Thème 10B. Racines d’un polynôme Chapitre no10. Polynômes
Dans ce chapitre, Kdésigne l’un des corps Rou C.
1 Multiplicité
On considère un polynôme PK[z] et un scalaire αK.
Définition 1 (Racine)
On dit que αest une racine de Psi P(α)=0.
Lemme 2 (CNS de factorisation)
Le scalaire αest racine de Psi, et seulement si, (zα) divise P.
Autrement dit, les seuls polynômes qui s’annulent en αsont ceux de la
forme (zα)Q(z), QK[z].
Exercice 1 (Démonstration de 2)
1. Traiter le cas P=0.
2. Dans cette question, on suppose que deg(P)Ê0 (i.e.P6=0).
(a) À l’aide de la DE, montrer qu’il existe QK[z] tel que P(z)=(zα)Q(z)+P(α).
(b) En déduire que : P(α)=0(zα) divise P(z).
(c) Quel-est le degré de Q?
äDémonstration de 2. On distingue deux cas :
(i) Si P=0 alors Ps’annulle en αet est divisible par (zα).
(ii) Si P6=0, on note alors n:=deg(P)Ê0.
() Supposons d’abord que P(α)=0. La division euclidienne de Ppar z7→(zα) donne
alors l’existence d’un unique couple de fonctions polynômes (Q,R) tel que,
zK,P(z)=(zα)Q(z)+R(z) avec deg(R)<1.
En particulier, Rest une fonction constante. Or on a :
0=P(α)=(αα)Q(α)+R(α) donc R(α)=0.
La fonction Rest donc la fonction nulle, ce qui prouve que P(z) se factorise par (zα).
() Réciroquement, Si P(z) est divisible par (zα) alors il existe gK[z] tel que, pour
tout réel x,P(z)=(zα)g(z). Donc : P(α)=(αα)g(α)=0. ä
Remarque 1 (Conséquence)
L’ensemble {kN: (zα)kdivise f} est donc non vide et d’autre part majoré par deg(f).
Il admet donc un plus grand élément m. On peut donc poser :
Définition 3 (Multiplicité d’une racine)
On suppose que Pn’est pas identiquement nul.
Si αest une racine de Palors il existe un entier mÊ1 tel que :
(xα)mdivise Pet (xα)m+1ne divise pas P.
On dit que mest l’ordre de multiplicité de la racine αde P.
On note ordα(P)=m.
On convient que si αn’est pas racine de Palors ordα(P)=0.
Lorsque ordα(P)Ê1, on parle de racine multiple. Une racine d’ordre de
multiplicité 1 (resp. 2) est appelée racine simple (resp. double).
Exercice 2 (Illustration)
On pose θ(x)=2x39x2+15
2x+25
2. Montrer que 5
2est racine d’ordre 2.
En déduire la factorisation de θen produit de polynômes de degré 1.
Proposition 4 (Multiplicité et dérivation)
On suppose que Pn’est pas identiquement nul.
(i) Si αest une racine de Pde multiplicité mÊ1 alors αest une racine
de P0de multiplicité m1.
(ii) αest une racine de Pde multiplicité mÊ1 si, et seulement si,
P(α)=P0(α)=···=P(m1)(α)=0.
Exercice 3 (Illustration)
Retrouver le fait que θ(x)=2x39x2+15
2x+25
2admet 5
2comme racine d’ordre 2.
Hypokhâgne B/L — 2010/2011 1/7 Lycée Félix Éboué, le 25/02/11
Thème 10B. Racines d’un polynôme Chapitre no10. Polynômes
Exercice 4 (Racines de l’unité)
Pour nN, on pose Φn(x)=zn1. Montrer que Φn’admet que les racines simples.
2 Racines d’un trinôme du second degré
Lemme 5 (Racines carrées d’un nombre complexe)
Soit λun nombre complexe non nul.
L’équation Z2=λadmet exactement deux solutions dans C, opposées
l’une de l’autre.
Ces solutions sont appelées les racines carrées complexes de λ.
Exercice 5 (Deux méthodes usuelles)
1. Cas simples : Déterminer les racines carrées de :
• −2 ; ±i;±K i ;±K(R
+).
2. Avec la forme exponentielle
(a) Écrire p3isous forme exponentielle.
(b) On considère Z2=p3iet on pose Z=Reiθ.
Exprimer Ret θen fonction du module et de l’argument principal de p3i.
(c) En déduire les racines carrées de p3isous formes exponentielles et algé-
briques.
3. Avec la forme algébrique (rappel)
(a) Calculer le module de 11
2+15i.
(b) On considère Z2=11
2+15iet on pose Z=X+i Y .
Exprimer Z2et |Z|2en fonction de Xet Y.
(c) En déduire les valeurs. de Xet Ypuis les racines carrées de 11
2+15i.
Exemple 1 (Calcul avec la forme algébrique et le module)
Pour obtenir les racines carrées de λ=512i,
on cherche Z=X+i Y Ctel que Z2=512i.
Notons que : |Z|2=|512i|=p25 +144 =p169 =13. D’autre part :
Z2=(x2y2)+2i x y, donc
Z2=512i
x2+y2=13
x2y2=5
2x y = 12
.
Or, en faisant 1
2(L1+L2)L1 et 1
2(L1L2)L2, on obtient :
x2+y2=13
x2y2=5
2x y = 12
x2=9
y2=4
x y <0½x=3 et y=2
x=3 et y=2.
Les racines carrées de 512isont donc : 32iet 3+2i.
L’équation générale de degré 2dans C
Soient a,bet ctrois nombres complexes, avec anon nul.
On cherche les racines du polynôme P:½CC
z7→ az2+bz +c.
On procède comme sur R: comme a6=0, on peut écrire, pour tout zC,
az2+bz +c=aµz2+b
az+c
a
=a·z2+2b
2az+µb
2a2
µb
2a2
+c
a¸
=a·µz+b
2a2
b24ac
4a2¸.
On obtient ainsi :
Lemme 6 (Forme canonique d’un trinôme)
Pour tout zC,
az2+bz +c=a·µz+b
2a2
4a2¸,
où l’on a posé =b24ac (appelé discriminant de P).
À l’aide du lemme 5et de la troisième identité remarquable, on en déduit :
Hypokhâgne B/L — 2010/2011 2/7 Lycée Félix Éboué, le 25/02/11
Thème 10B. Racines d’un polynôme Chapitre no10. Polynômes
Théorème 7 (Équation du second degré dans C)
Le polynôme P:z7→ az2+bz +c=0 admet deux racines complexes.
Soit δune racine carrée complexe du discriminant =b24ac.
Les racines de Psont alors : α1=bδ
2aet α2=b+δ
2a.
Remarque 2 (Racines distinctes ou confondues)
Les racines de Psont distinctes si, et seulement si, 6=0.
Si =0 alors Padmet une unique racine, dite double :α0=b
2a.
Remarque 3 (Discriminant réduit)
On peut parfois simplifier les calculs en posant b0=b
2et 0=
4.
On cherche alors δ0Ctel que δ02=0et les racines de Psont
α1=b0δ0
aet α2=b0+δ0
a.
Le nombre 0=b02ac est applelé discriminant réduit de (E).
Exercice 6 (Application directe)
Résoudre dans Cles équations : 2z2+(4 +2i)z+6i6=0 ; 2z2+i.
äDémonstration de 7. D’après le lemme 5, il existe δCtel que δ2=; alors :
az2+bz +c=a·µz+b
2a2
µδ
2a2¸
=aµz+b
2aδ
2aµz+b
2a+δ
2a
=aµzb+δ
2aµzbδ
2a.
On en déduit que Padmet deux racines complexes :
α1=bδ
2aet α2=b+δ
2a.
ä
Désormais, on note α1et α2les racines complexes de P:z7→az2+bz +c.
Corollaire 8 (Forme factorisée)
Pour tout zC,az2+bz +c=a(zα1)(zα2).
En particulier, si =0, alors : az2+bz +c=aµz+b
2a2
.
Proposition 9 (Relations coefficients-racines)
Le couple (α1,α2)C2est solution du système ½z1+z2=b/a
z1z2=c/a.
Voir l’exercice 12 du TD pour une démonstration.
Remarque 4 (Cas particulier : somme et produit des racines)
Soient s,pC.
Les solutions complexes de ½z1+z2=s
z1z2=p.sont les couples (α1,α2) et
(α2,α1) où α1et α2sont les solutions de l’équation z2sz +p=0.
Exercice 7 (Application directe)
1. Développer l’expression (x1)(x4) en une seule étape.
2. Factoriser l’expression x23x+2 en une seule étape.
3. Résoudre dans Cle système suivant : ½x+y=2(1+i)
x y =10i.
Hypokhâgne B/L — 2010/2011 3/7 Lycée Félix Éboué, le 25/02/11
Thème 10B. Racines d’un polynôme Chapitre no10. Polynômes
Corollaire 10 (Cas réel)
On suppose que a,b,cR(avec a6=0). Dans ce cas =b24ac R.
Si >0 alors Padmet deux racines réelles distinctes :
α1=bp
2aet α2=b+p
2a.
Si =0 alors Padmet une unique racine réelle : α0=b
2a.
Si <0 alors (E) admet deux racines complexes conjuguées :
α1=bip
2aet α1.
Le corollaire 8et la proposition 9sont encore valables dans R.
Exercice 8 (Application directe)
Résoudre dans Cles équations :
z2+2z+1=0 ; z22z+4=0 ; z+1
z=p2 ; z4z25
2=0 ; z2+z+1=0.
3 Factorisation
3.1 Le théorème de d’Alembert-Gauss
Le théorème suivant fut appelé théorème fondamental de l’algèbre par Gauss, qui en
donna la première démonstration en 1849. Nous l’admettons ici.
Théorème 11 (d’Alembert-Gauss)
Tout polynôme complexe non constant admet une racine dans C.
Exercice 9 (Cas d’un polynôme réel : application du TVI)
Soit Pun polynôme réel de degré impair.
Exprimer les limites de Pen +∞et en −∞ en fonction du signe du coefficient dominant
de P. En déduire que l’équation P(x)=0 admet (au moins) une solution réelle.
3.2 Factorisation polynôme complexe
Soit Pune fonction polynôme de degré nÊ1 à coefficients dans C.
En appliquant nfois le théorème 11, on obtient l’existence de complexes
α0
1,··· ,α0
n,KC(distincts ou confondus) tels que
zC,P(z)=K(zα0
1)···(zα0
n)=K
n
Y
j=1
(zα0
i).
En regroupant les α0j, on obtient :
Proposition 12 (Factorisation sur le corps C)
Il existe KCet des complexes α1,··· ,αpdeux à deux distincts tels
que : zC,P(z)=K(zα1)m1···(zαp)mp=KQp
i=1(zαi)mi,
avec
p
X
i=1
mi=deg(P).
Les αisont les racines complexes de Pet les mileurs ordres de multi-
plicité respectifs.
On dit aussi que Padmet nracines complexes, comptées avec leur mul-
tiplicité.
Exercice 10 (Illustration)
On pose η(z)=z3+2z2+z+2. Montrer que 2 est racine de η.
En déduire la factorisation de ηen produit de polynômes complexes de degré 1.
3.3 Factorisation d’un polynôme réel
On considère un polynôme PR[x] de degré nÊ1.
Lemme 13 (Racine et conjugué)
Si αest une racine complexe de Palors αaussi, de même multiplicité.
Ce lemme, combiné à la proposition 12, permet d’obtenir :
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Thème 10B. Racines d’un polynôme Chapitre no10. Polynômes
Proposition 14 (Factorisation sur le corps R)
Il existe :
des réels α1,··· ,αpdeux à deux distincts,
des trinômes réels aix2+bix+ci(1 ÉiÉ`) à discriminants négatifs
et un réel Ktels que, pour tout xR,
P(z)=(zα1)m1···(zαp)mp(a1x2+b1x+c1)n1···(a`x2+b`x+c`)n1,
avec
p
X
i=1
mi+2
p
X
i=1
ni=deg(P).
Les αisont les racines complexes de Pet les mileurs ordres de multi-
plicité respectifs.
En particulier, Padmet au plus nracines réelles.
Exercice 11 (Application directe)
Factoriser dans Cpuis dans R:x3x2+x6 ; x31 ; x4+1 ; x42x3x+2.
Exercice 12 (Racines de l’unité)
1. Soit nN. Rappeler les racines nièmes de l’unité.
En déduire la factorisation dans Cdu polynôme Φn:z7→zn1.
2. En régroupant les facteurs associés à des racines conjuguées, en déduire la factori-
sation de Φdans R.
Travaux dirigés
A Polynômes à coefficients réels
Exercice 1 (Factorisation)
Factoriser dans C, puis dans Rles expressions suivantes :
(a) f(x)=x32x211x+12 ;
(b) g(x)=x4x37x2+x+6 ;
(c) u(x)=x6+1 ;
(d) v(x)=x5+1 ;
(e) w(x)=x8+1 ;
(f) ε(x)=x2+x4+1.
Exercice 2 (Polynôme de degré 4)
Soit le polynôme réel P:x7→3x4+12x3+13x2+4x+4.
Montrer que 2 est une racine double de Ppuis factoriser P(x).
Exercice 3 (Polynôme de degré 3paramétré)
Soient aRet P(x)=x3+(22a)x2+a(a4)x+2a2.
Montrer aest une racine de Pd’ordre de multiplicité au moins égale à 2
et factoriser P.
Exercice 4 (Polynôme de degré 4paramétré)
Soient aun nombre réel et Ple polynôme défini par
P(x)=x4ax33x2+x(3a2)+2a
1. Montrer que 1 est une racine de P.
2. On suppose dans cette question que a6=1
(a) Déterminer l’ordre de multiplicité de 1.
(b) À l’aide d’une division euclidienne convenable, factoriser le poly-
nôme Pen produit de facteurs de degré 1.
3. On suppose dans cette question que a=1.
(a) Expliciter Pet déterminer l’ordre de multiplicité de 1.
(b) Factoriser le polynôme Pen produit de facteurs de degré 1 (sans
effectuer de division euclidienne).
äUn corrigé de 4.
1. P(1) =1+a3(3a2)+2a=0.
(a) P(1) =0 ; P0(1) =0 ; P00(1) =6(1 +a)6= 0 d’après l’énoncé ;
donc 1 est un zéro d’ordre 2.
Hypokhâgne B/L — 2010/2011 5/7 Lycée Félix Éboué, le 25/02/11
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