Surface approx. (cm²) : 6263
Le fait d'appartenir à la coopérative Sofiprotéol
change-t-il la donne?
Totalement: Sofiprotéol a été créée par des acteurs
du monde agricole, producteurs de colza et de
tournesol entre autres. Nous sommes loin des diktats
des financiers et de la pression du court terme. Nous
sommes ancrés dans le territoire français et bénéfi-
cions d'une proximité naturelle avec les matières
premières. Cela nous a permis de relancer Fleur de
Colza, riche nutritionnellement, avec une produc-
tion locale, respectueuse de l'environnement.
L'image d'un agriculteur sur l'étiquette, ce n'est pas
un coup marketing, c'est une histoire !
Reprendre le contrôle du sourcing,
est-ce là votre objectif premier?
C'est en effet l'une de nos priorités: passer des
discours aux actes. Paraben, huile de palme... : les
consommateurs ont de plus en plus besoin d'être
rassurés sur la qualité et la provenance des produits.
C'est ma conviction inamovible : au-delà du produit,
les consommateurs achètent un mode de production
qui respecte l'environnement et le travail des
agriculteurs. Ils sont de plus en plus critiques vis-à-vis
des marques et même prêts à les boycotter. Il faut
aller vers le bio, le développement durable...
sans a priori. Beaucoup doutent sur les capacités
de produits issus du développement durable à faire
vendre. Pourtant, cela marche : Fleur de Colza a
progressé de 6 % en volume (source Nielsen) alors
que le marché est à -9 %. Nous avons eu la même
démarche pour Lesieur Tournesol. Et nous allons
continuer sur Lesieur Pépins de Raisin. C'est un
atout formidable pour une marque de ne pas avoir
des ingrédients qui viennent des quatre coins de la
terre. Plus globalement, nous voulons améliorer
l'impact écologique et l'aspect nutritionnel de nos
gammes. Nous avons ainsi amélioré la teneur en
vitamine D d'Isio 4.
Vous avez repris 25 ans après sa création le célèbre
slogan "Je veux tout. Pas d'erreur, c'est Lesieur".
Pourquoi?
Nous voulons accompagner la mutation des consom-
mateurs. En 1986, le message revendicatif était
révélateur de l'émancipation féminine de la "ména-
gère" qui voulait des solutions culinaires, de la
praticité, en résumé, sortir de la cuisine. Le "Je veux
tout" de 2011 se veut multidimensionnel et ne
s'adresse pas qu'aux femmes: "Je veux que cela soit
bon pour moi, bon pour mon corps et bon pour la
planète". Ce n'est pas un slogan creux. Nous nourris-
sons notre prise de parole publicitaire en nous
engageant sur la traçabilité de nos produits,
sur leur qualité nutritionnelle, leur impact sur
l'environnement, sans oublier le goût car nos
produits incarnent le plaisir partage au quotidien.
L'équipe
de Lesieur
réunie autour
de David
Carbous.
Croyez-vous au retour tant annonce
médiatiquement du "fait maison"?
Je qualifierais plutôt cette tendance de "Cuisine 2.0"
c'est-à-dire une nouvelle façon de cuisiner en famille
ou entre amis en prenant le temps de se poser
et de partager, un peu comme les loisirs créatifs.
Cuisiner, c'est aussi une façon de reprendre
la maîtrise sur son alimentation et sa santé.
C'est un vrai sujet de société.
Quelle est l'action dont vous êtes personnellement
le plus fier ?
C'est l'opération "Corne de l'Afrique", lorsque j'ai
répondu à l'appel du Quai d'Orsay le 4 août 2011 :
Lesieur a donné d'emblée 20 tonnes d'huiles aux
victimes de la famine, ce qui a permis de porter
secours à 55000 personnes.
Et celle dont vous êtes le moins fier?
C'est le repositionnement il y a deux ans de nos
sauces de variétés en recettes Gourmandes avec
des chefs. La gamme arborait des codes rupturistes
épurés qui ont été immédiatement copiés
par des MDD. Nous avons sorti la gamme des rayons
et l'avons ensuite relancée différemment.
Quels sont vos prochains chantiers?
Le premier est l'international (Lesieur est présent
dans 60 pays). Nous avons racheté l'activité Lesieur
au Maroc et nous essayons de construire la filière.
Le second est le digital avec une montée en puis-
sance sur la pub internet et les réseaux sociaux
et le lancement d'une appli en septembre.
Vous avez un parcours marketing-ventes complet.
Quels sont vos projets professionnels ?
Continuer de déployer la stratégie de leadership
des marques autour des trois piliers de Lesieur:
plaisir, qualité/origines et nutrition. mmm
Propos recueillis par Catherine Heurtebise Hi