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Précocité de l'appel au Samu : facteur clé de succès
En France, l'urgence coronarienne est indissociable de l'activité des Samu-Centres 15. La
douleur thoracique est l'un des motifs d'appel le plus fréquent. Pour le médecin régulateur,
tout appel pour douleur thoracique, suspecte ou évocatrice, engage les moyens d'une unité
mobile de Smur. Cette prise en charge rapide et efficace doit permettre de porter le diagnostic
et d'initier la reperfusion coronaire [16]. Le rôle du Smur est donc essentiel dans le cadre de
l'infarctus, mais aussi dans le cadre plus large des syndromes coronariens aigus où il peut
initier là aussi la thérapeutique et également identifier rapidement la gravité potentielle du
patient pour l'orienter correctement [17] [18]. La concertation entre les urgentistes et les
cardiologues est une étape prépondérante au succès de cette filière de soins, de ce réseau de
l'urgence coronaire. Dès que le temps écoulé entre les premiers symptômes et la prise en
charge initiale est supérieure à 20 min, le bénéfice de la médicalisation préhospitalière est
incontestable [19]. Le principal acteur déterminant de ces premières heures est donc le patient
lui-même ou son entourage immédiat. C'est probablement là que se situe le cœur du
problème ; en effet les registres les plus récents le démontrent [20] : plus de 65 % des patients
échappent à toute stratégie de reperfusion parce qu'ils alertent trop tard ou mal. Il s'agit là d'un
mal international qui concerne particulièrement des sous-populations de patients à risque [21].
Cette alerte tardive apparaît comme encore plus marquée dans l'angor instable [3].
PRISE EN CHARGE INITIALE
Intervenants médicaux
La prise en charge d'un patient suspect d'infarctus ou de syndrome coronarien aigu est
incontestablement un acte de réanimation préhospitalière exigeant une formation préalable
encadrée [22]. Ce médecin, senior de l'urgence, encadre une équipe de Smur disposant d'un
matériel de réanimation complet et immédiatement accessible [23]. L'organisation du travail
en équipe est un gage de réussite [24]. En effet une formation conjointe des médecins et des
paramédicaux à la gestion globale de ces patients permet ici encore de gagner du temps.
Diagnostic avant tout clinique
La douleur peut être typique, d'allure angineuse, à début brutal, intense, rétrosternale
constrictive en barre avec ou sans irradiations. Elle s'accompagne alors d'une sensation de
mort imminente, évolue depuis 30 min et résiste à la prise de dérivés nitrés. Elle est souvent
associée à des signes d'accompagnement tels que des troubles digestifs, un malaise général,
des sueurs, une pâleur, des lipothymies qui parfois résument la symptomatologie. Mais
parfois la douleur peut être absente (5 à 10 % des cas), en particulier chez le sujet âgé et
diabétique [25]. Les formes atypiques sont fréquentes dans leur topographie, leur intensité ou
leur mode de révélation. L'horaire de survenue de la douleur est un élément essentiel à
rechercher car déterminant pour la décision thérapeutique. L'interrogatoire recherche les
antécédents du patient, une éventuelle histoire coronarienne familiale, les traitements en
cours, leur observance ou leur changement récent. Cependant, il convient de remarquer que,
dans le cadre de l'activité des Smur, l'infarctus est inaugural dans plus de 50 % des cas. La
recherche de facteurs de risque majeurs, tels que l'hypercholesterolémie, l'hypertension
artérielle, le tabagisme ou le diabète, est toujours réalisée car ce sont autant d'éléments de
gravité surajoutés qui interviennent, non seulement dans la décision thérapeutique mais
également dans l'orientation du patient. La mesure des constantes vitales, l'auscultation
démasqueront une éventuelle mauvaise tolérance hémodynamique signant le choc