Éditorial Les nouveaux visages de la neurologie The new faces of neurology Philippe Damier (CHU de Nantes) E n une vingtaine d’années, la neurologie a connu de profondes mutations. L’imagerie, en particulier avec l’IRM encéphalique ou médullaire, a bouleversé la démarche diagnostique. Le diagnostic sémiologique neurologique peut à présent être vérifié en temps réel. De nouvelles perspectives s’ouvrent sur des tableaux d’encéphalopathie diffuse, avec la possibilité d’identifier des maladies inflammatoires ou dysmétaboliques antérieurement seulement suspectées ou inconnues. Les progrès technologiques permettent dès à présent de différencier les zones ischémiques de celles en souffrance vasculaire (séquence en diffusion/perfusion), de visualiser des faisceaux nerveux (tractographie), d’analyser la composition neurochimique d’une région (spectroscopie) ou d’identifier les zones cérébrales en activité (IRM fonctionnelle). Surtout, le champ de la thérapeutique a explosé. Il n’est pas un domaine où il n’existe pas de traitement. La fibrinolyse a conduit à une réorganisation complète de la filière des affections neurovasculaires : des hémiplégiques pris en charge précocement quittent sans séquelles les services de neurologie. Une immunothérapie sophistiquée et parfois agressive permet le contrôle des maladies inflammatoires du système nerveux central, comme la sclérose en plaques, ou périphérique. Plus de 10 classes thérapeutiques différentes existent pour traiter l’épilepsie, avec des traitements mieux tolérés que leurs précurseurs historiques. Les maladies neurodégénératives ne sont pas de reste, avec des traitements permettant de contrôler correctement des maladies de Parkinson pendant au moins une dizaine d’années, et d’autres capables de stabiliser les troubles mnésiques initiaux des patients atteints de maladie d’Alzheimer. Des traitements neurochirurgicaux, avec des résultats souvent spectaculaires, sont proposés dans certaines formes d’épilepsie, de maladie de Parkinson ou autres mouvements anormaux. Il reste encore beaucoup à faire, bien sûr, et c’est tout le défi de la recherche actuelle en neurosciences expérimentale et clinique. Outre les signes dermatologiques accompagnant certaines affections neurologiques, sujet de ce numéro spécial, il faut désormais avoir en tête que la neurologie n’est plus une spécialité “contemplative”, et qu’une manifestation dermatologique chez un patient neurologique peut être le fait d’une réaction à l’un des nombreux traitements actuellement utilisés dans cette discipline. 44 Images en Dermatologie • Vol. V • n° 2 et 3 • mars-juin 2012