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Th´eor`eme 1.4. — Soient P1et P2deux sous-espaces de dimension finie d’un espace
projectif, et Pl’espace engendr´e par leur r´eunion. L’espace Pest de dimension finie,
l’intersection P1∩P2est un sous-espace projectif de dimension finie, et :
dim P1+ dim P2= dim P+ dim(P1∩P2).
En particulier, deux droites distinctes du plan projectif se coupent toujours en un point
et un seul. Les parall`eles ont disparu des ´enonc´es. Il a suffit pour cela d’adjoindre aux
droites affines un point suppl´ementaire portant l’information de leur direction (point `a
l’infini, qui se mat´erialise en point de fuite dans le dessin en perspective). Noter aussi que
cet ´enonc´e est formellement similaire `a l’´enonc´e : par deux points distincts passent une
droite et une seule (voir le chapitre sur la dualit´e).
Exercice 12. — Toute droite projective rencontre un hyperplan projectif en un point et
un seul.
Exercice 13. — On prend pour Kle corps premier `a p´el´ements. Combien l’espace pro-
jectif de dimension ncontient-il de droites projectives ?
Exercice 14. — Une compagnie organise des croisi`eres d’un mois en ´et´e; elle promet,
entre autres choses, `a chaque passager de pouvoir partager un dˆıner avec le commandant.
Comme, jour apr`es jour, l’invit´e, esseul´e, s’ennuie `a la table des officiers, le commandant
d´ecide pour le second mois de faire en sorte que chaque couple de passagers se rencontre
une fois `a sa table. Le chef des cuisines, qui sait compter, prend ce changement assez
mal et pr´evient qu’il refuse de servir plus de six invit´es `a chaque dˆıner. Le commandant,
qui compte encore mieux, r´eplique que c’est exactement ce qu’il lui faut. Cette discussion
a-t-elle lieu le 29 juillet ou le 26 aoˆut ? Le commandant a-t-il raison ?
1.9. Coordonn´ees projectives. — Pour rep´erer les points d’un espace projectif P(E),
le plus simple est d’utiliser les coordonn´ees d’un vecteur directeur dans une base de l’espace
vectoriel E. Elles ne sont bien d´efinies qu’`a un coefficient de proportionnalit´e pr`es; on les
nomme coordonn´ees homog`enes.
Si on se donne les coordonn´ees homog`enes de deux points d’une droite, disons (1 : 0) et
(0 : 1) pour fixer les id´ees, les coordonn´ees homog`enes des autres points ne sont pas pour
autant d´etermin´ees. Les coordonn´ees d’un troisi`eme point sont n´ecessaires.
D´efinition 1.5. — Soit nun entier positif ou nul, et soit P(E) un espace projectif de
dimension n. Un rep`ere projectif de P(E) est un (n+ 2)-plet de points (M0, . . . , Mn+1)
tel qu’il existe une base de l’espace vectoriel E, (e0, . . . , en), tel que le vecteur eidirige
Mi, et la somme e0+· · · +endirige Mn+1.
Proposition 1.6. — Dans les notations ci-dessus, un rep`ere (M0, . . . , Mn+1)d´etermine
la base (e0, . . . , en)`a un coefficient de proportionalit´e pr`es.
Exercice 15. — Utiliser ce r´esultat pour d´emontrer que deux applications lin´eaires in-
duisent la mˆeme homographie si et seulement si elles sont proportionnelles.
D´emonstration. Soient (e0, . . . , en) et (e0
0, . . . , e0
n) deux bases qui conviennent. On a donc,
pour chaque i,e0
i=aieipour un scalaire ai. La condition sur le dernier point nous dit
qu’il existe un scalaire, non nul, atel que : Pi=n
i=0 e0
i=aPi=n
i=0 ei. Cette somme vaut
par ailleurs Pi=n
i=0 aiei, et comme la famille (e0, . . . , en) est libre, c’est que tous les ai
´egalent a. On peut se demander quels points peuvent compl´eter une suite de points en un
rep`ere projectif. Pour la droite projective, tout triplet de points distincts est un rep`ere;