Eléments de vocabulaire : didactique comparée

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Pédagogies et apprentissages / Doc. 2
Petit vocabulaire de la didactique
La didactique est la “ science de l’étude ”, elle dépasse le pédagogisme (discours prescriptif, centré sur la relation élève-professeur,
dans la subordination du savoir) et l’intellectualisme (déni de la pratique). Elle s’efforce de combler le déficit linguistique du champ de
l’enseignement, en produisant des concepts capables d’appréhender la complexité ; les catégories didactiques permettent de construire une
meilleure intelligibilité des actes d’enseignement et d’apprentissage, et fournissent un cadre compréhensif à la production de l’action du
professeur, en modélisant des situations didactiques qui permettent à l’élève de donner du sens aux connaissances qu’il manipule (Brousseau).
Relation didactique : C’est la relation ternaire professeur-élèves-savoirs Elle engage notamment le maître comme personne auprès des élèves
dont il a institutionnellement la charge. Si le maître est responsable de créer les conditions de l’apprentissage, cela commence par une activité
instituante dans la classe, qui doit être pensée au sens éthique.
Contrat didactique : “ Dans une situation d’enseignement, préparée et réalisée par un maître, l’élève a en général pour tâche de résoudre le
problème (…) qui lui est présenté, mais l’accès à cette tâche se fait à travers une interprétation des questions posées, des informations
fournies, des contraintes imposées qui sont des constantes des façons d’enseigner du maître. Ces habitudes (spécifiques) du maître attendues
par l’élève et les comportements de l’élève attendus par le maître, c’est le contrat didactique ” (Brousseau). Mais le contrat didactique pose un
problème difficile, celui de la présentation du sens des activités proposées à l’élève : donner du sens aux savoirs enseignés est un enjeu essentiel
du contrat didactique.
Transposition didactique : elle désigne la transformation opérée pour passer du savoir “ savant ” (qui peut être dans certains cas un savoir
“ expert ”, par exemple celui de l’athlète, et plus généralement de l’éducation physique et sportive, ou celui de l’artiste) au savoir à enseigner ;
elle est “ le travail qui, d’un objet de savoir à enseigner, en fait un objet d’enseignement ” (Chevallard).
Dévolution : “ caractérise le processus par lequel l’enseignant parvient dans une situation didactique à placer l’élève dans une situation
adidactique. La dévolution consiste, pour lui, non seulement à présenter à l’élève l’activité intellectuelle qu’il veut lui faire pratiquer, mais aussi à
faire en sorte qu’il se sente responsable, au sens de la connaissance et non de la culpabilité, du résultat qu’il doit chercher ” (Brousseau).
La dévolution implique donc un transfert de responsabilité (celle d’une situation d’apprentissage) en direction de l’élève ; l’élève se sent
responsable des savoirs qu’il doit construire, et se rend lui-même sujet de ses apprentissages ; le professeur “ accepte lui-même les
conséquences de ce transfert ”.
Situation adidactique : “ elle apparaît à l’élève comme une interaction avec un milieu non didactique, du moins pour un temps suffisant. Il faut
pour cela que ses relations avec le milieu soient suffisamment prégnantes et adéquates et que les intentions du professeur lui soient
suffisamment opaques pour qu’il renonce à s’en servir pour guider ses options ”, le maître doit donc réussir à faire disparaître sa volonté en tant
que déterminante de ce que l’élève va faire (Brousseau).
Il est notamment question d’éviter ce que l’on a pu appeler “ l’effet Topaze ” (d’après la pièce de Pagnol, acte 1, scène 1) où l’élève
produit le comportement attendu sans construire la connaissance requise ; à rapprocher de “ l’effet Jourdain ” (d’après la pièce de Molière “ le
Bourgeois Gentilhomme ”) où l’enseignant projette dans la production de l’élève une connaissance que l’élève lui-même n’a pas produite.
Institutionnalisation : “ la prise en compte officielle par l’élève de l’objet de la connaissance et par le maître de l’apprentissage de l’élève est un
phénomène social très important et une phase essentielle du processus didactique ” (Brousseau) ; toute procédure efficace dans une situation
d’action (“ c’est ainsi que l’on peut faire ”), et toute formulation pérenne (“ c’est ainsi que l’on peut dire ”) doivent être intitutionnalisées dans la
classe.
Topogénèse et chronogénèse :
-La topogénèse désigne la répartition des tâches entre élèves et professeur, et implique un certain rapport à l’espace
(matériel et symbolique) de la classe ;
-la chronogénèse désigne la distribution du savoir sur l’axe du temps.
- Chevallard appelle “ déconcertation cognitive ” la pathologie du temps didactique (inhérente au contrat didactique
classique) qui se traduit par un enchaînement trop rapide de savoirs successifs non maîtrisés, induisant une logique de l’oubli.
Mémoire didactique : la mémorisation des événements signifiants, l’ancrage dans le passé didactique de la classe “ historicise ” le processus de
connaissance, ce dont dépend très largement la réussite scolaire (Brousseau / Sensevy).
Institution : L’anthropologue M. Douglas la définit ainsi : “ on entend institution au sens de groupement social légitimé. L’institution peut être
une famille, un jeu ou une cérémonie ”. Précisons avec G. Sensevy : “ La classe est une institution, mais elle est elle-même pleine d’une multitude
de systèmes symboliques qui peuvent être considérés comme des institutions ” ( sont ainsi des institutions les rituels, la dictée, l’exposé, le
conseil d’enfants, le journal scolaire…) ; “ l’institution peut être considérée comme un modèle qui permet de rendre intelligibles les pratiques
humaines ” (idem), une machine à fabriquer des catégories cognitives, affectives, elle est le milieu de l’action.
Mais toute institution est le fruit d’un travail d’institution qu’elle organise en retour ; le travail d’institution, ou “ activité instituante ” consiste à
transformer l’obligation de travailler en vouloir productif, par l’évaluation permanente et coopérative des conditions de vie dans le milieu-classe.
Pour maîtriser ces concepts, l’étude des ouvrages suivants est recommandée :
- Brousseau G., Théorie des situations didactiques, La Pensée Sauvage, 1999.
- Chevallard Y., La transposition didactique, La Pensée Sauvage, 1985.
- Sensevy G., Institutions didactiques, PUF, 1998.
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