chaussure, alimentation, articles de loisir…) sans toutefois enclencher les mesures de sauvegarde
recommandées par l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et consignées dans l'article 35 de l'accord de
libre-échange de 1995 avec l'Union européenne (UE).
L'importation sauvage des biens de consommation a contribué, non seulement à l'alourdissement de
l'endettement extérieur, mais encore à la déstructuration de l'économie nationale, la part des industries
manufacturières dans la formation du PIB étant passée de 23% en 1993 à 15% en 2015.
La responsabilité de la décadence du secteur des «industries manufacturières» appartient principalement à la
non application des mesures de préservation (lois N° 96-106 et N° 99-09) et à l'indulgence avec les barons de
l'économie souterraine. Les conséquences sont visibles à l'œil nue : fermeture de PMI, destruction d'emplois,
fléchissement de la production et des exportations, chute des investissements industriels…
L'amplification du déficit de la balance des paiements résulte du gonflement du déficit commercial et de la
baisse des recettes touristiques, mais aussi de l'importance des dépenses en services, des échéances de la dette
extérieure, et des dividendes transférables au titre des IDE.
L'accentuation des déséquilibres extérieurs a été catalysée par des mécanismes de «fuite de capitaux» :
surfacturation des importations, sous-facturation des exportations, règlement de prestations fictives facturées
par environ 12.000 entreprises offshores (au capital de 500 €), plus proches de sociétés écrans que de sociétés
de services.
D'après le rapport du cabinet Political Economy Research Institute (PERI, Etats-Unis), l'on estime le cumul des
capitaux fuités de la Tunisie depuis 1970 à 50 milliards de dollars, dont les ¾ depuis les années 90 et dont plus
de 20% depuis 2011. Le pire c'est que ce constat est confirmé depuis plus de deux ans, sans qu'il ne soit suivi
de mesures réparatrices et d'actions dissuasives.
En intégrant toutes les formes de malversation, leur impact est déterminant aussi bien sur les équilibres
budgétaires que sur les équilibres extérieurs, particulièrement l'évasion fiscale, évitement douanier, fuite de
capitaux, corruption, contrebande, etc.
Maintenant les autorités financières nous vendent l'idée que l'État doit sortir de toute urgence sur le marché
international et lever 1 milliard d'euros pour soi-disant boucler le budget de 2016. Évidemment, cet emprunt va
nous coûter excessivement cher (≈7%) quand l'Euribor est à -0,4%.
Il est difficile de croire au prétexte avancé, portant couverture des salaires de novembre-décembre qui seront
réglés en monnaie locale. N'est-il pas stupide de financer un déficit en dinar avec des prêts en devises?
En revanche, on demeure convaincu que cette ressource d'emprunt additionnelle servira plutôt à couvrir 3
besoins, classés par ordre de priorité comme suit: 1- payer le reliquat du service de la dette ; 2- transférer des
dividendes à l'adresse des IDE; 3- couvrir les importations de biens de consommation superflus, des
concessionnaires auto, hypermarchés, chaînes franchisées, etc., et 4- régler les factures fictives de sociétés
écrans créées à l'étranger par des nationaux, à des fins de blanchiment d'argent et de fuite de capitaux.
Après l'emprunt improductif similaire levé par Mehdi Jomaa au terme de son mandat (1 milliard de dollars
US), Youssef Chahed confirme la chute périlleuse de la Tunisie dans la spirale du surendettement improductif
voire toxique.
Comme le remboursement de l'emprunt qatari a été reporté pour 2021 alors que l'emprunt de Mehdi Jomâa
échoit en 2020, la maturité recherchée par les autorités monétaires du pays serait plutôt de 7 à 10 ans. Ceci
laisse supposer un pricing horriblement cher (au-delà de 7%).