est recommandé. Il est à noter que le jet
leg syndrome ou economic class syndrome n’est pas spécifique
aux transports aériens. Même si celui-ci comporte des facteurs
favorisants (hygrométrie, pression hyperbare...), il est probable
que l’accumulation des transports (voiture, car) joue un rôle non
négligeable dans la pathogenèse de ces accidents thromboemboliques. Il est donc nécessaire d’indiquer au patient que les règles
habituellement préconisées pour le transport aérien sont également à appliquer dans les cars et les trains dès que le transport
dure plus de quelques heures.
En cas de décalage horaire se pose l’épineux problème de la prise
médicamenteuse. Quand un patient oublie une prise médicamenteuse d’AVK, on préconise habituellement de continuer le
traitement comme à l’accoutumée. En effet, la demi-vie de l’AVK
et surtout la durée du blocage de l’anticoagulation permettent
d’espérer que cet oubli n’aura pas de conséquence. Ainsi, on pourrait proposer aux patients de se calquer sur l’horaire local quel
que soit le décalage horaire. En fait, il est souvent donné des
conseils de modulation selon le décalage horaire. Lorsque celuici n’est que de quelques heures, aucune modification n’est à envisager. Le patient se calque sur les horaires locaux en suivant son
horaire habituel de prise médicamenteuse. En revanche, lorsque
le décalage est plus important, par exemple supérieur à
8-10 heures, il est habituel de modifier quelque peu les
prises, même si aucune étude clinique n’a spécifiquement abordé ce sujet. On
peut donner les
recommandations ciaprès, à moduler selon le
risque thromboembolique
sous-jacent. Pour les
voyages d’est en ouest, il est
préférable que le patient prenne la moitié de sa dose en
se calant sur l’horaire local et qu’il continue ensuite comme à
l’accoutumée, selon l’horaire local. Par exemple, un patient prend
ses AVK le soir, part de Paris vers la côte Ouest des États-Unis
La Lettre du Cardiologue - n° 366 - juin 2003
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R A I T E M E N T
et arrive à l’heure locale de 17 heures (soit minuit heure de Paris).
Il prendra, à l’heure locale d’arrivée, la moitié de sa posologie
habituelle et reprendra ensuite la dose habituelle. Inversement
pour les voyages d’ouest en est : le patient prendra une demi-dose
à l’horaire local de départ, en continuant ensuite comme à l’accoutumée.
A N T I C O A G U L A N T
vention du paludisme...). Il est impératif qu’après quelques jours
(par exemple, une semaine), les patients aient de nouveau une
mesure de l’INR.
La prévention de la “turista” est souhaitable, non seulement pour
les troubles gastro-intestinaux, mais également pour éviter les
perturbations pouvant modifier l’INR (diarrhée, médication à
visée gastro-entérologique...). Les règles habituelles pour la prévention de la turista sont à suivre : éviter l’eau et les glaces locales,
les crudités mal lavées, les glaçons...
LORS DU SÉJOUR
L’anticoagulation sous AVK a de multiples raisons d’être modifiée : modification de l’alimentation (notamment les feuilles
vertes, riches en vitamine K), comédications (hypnotiques, pré-
2 5 th ES
EuropeanŁ
Society of
Cardiology
AU RETOUR
L’INR doit être vérifié pour les mêmes raisons que lors de l’arrivée dans un pays étranger.
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Vienne
30 août - 3 septembre 2003
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