X Que veut dire « témoigner sous X » ? C’est une formule qui a été très employée la semaine dernière à propos d’un procès en France, qui juge les auteurs supposés d’une agression de CRS. Quelqu’un a, ou aurait vu l’agression. Il (elle) est un peu réticent(e) pour témoigner ; c’est délicat, car quand on raconte ce qu’on a vu ou entendu lors d’un procès, tout le monde sait qui vous êtes : le procès est public. En revanche, si l’on témoigne sous X, on le fait sans dire qui on est, sans dire son nom. Et pour ce témoignage anonyme, le témoin pourra être entendu à distance, filmé par une caméra, le visage caché, la voix transformée. C’est bien le sens de l’expression « sous X » : de façon anonyme, sans qu’on sache qui vous êtes, sans qu’on puisse vous reconnaître. On l’utilise dans d’autres contextes : on parle d’accouchement sous X, par exemple, si une femme veut accoucher sans garder son enfant avec elle. Il sera adopté ou confié à une institution qui s’en occupera, et ne connaîtra pas, plus tard, l’identité de sa mère. On voit dans ces deux exemples que la lettre X désigne souvent une personne qui ne veut pas révéler qui elle est. Si, par exemple, vous avez une petite amie, mais que vous ne voulez pas dire qui c’est, vous pourrez dire : « Ah, ce soir, je suis pris, je dîne avec Mademoiselle X ». L’expression fait un peu sourire, elle est le plus souvent dite de façon plaisante, mais elle est courante. Cette formule s’emploie également dans le cas où l’on ne connaît pas l’identité de quelqu’un. On a cassé vos carreaux, et abîmé votre maison. Vous savez bien que quelqu’un l’a fait. Qui ? C’est une autre histoire, mais ce n’est pas une raison pour se laisser faire. Donc, vous pouvez, dans le droit français, porter plainte contre X. C’est une plainte officielle, qui vise celui ou ceux qui ont commis ces actes, et la plainte sert à activer les recherches. Si l’on découvre le responsable, on remplacera X par son nom, mais d’ici là… On peut se demander pourquoi cette lettre a un emploi semblable. Cela vient de l’histoire des sciences, et notamment des mathématiques. En algèbre, « x »désigne l’inconnue, le nombre qu’on ne connaît pas, dans une équation, mais qu’on cherche à trouver : x apparaîtra quand on aura résolu l’équation. On peut utiliser d’autres lettres dans une équation : a, b, c, etc. Ces lettres représentent des nombres qu’on ne connaît pas, mais qu’on ne cherche pas. Alors que x, on cherche à le remplacer par sa valeur précise. Et dans une équation à deux inconnues, par exemple, on les nommera « x » et « y ». Cette tradition n’est pas récente : elle date du XVIIe siècle, et d’une certaine façon, elle est devenue comme un symbole des mathématiques : on a dit « les x » pour les maths, mais cette expression ne s’emploie plus. En revanche, on appelle X l’une des plus connues des écoles scientifiques, l’Ecole Polytechnique, et les X sont ses élèves. Mais on remarquera qu’en maths, l’inconnue se note « x » minuscule, alors que si la lettre désigne une personne, M. X, ou un élève de Polytechnique, on met toujours la lettre en majuscule.