L’indicateur avancé du Crédit Mutuel, calculé à partir des données de fin janvier, annonce encore une forte
contraction de l’activité économique française au premier semestre 2009 dans un environnement mondial
particulièrement récessif. Le PIB en volume, selon une première estimation de l’INSEE, a reculé de 4,6 % l’an au
dernier trimestre 2008, limitant la croissance 2008 à 0,7 % contre 2,1 % en 2007, un retournement de l’activité égal
à celui de la zone euro (0,7 % après 2,6 % en 2007). Les mille chantiers pour relancer la France ainsi que les plans
qui vont se succéder en Europe, mais également dans le monde, ne pourront dans un premier temps que stabiliser
l’économie, sachant que chaque pays connaît des difficultés spécifiques. La France, dont l’objectif immédiat du plan
de relance est d’aller vite pour enrayer ce mécanisme récessif, devra aussi renforcer sa compétitivité. En dix ans, de
1998 à 2008, la part des exportations
françaises dans le total des
exportations de la zone euro est
passée de 17 % à 13,4 %. La cause
la plus évidente de ce recul est la
baisse brutale de la durée du travail
et les hausses de coûts salariaux. En 2008, le déficit du commerce extérieur a atteint 55,7 milliards d’euros. La
production industrielle (hors BTP) s’est repliée de plus de 11 % en 2008, retrouvant ses niveaux de dix ans
auparavant. Le choc de la hausse du chômage va retarder la reprise. Après plusieurs années d’expansion régulière au
rythme de 2 à 3 % l’an, les ventes de produits manufacturés stagnent et la demande de services recule. En 2009,
l’évolution de la consommation va dépendre de plusieurs facteurs contradictoires : l’emploi, les salaires, les
prestations sociales, l’inflation et le partage consommation-épargne. La récession devrait conduire à une baisse de
l’emploi de l’ordre de 350 000 postes dans le courant de l’année et à un tassement de la hausse du salaire moyen par
tête. La progression du pouvoir d’achat du revenu disponible brut serait de l’ordre de 0,5 à 1 %, légèrement
inférieure à celle de 2008. Mais à l’opposé, la hausse des prix à la consommation, limitée à 0,6 % en moyenne en
2009 après 2,8 % en 2008, est un puissant facteur de soutien de la demande. En revanche, le partage consommation
– épargne reste incertain. Le taux d’épargne devrait être influencé à la hausse par la montée du chômage et à la
baisse par le repli des taux d’intérêt. La Banque centrale européenne a décidé le 5 février de laisser son taux de
refinancement inchangé à 2 %, jugeant inapproprié de suivre le chemin de la Banque d’Angleterre vers une politique
de taux zéro.
L’indicateur conjoncturel avancé du Crédit Mutuel, qui
anticipe d’environ 6 à 8 mois la croissance de l’économie
française, a été mis en place en septembre 1992 avec la collaboration de François Milléquant, Chargé de
Recherche au CNRS, Directeur d’Industries et Services Iéseg (Recherches économiques sur les secteurs industriels
et les services), qui a développé un outil régional avec le groupe de Lille. L’indicateur avancé a fait l’objet, pour la
troisième fois en mai 2007, d’un test afin de contrôler la stabilité et le pouvoir prédictif des séries sélectionnées. La
même méthode de lissage a été utilisée. L’indice d’ensemble, qui est constitué de 6 sous-indicateurs, se définit en
variation par rapport à 100 qui n’est pas l’origine des observations mais une situation tendancielle à long terme de
l’économie qui évolue progressivement un mois après l’autre.
L’indicateur avancé repose désormais sur 33 séries statistiques, visant à couvrir les principaux secteurs de
l’activité et tenant compte notamment des influences exercées par l’extérieur. La vision plutôt micro-économique
des sphères financière et réelle adoptée en 1992 a été préservée dans la nouvelle version 2007. Les séries ont été
choisies pour leur aptitude à détecter les inflexions de l’activité. Trois séries ont été retirées, en revanche quatre
ont été introduites. Chaque série est corrigée des variations saisonnières et lissée par une moyenne mobile
pondérée. Les résultats sont ensuite regroupés dans 6 sous-indicateurs « thématiques ».
UN PREMIER SEMESTRE 2009 ENCORE A
RISQUE
Février 2009 – N° 222
M é t h o d o l o g i e
2
I n t e r n a t i o n a l
Le sous-indicateur «international» poursuit sa chute. Le
commerce mondial se contracte, bien que les prix des
produits de base se soient stabilisés. Le prix du baril de
Brent oscille autour de 43 dollars. Dans la zone euro, la
conjoncture reste défavorable et les perspectives de
production se replient, mais à un rythme qui s’atténue
nettement. Les tensions sur les capacités de production
continuent de diminuer. Les stocks commencent à baisser.
M é n a g e s
La composante «ménages» a interrompu son trend baissier.
Bien qu’à un niveau historiquement bas, l’indice de
confiance des ménages est remonté, retrouvant son point
de mai 2008. Les Français restent pessimistes sur
l’évolution de leur niveau de vie du fait de la hausse du
chômage. Ils modèrent leur demande de prêts à l’habitat
(+8 % l’an en décembre contre 8,6 % précédemment et
4,9 % après 6,1 % en rythme trimestriel annualisé).
F i n a n c e s
Le sous-indicateur «finances» s’est redressé. La courbe des
taux se repentifie. L’euribor à trois mois s’est détendu à
1,91 % (le 17 février) et le taux des emprunts d’Etat à dix
ans à 3,7 %. L’accélération des comptes sur livret (11 %
l’an en décembre) très marquée sur les derniers mois
l’emporte sur le ralentissement des dépôts < à 2 ans. Les
indices boursiers ont retrouvé leur plus bas niveau. Le
CAC 40 peine à se maintenir autour des 3000 points.
A c t i v i t é
L’agrégat «activité» accentue sa chute. Le nombre des
demandeurs d’emploi a atteint 2,54 millions fin 2008.
Malgré le plan de relance, les destructions nettes d’emplois
salariés dans les secteurs marchands atteindraient 214 000
au premier semestre 2009 selon l’INSEE. La récession
frappe tous les secteurs. Le repli des exportations et le
déstockage massif ont fait chuter la production, notamment
dans l’automobile du fait du chômage technique.
D e m a n d e
L’agrégat «demande» continue de s’effondrer. Les
importations reculent et les ventes, en volume, ont rechuté
sur les derniers mois de 2008. Les investissements en
immobilier d’entreprise ont été divisés par deux en un an
dans l’Hexagone. Les immatriculations de véhicules
utilitaires de moins de 5 tonnes sont en baisse de plus de
20 % en janvier sur un an. Dans l’industrie, les carnets de
commandes sont peu étoffés, mais se dégarnissent moins.
P e r s p e c t i v e s
Le climat des affaires s’est stabilisé, mais reste à un bas
niveau historique. Au vu des perspectives personnelles de
production toujours très basses, notamment dans les biens
intermédiaires et dans les biens de consommation,
l’activité reculerait de nouveau au premier trimestre 2009.
Le solde des opinions des industriels sur le niveau de leurs
stocks s’est rapproché de ses points hauts de 1993,
suggérant que le déstockage n’est pas arrivé à son terme.
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