rôle de l’Etat que véhicule votre dispositif, lequel n’offre aucune garantie supplémentaire en
termes de pilotage et d’évaluation des investissements.
Pire, l’effet de vos réductions de crédit sera immédiat, c’est-à-dire qu’il se fera sentir dès
2010, alors que l’effet de l’emprunt ne se produira, s’il se produit, que dans le temps.
Ce dispositif trahit surtout votre volonté, non pas d’abonder les crédits de l’enseignement
supérieur et de la recherche dans leur ensemble, mais de cibler des pôles d’excellence
associant étroitement recherche fondamentale et recherche appliquée.
De la même façon, vous n’avez pas pour ambition d’aider les PME, mais de concentrer les
moyens sur les seules entreprises « innovantes », le développement des véhicules du futur et
le secteur aéronautique. On devine tout de suite qui va être servi.
De même, nous sommes dubitatifs quand, après avoir affirmé que la France devait « mieux
valoriser son effort de recherche », ce que nous approuvons, vous poursuivez votre phrase en
précisant : « dont elle ne tire pas suffisamment de profit financier ». Est-ce là le nouveau
noble objectif fixé à la recherche ? Si oui, c’est inquiétant.
Concentrer autant de moyens sur des niches aussi étroites pose question. Comme le souligne à
juste titre Jean-Louis Levet, directeur général de l’Institut de recherches économiques et
sociales, « c’est d’une action continue et multiforme que le pays a besoin, tout comme à
l’échelle européenne. Pour réorienter les financements vers des projets de long terme,
réhabiliter l’industrie dans la société, et notamment auprès des jeunes et des femmes, mettre
en oeuvre un effort soutenu et sans à-coups en matière de créativité, de recherche et
d’innovation dans l’ensemble des activités, tant les besoins sont considérables, en particulier
ceux liés à la mutation écologique de l’économie. Cette prise de conscience nous donne
l’opportunité de doter le pays d’une stratégie de développement par l’industrie. »
C’est bien ainsi que nous, communistes, voyons les choses, et par bien des aspects, les
priorités que vous nous proposez nous semblent encore tributaires de l’idée, à la mode il y a
quelques années, qui voulait que soit venu le temps de la « nouvelle économie », celle
d’internet et de la finance.
Ce modèle a précisément accompagné la désindustrialisation de notre pays, qui fut plus rapide
et profonde que chez beaucoup de nos voisins.
Les importantes pertes d’emplois industriels – moins 27 % depuis 1990 – ont provoqué un
transfert de la population active vers des emplois peu qualifiés et moins bien rémunérés. La
création de nouvelles activités dans les secteurs que l’on qualifiait déjà d’avenir est restée
durablement au point mort. L’industrie est à la portion congrue dans votre répartition de
l’emprunt. Surtout, celle-ci est beaucoup trop ciblée pour être efficace.
Nous nous interrogeons donc profondément sur les choix qui sont aujourd’hui les vôtres.
Rien, par exemple, n’y est prévu en faveur du rail, qui représente un enjeu considérable, pour
la réalisation d’infrastructures de transport nouvelles, de rénovations de matériel pour
dynamiser le tissu industriel ou améliorer l’offre de formation dans son ensemble.
Au lieu de faire de grands discours sur la limitation des émissions de gaz à effet de serre,
donnez donc les moyens à la SNCF d’empêcher la remise sur la route de milliers de camions
et de développer le fret ferroviaire. Investir dans le rail – voyageurs et fret – est un
investissement d’avenir. L’effort envisagé n’est absolument pas à la hauteur des enjeux dans
ce domaine.
La priorité est aujourd’hui, plus que jamais, de conforter les atouts de notre pays, durement
mis à mal par votre politique depuis quelques années : son modèle social, la qualité des