l`indicateur avance laisse encore envisager un recul de l`activite

L’indicateur avancé du Crédit Mutuel, calculé à partir des données de fin décembre, prévoit un recul de l’activité
au premier semestre 2009 plus prononcé qu’en 1993, période de courte récession. La contraction du volume du PIB,
qui est estimée à plus de 3 % l’an au dernier trimestre 2008, devrait se prolonger tout en s’atténuant d’ici l’été
prochain sous l’hypothèse de l’efficacité des plans de relance. La prévision la plus optimiste mise sur un rebond de
l’activité économique après l’important mouvement de déstockage, mais la croissance resterait hésitante et modérée.
L’objectif de croissance exige à court terme le retour de la confiance des agents économiques et l’amorce d’une
normalisation sur les marchés financiers ainsi que la nécessité, pendant un certain temps, de couvrir les risques
pouvant conduire à une dépression durable. La détérioration du climat mondial
des affaires se répercute sur
l’industrie française. L’indice de la
production manufacturière a chuté
de 18,4 % l’an sur les trois derniers
mois. Les perspectives générales
d’activité ou les perspectives personnelles sont plus basses que lors de la dernière récession. Les intentions de
commandes dans le commerce spécialisé ne cessent de se dégrader. Le commerce extérieur a ralenti en fin d’année,
mais depuis la fin 2006 une relative stabilisation des parts de marché des exportations françaises dans les
exportations de la zone euro est intervenue. Les entreprises vont devoir faire face à une érosion de leurs marges
d’exploitation qui peut, pour certaines, se doubler de difficultés de trésorerie. Mais la distribution du crédit se
poursuit. L’encours des crédits aux entreprises non financières était encore en hausse de 11,6 % sur un an fin
novembre. Cependant, il est essentiel que la baisse des taux directeurs de la Banque centrale européenne se
transmette aux taux interbancaires pour que le coût du crédit baisse. Sur le marché obligataire, les spreads encore
élevés entre les taux des obligations privées et les obligations publiques illustrent bien le fait que la crise actuelle est
avant tout une crise de confiance qui touche également les ménages. Leur moral est resté à un bas niveau tout au
long de l’année 2008, l’évolution du chômage dans les douze prochains mois étant un sujet majeur d’inquiétude.
Aussi, la baisse de l’inflation à 1 % en glissement en décembre n’occasionnerait qu’un faible effet de soutien à la
dépense des ménages. Afin d’accompagner les plans de relance, la Banque centrale européenne a décidé le 15
janvier d’abaisser de 50 points de base son taux de refinancement de 2,50 % à 2 %, un plancher historique pour le
principal taux.
L’indicateur conjoncturel avancé du Crédit Mutuel, qui
anticipe d’environ 6 à 8 mois la croissance de l’économie
française, a été mis en place en septembre 1992 avec la collaboration de François Milléquant, Chargé de
Recherche au CNRS, Directeur d’Industries et Services Iéseg (Recherches économiques sur les secteurs industriels
et les services), qui a développé un outil régional avec le groupe de Lille. L’indicateur avancé a fait l’objet, pour la
troisième fois en mai 2007, d’un test afin de contrôler la stabilité et le pouvoir prédictif des séries sélectionnées. La
même méthode de lissage a été utilisée. L’indice d’ensemble, qui est constitué de 6 sous-indicateurs, se définit en
variation par rapport à 100 qui n’est pas l’origine des observations mais une situation tendancielle à long terme de
l’économie qui évolue progressivement un mois après l’autre.
L’indicateur avancé repose désormais sur 33 séries statistiques, visant à couvrir les principaux secteurs de
l’activité et tenant compte notamment des influences exercées par l’extérieur. La vision plutôt micro-économique
des sphères financière et réelle adoptée en 1992 a été préservée dans la nouvelle version 2007. Les séries ont été
choisies pour leur aptitude à détecter les inflexions de l’activité. Trois séries ont été retirées, en revanche quatre
ont été introduites. Chaque série est corrigée des variations saisonnières et lissée par une moyenne mobile
pondérée. Les résultats sont ensuite regroupés dans 6 sous-indicateurs « thématiques ».
L’INDICATEUR AVANCE LAISSE ENCORE
ENVISAGER UN RECUL DE L’ACTIVITE
Janvier 2009 – N° 221
M é t h o d o l o g i e
2
I n t e r n a t i o n a l
Le sous-indicateur «international» est tombé à un bas
niveau. Les exportations en dollar des principaux pays
exportateurs ont encore baissé en octobre, un recul de plus
de 46 % l’an sur les trois derniers mois. Les taux de fret
maritime sur cargaisons secs restent à un niveau déprimé.
La zone euro se trouve en situation de récession technique.
Tous les moteurs de l’activité tournent au ralenti. Les
perspectives d’activité dans l’industrie sont au plus bas.
M é n a g e s
La composante «ménages» sous l’effet d’une nouvelle
baisse du moral des ménages recule. Les achats de voitures
(2,05 millions en 2008) ont chuté sur les six derniers mois
de l’année. Le marché français subit les effets de la crise
financière mondiale, retrouvant ses plus bas niveaux
depuis la mi-1998. Les ménages ont aussi freiné leurs
achats immobiliers. Le rythme annuel des prêts à l’habitat
est revenu de 9,3 % en octobre à 8,1 % en novembre.
F i n a n c e s
Le sous-indicateur «finances» tend à se stabiliser. Mais, les
marchés boursiers ont interrompu leur redressement. Le
SBF250, après une perte de 43 % en 2008, a rechuté de
4,7 % depuis le début de l’année. Le taux de l’euribor à
trois mois s’est détendu à 2,57 % (le 14 janvier) et le taux
des emprunts d’Etat à dix ans à 3,5 %. La croissance des
dépôts à court terme reste vive (+18,9 % en rythme annuel
en novembre), notamment celle des comptes sur livret.
A c t i v i t é
L’agrégat «activité» poursuit son ralentissement. Le
marché du travail a connu une forte dégradation en
novembre. 64 000 chômeurs supplémentaires ont été
enregistrés, alors que les offres d’emploi s’effondrent.
L’activité se dégrade dans tous les secteurs y compris dans
les services. La contraction des débouchés continue
d’éroder substantiellement les bénéfices d’exploitation
malgré la baisse des prix des matières premières importées.
D e m a n d e
L’agrégat «demande» s’effondre. Les ménages ajustent
leurs dépenses au lieu de puiser dans leur épargne et les
entreprises retardent leurs investissements. Les surfaces
autorisées en constructions non résidentielles ont baissé de
24,6 % l’an sur les trois derniers mois. Les
immatriculations de véhicules utilitaires de moins de 5
tonnes ont chuté de 16,7 % en décembre. Dans l’industrie,
les carnets de commandes sont peu étoffés.
P e r s p e c t i v e s
Le climat des affaires, qui est à son niveau le plus bas,
n’incite pas à lancer des projets. Les perspectives
personnelles restent au-dessous de leur minimum
historique. De même, les perspectives générales sont
sombres, alors que la demande publique devrait donner un
supplément d’activité aux PME. Dans ce contexte, les
mesures d’aide au financement et au soutien des trésoreries
des entreprises sont plus que salutaires.
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