LA CHIRURGIE DU CANCER BRONCHIQUE NON A PETITES CELLULES A.Nekhla Journée de sensibilisation sur le cancer bronchique CHU de Tizi-Ouzou/ Astra-Zeneca Samedi 06 mai 2017 HISTORIQUE DU TRAITEMENT CHIRURGICAL DU CANCER BRONCHIQUE • 1933: 1ère pneumonectomie réussie pour cancer (Graham) • 1960: 48 cas de lobectomies radicales (avec curage) pour cancer (Cahan) • 1973: 168 segmentectomies pour cancer (Jensik) • 1995: résultats du seul essai randomisé LCSG lobectomies vs résections limitées OBJECTIFS Une exérèse carcinologique doit être anatomique, passer à distance des lésions et emporter la totalité des ganglions susceptibles d’être atteints. L’atteinte scissurale ou hilaire par la tumeur ou ses ganglions conduit à une pneumonectomie. Cette résection dépend: - topographie de la lésion - extension locorégionale - réserves cardio-respiratoires Curage ganglionnaire selon la notion de <station> Examens histologiques extemporanés - Section bronchique ± Sections vasculaires ± Relais ganglionnaires ± Plèvre CHOIX DE L’EXÉRÈSE Lobectomie :« gold standard » Pneumonectomie Segmentectomie Élargissements de nécessité: - vasculaires - pariétaux - trachéo-bronchiques VOIES D’ABORD 1°) Thoracotomie classique: Postéro-latérale, latérale et antéro-latérale. Avantages : - exérèse en toute sécurité - élargissement possible - curage ganglionnaire complet - découverte de nodules satellites Mais : - douleurs thoraciques - syndrome restrictif postopératoire 2°) Thoracotomie d’épargne musculaire • Axillaire • Postéro-latérale sans section musculaire Inconvénients - Exposition plus étroite mais suffisante pour la majorité des exérèses - Élargissement plus difficile à réaliser Avantage - Diminution des douleurs postopératoires 4°) Voie combinée cervicothoracique: Pancoast 3°) Vidéothoracoscopie ou chirurgie vidéo-assistée ou Robotique Utilisable que pour les petites tumeurs périphériques (T1). - Avantage esthétique - Validité du curage ? CURAGE GANGLIONNAIRE • • • • Partie intégrante de l’exérèse Curage pédiculaire et médiastinal Curage > Sampling Améliore la survie(niv 1) et permet un meilleur staging (niv 2) • morbidité - mortalité identiques (niv 1) • Élément essentiel : - thérapeutique - pronostique - indication des traitements adjuvants TYPES DE RÉSECTION • La lobectomie est le gold standard • La pneumonectomie en cas de franchissement de la scissure ou d’atteinte vasculaire médiastinale. • La segmentectomie avec curage est une alternative à la lobectomie dans les T ≤ 2 cm (niv 2), pour préserver la fonction respiratoire ou pour traiter un 2ème voir un 3éme cancer. • La résection atypique parait acceptable pour l’exérèse des opacités en verre dépoli de moins de 2 cm de diamètre ( études japonaises) et des cancers de moins de 3 cm de diamètre chez les grands insuffisants respiratoires ( niv 4) Types d’exérèse Segmentectomi • Lobectomie L • Résection « sub-lobaire » – Résection atypique W – Segmentectomie S Wedge Lobectomie LA LOBECTOMIE ÉLARGIE AU CARREFOUR BRONCHIQUE (ET/OU A L L’AXE ARTÉRIEL) DOIT ÊTRE PRIVILÉGIÉE A LA PNEUMONECTOMIE CHAQUE FOIS QUE POSSIBLE ( niv 2) • Tumeurs qui envahissent l’origine de la bronche lobaire et/ou l’ artère scissurale. • Mortalité postopératoire inférieure à celle de la pneumonectomie • Résultats carcinologiques proches de ceux des lobectomies SLEEVE LOBECTOMIES Bronchoplastie Sleeve-lobectomie avec angioplastie L’ENVAHISSEMENT DE CERTAINES STRUCTURES MÉDIASTINALES NE CONTREINDIQUE PAS L’ EXÉRÈSES CHIRURGICALE (niv 4) • Tumeurs T4 sélectionnées - trachée basse, carène - VCS - OG - syndrome de Pancoast. • Exérèse monobloc radicale possible • Morbidité – mortalité acceptable dans les équipes spécialisées. • Survie appréciable. CAS DES EXÉRÈSES ÉLARGIES A LA PAROI THORACIQUE • Envahissement par contiguïté • Exérèse monobloc de la tumeur et de la paroi thoracique • Nécessité parfois de reconstruction pariétale. • Mortalité postopératoire : 5% • Survie à 5 ans : 30 à 40% Pneumo-pariétectomie en mono bloc Lobo-pariétectomie en mono bloc CAS PARTICULIER DU SYNDROME DE PANCOAST ET TOBIAS • Exérèse monobloc par voie thoracique ou cervicothoracique • Mortalité postopératoire : 5,6% • Survie à 5 ans: 35% • Probable impact sur la survie d’une radiochimiothérapie préopératoire. Tumeur de l’Apex Spirométrie VEMS>1.5Lpour une lobectomie VEMS>2L pour une pneumonectomie VEMS>80% de la théorique VEMS<1.5L pour une lobectomie VEMS< 2L pour une pneumonectomie VEMS< 80% de la théorique Dyspnée inexpliquée ? Atteinte parenchymateuse diffuse ? NON OUI >80% théorique DLCO < 80% théorique VEMS post-op et DCO post-op > 40% Estimation DLCO et VEMS post-‐opératoire (%) VEMS post-op ou DLCO post-op < 40% VEMS post-op< 30% ou DLCO post-op + VEMS post-op < 1650 VO2 Max > 15ml/kg/min Risque habituel 10-15ml/kg/min Risque élevé < 10 ml/kg/min Risque opératoire et fonction • Bilan EFR + GDS • Scintigraphie de perfusion quantifiée si VEMS bas • Facteurs de risque – VEMS ppo <30 % théo – DLCO ppo < 40% théo – PO2< 50mmHg ? – PCO2> 45mmHg – Age> 75 • Epreuves d’effort dans les cas limites VO2Max (reflet pulmonaire, cardiaque et périphérique Si la fonction conduit à prévoir un VEMS post lobectomie entre 30 et 40%, une exérèse sublobaire doit être discutée SCINTIGRAPHIE DE PERFUSION EN FAIT LE PROBLÈME EST BEAUCOUP PLUS COMPLEXE • Valeur fonctionnelle du poumon opéré • Topographie de la lésion - lobe supérieur, lobe inférieur, lobe moyen - lésion périphérique, centrale • Possibilité ou non d’une une segmentectomie réglée ou atypique • État du parenchyme adjacent • Existence d’un emphysème avec distension thoracique • Comorbidités associées (fonction VG) • Age, tonicité, surpoids • Antécédent chirurgie thoracique LIMITES FONCTIONNELLES DES EXÉRÈSES PULMONAIRES • Discussion au cas par cas en RCP • Staffs multidisciplinaires expérimentés • Importance: - de la clinique. - des tests dynamiques. - de la préparation préopératoire. - de la prise en charge postopératoire. - de l’appréciation de la perte fonctionnelle liée à l’exérèse. - du choix de l’exérèse. MORBI-MORTALITÉ DE LA CHIRURGIE ONCOLOGIQUE THORACIQUE • Chirurgie thoracique = chirurgie « lourde » • Mortalité postopératoire - lobectomie = 2 à 3% - pneumonectomie = 5 à 10% - exérèses élargies = 7 à 15% • Facteurs de risque: - fonction respiratoire – tabac - comorbidité (cardiovasculaire) - exérèses élargies - traitement d’induction ? - qualification du service PRINCIPALES COMPLICATIONS POSTOPÉRATOIRES • Pneumopathies : BPCO, tabac, colonisation • ARDS (post-pneumonectomie) : • Complications cardiovasculaires AC/FA : embolie pulmonaire ischémie coronaire • Complications chirurgicales fistule : empyème 15% 5 à 10% 20% 1 à 2% Lambeau musculaire intercostal pour le moignon bronchique CHIRURGIE THORACIQUE = CHIRURGIE SPÉCIALISÉE • La qualification du chirurgien, la spécialisation de l’établissement et les volumes d’activité influencent les résultats de la chirurgie des cancers du poumon (niv 2). • Études Nord-américaines → corrélation linéaire - niveau de spécialisation et mortalité postopératoire. - volume d’activité et mortalité postopératoire. - volume d’activité et résultat carcinologique à long terme RECOMMANDATIONS DE BONNES PRATIQUES SFCTCV 2009 (P. Thomas) • Une exérèse complète • Une lymphadénectomie par curage • Un sacrifice parenchymateux suffisant pour éviter les récidives locales • Une mortalité post-opératoire modérée • Une unité chirurgicale spécialisée CONCLUSION • Malgré les progrès des traitements systémiques et de la radiothérapie, la chirurgie reste la pierre angulaire du traitement des CBNPC de nos jours. • Les tumeurs broncho-pulmonaires sont complexes et chaque patient est différent. Ainsi, résécabilité et opérabilité se combinent de telle sorte que chaque situations est différente et nécessite une discussion en RCP