La Lettre du Neurologue - n° 5 - vol. VI - mai 2002 185
L’ÉQUIPE PLURIDISCIPLINAIRE EN NEUROLOGIE
Le médecin
L’annonce du diagnostic par le neurologue d’une maladie grave,
peut-être incurable, se prépare; elle doit être honnête, progres-
sive, permettant à la personne puis à son entourage de com-
prendre et d’accepter la nouvelle, parfois en plusieurs rencontres
rapprochées: elle pose déjà des jalons pour l’avenir. Puis, quand
la situation s’aggrave, la présence du médecin reste indispensable
pour gérer les rôles dans l’équipe, les interventions extérieures.
Son rôle est diversifié:
– prescrire clairement les traitements, en évaluer l’efficacité,
adapter les posologies, limiter leur nombre. Prévoir un traite-
ment à appliquer par l’équipe “en cas de…” (douleur, angoisse,
insomnie, etc.);
– choisir dans les examens et la surveillance ce qui est superflu
et ce qui peut aider à améliorer le confort;
– avertir l’équipe des objectifs médicaux et de la progression
de la maladie, des éventuelles complications;
– rechercher par l’examen médical les causes d’un l’inconfort
(exemple: globe vésical).
L’équipe soignante (infirmières et aides-soignantes)
Elle établit un projet global et personnalisé de soins en partant
des données médicales et de la demande de la personne, puis
des proches. Qu’est-ce qui est attendu des soignants? Qu’est-ce
que nous pouvons ou ne pouvons pas donner?
Il reste ensuite à appliquer la prescription, évaluer quotidienne-
ment l’efficacité, la tolérance des traitements, suppléer à la
perte d’autonomie physique et mentale, attirer par des trans-
missions écrites et ciblées l’attention du médecin sur les
symptômes gênants non soulagés.
Le kinésithérapeute
Alors même que le mot de “rééducation” n’a plus de sens, il
contribue au confort physique du malade par:
– l’entretien des mobilisations actives conservées (prolongeant
la durée de l’autonomie) et des mobilisations passives (qui per-
mettent à la personne de sentir l’ensemble de son corps);
– des soins respiratoires, des massages lymphatiques des
œdèmes, etc.
Le travail d’équipe
L’ambition des équipes devrait être d’assurer des “soins conti-
nus”, c’est-à-dire une prise en charge homogène depuis l’an-
nonce du diagnostic jusqu’à la fin de vie, impliquant d’em-
blée les infirmières et la famille. C’est donc “en équipe” qu’il
convient de prendre conscience de l’aggravation chez un malade
pour répondre aux questions suivantes (tableau I).
D’autres acteurs extérieurs participent au cheminement d’un
malade au stade de soins palliatifs: bénévoles, religieux, mais
aussi l’équipe soignante à domicile (généraliste ou neurologue
libéral), d’autant que, dans des maladies longues et suscep-
tibles de phases de plateau ou d’aggravation, les allers et
retours entre le domicile et l’hôpital seront fréquents. L’équipe
hospitalière doit rester en relation avec ces soignants pour faire
face à l’urgence d’une admission imprévue, en chambre seule,
évitant si possible le passage par les urgences.
Une fois validé, cet objectif d’équipe doit être poursuivi de
manière professionnelle, avec des priorités “sur mesure”
établies pour chaque malade, pour chaque phase, et une
évaluation du soin donné pour en tirer un enseignement.
La réflexion individuelle
•Soigner des personnes jusqu’à la fin de leur vie entraîne une
remise en question personnelle et peut susciter le besoin d’un
accompagnement psychologique au cours du cursus profes-
sionnel.
•Mais il faut surtout trouver (et parfois exiger!) pendant le tra-
vail des temps suffisants d’échanges entre soignants et méde-
cins pour comprendre, analyser les situations, mettre des mots
sur ses difficultés et ses émotions, toutes choses qui aident à
progresser en diminuant l’épuisement professionnel, l’usure et
la rotation des équipes soignantes – a contrario, l’absence d’un
tel espace de parole est une véritable frustration et un facteur
de surmenage. La réticence à cet échange d’émotions vient
souvent des médecins et trouve en partie ses racines dans
un enseignement médical exclusivement technique.
PRISE EN CHARGE DES SYMPTÔMES EN SP
D’AFFECTIONS NEUROLOGIQUES
Nutrition-hydratation
L’objectif est de limiter la fatigue, l’infection, les escarres, de
conserver un plaisir sensoriel. On privilégie la voie orale, on
soigne l’hygiène buccale, mais, en cas de besoin, la gastro-
stomie percutanée endoscopique (GPE) à faible débit est la
meilleure méthode si l’espérance de vie dépasse quelques
semaines; elle limite les fausses routes et les reflux gastriques.
•Pour l’hydratation, on peut utiliser des épaississants, puis
l’apport d’eau par la sonde gastrique, et en dernier recours la
voie parentérale. On peut alors choisir la voie sous-cutanée en
discontinu la nuit (1 litre de perfusion isotonique sur
12 heures). On perfuse sur l’abdomen ou à l’intérieur des
cuisses par un cathlon ou une épicrânienne. Le dispositif est
fixé avec un Opsite®et peut être laissé en place dans la journée
avec un bouchon.
•De quel délai dispose-t-on ?
•Quelles complications sont attendues
et quels sont les moyens à mettre en œuvre ?
•La fin de vie aura-t-elle lieu dans le service ?
•Où en est la personne dans sa maladie ?
•Quels seront les obstacles
à une bonne communication verbale ?
•Où en sont ses proches ?
Tableau I.