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Chapitre 2 : Les théories du développement capitaliste
Introduction
Penser le développement pour penser le sous-développement ?
L’occident et le développementalisme : croyances et colonisation des esprits ?
Le sous-développement : côté obscur du développement ?
1. Les philosophies et théories libérales de l’histoire
1.1. Smith
La dynamique historique de l’accumulation
Les fondements des « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations » :
l’accroissement du PIB et du PIB/habitant.
Le moteur de la croissance : la division du travail.
Le rôle du progrès technique : la transformation des conditions de production de la
subsistance. Les quatre stades de l’évolution dans la production de la richesse (Meek, 1971 ;
Pocock, 1998).
Le cours naturel de l’opulence : un autre versant de la dynamique d’accumulation.
La dynamique morale de l’accumulation
Les modes de subordination.
L’invention de l’impôt et l’évolution vers plus de justice.
L’équilibre des intérêts, entre main invisible et sagesse de l’homme d’état.
De l’histoire idéale à l’histoire réelle : les conséquences de la division du travail ; la
corruption des capitalistes et par les capitalistes ; invitation à la modestie de l’Etat.
1.2. Rostow et les étapes de la croissance
Rostow Walt Whitman, Les étapes de la croissance économique, 1960
Rostow W.W., 1988, « Le développement : L’économie politique de la longue période
marshallienne », in Meier et Seers, pp.247-285
Objectif de Rostow : appliquer la théorie économique à l’analyse de l’histoire économique.
En 1960, définit, à partir de l’expérience des pays industriels, cinq étapes dans le
développement économique :
Le stade des sociétés traditionnelles
Les préalables au décollage (take-off)
Le décollage
La production de masse
la maturité et la consommation de masse
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L’essentiel de la dynamique du développement, pour Rostow, tient à la modification des
comportements d’épargne qui vont permettre un accroissement de l’investissement et donc
une accélération de la croissance de la production par tête.
Passage de la stagnation (étape 1) à une accumulation primitive (étape 2) qui financera le
take-off (étape 3). La perspective de Rostow est fortement influencée par l’analyse
néoclassique de la croissance puisque l’épargne est le point de départ du processus de
croissance et de développement.
Cette dynamique suppose une modification :
des conditions économiques et techniques :
o possibilité de dégager un surplus qui peut se transformer en épargne, ce qui
suppose une monétisation de l’économie, des progrès techniques…
o mais aussi occasions d’investir (développement des marchés, de certains
débouchés, existence d’une main d’œuvre disponible…) ;
des mentalités :
o l’épargne de ce surplus n’est pas automatique voir les sociétés traditionnelles
analysées par les anthropologues (voir Mauss) ;
o qui plus est, la transformation de cette épargne en capital n’est pas non plus
naturelle (voir Weber);
ces transformations passent par l’émergence d’une nouvelle classe, une élite
économique à la culture plus ouverte à la logique capitaliste.
Parmi les nombreuses critiques portées à Rostow :
la hausse statistique du taux d’épargne dans les phases 2 et 3 n’en fait pas pour autant
une cause de la croissance et du développement ; Hirschman affirmera que c’est au
contraire la manifestation de la croissance et du développement qui augmente les
occasions d’investir et donc incitent à épargner (Hirschman, 1988)…
de manière plus générale, on a assisté très rapidement à une critique de l’idée du
développement comme succession d’étapes prédéterminées et uniquement valables, a
posteriori, pour certains pays industriels :
o d’un côté des critiques hétérodoxes, notamment marxistes comme Bettelheim
(1961) qui voyaient dans cette théorie une justification, au nom du rattrapage,
de la domination extérieure (sous forme d’IDE et de prêts) ; les marxistes
comme Bettelheim proposeront des stratégies de développement auto-centrées
pour s’arracher à la dépendance vis-à-vis des pays industriels et pour réussir
une croissance accélérée sans passer par les différents stades décrits par
Rostow ;
o d’un autre côté des critiques moins radicales qui insistent sur le caractère trop
déterministe de la théorie de Rostow et préfèrent l’idée principale d’une entrée
dans la croissance moderne, comme le fera Kuznets plutôt que d’un
enchaînement de relations causales par étapes ; Rostow considère en fait que la
différence est minime entre son concept de Take-Off et celui de Kuznets
d’entrée dans la croissance moderne (Rostow, 1988) ; en réalité, les critiques
de Kuznets portent surtout sur le manque de fondements analytiques (Kuznets,
1972) et empiriques (Gerschenkron, 1962) dans l’explication du passage d’une
étape à l’autre.
L’hétérogénéité des situations des PVD depuis la seconde guerre mondiale, le succès
fulgurant de certains pays asiatiques, la stagnation de la plupart des pays africains, la
récession des pays latino-américains ont renforcé la critique de l’approche en termes
d’étapes.
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Rostow lui-même a eu conscience des limites de son approche et, en particulier, de sa
capacité prédictive. Il suggère, en 1988, qu’il a sous-estimé quatre facteurs essentiels positifs
et négatifs qui ont joué depuis la seconde guerre mondiale et qui distinguent « le processus de
développement enregistré par le passé et celui du monde contemporain » (1988, p.269).
Pour les positifs :
un réservoir plus grand de technologie non appliquée et disponible pour la croissance
rapide dans les PVD ;
la disponibilité d’une aide étrangère qui permet de dépasser les insuffisances de
l’accumulation primitive.
Pour les négatifs :
les effets corrosifs de la Guerre Froide ;
l’impact d’une croissance démographique très rapide : « la plus marquante de ces
différences, qui a entraî un large éventail de conséquences pathologiques, a été
l’effort entrepris pour se moderniser avec une population croissant deux à trois fois
plus vite qu’au 19ème siècle » (ibid.). Le rôle d’une agriculture dynamique n’en est
alors que plus important comme nous le verrons par la suite.
1.3. Prolongements libéraux contemporains
Hayek
De la main invisible à l’ordre étendu
L’opacité du social
La critique du constructivisme
Fukuyama
Le contexte : La Chute du Mur de Berlin
Démocraties libérales et fin de l’histoire
L’approche néo-institutionnaliste : entre théorie standard et hétérodoxie
Les fondements du néo-institutionnalisme : coûts de transaction et marchés imparfaits (Coase,
Williamson)
L’importance des droits de propriété : de la nouvelle histoire économique à l’analyse du
changement économique (North)
Conclusion : marché, développement et démocratie, des relations ambiguës
2. Perspectives hétérodoxes et critiques
2.1. L’approche marxienne de l’histoire
Le matérialisme historique
Le mystère de l’accumulation capitaliste
Le mystère de l’accumulation primitive
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La controverse sur l’esprit du capitalisme : Marx et Weber
2.2. L’approche anthropologique de Polanyi
Développement capitaliste et développement des marchés
L’économie contre la société
2.3. Capitalisme, impérialisme et sous-développement
Lénine, Luxembourg : l’impérialisme comme « stade suprême du capitalisme »
Samir Amin : le développement du sous-développement
L’échange inégal
2.4. Histoire et sous-développement
La mondialisation comme essence du capitalisme
L’Ecole des Annales : Fernand Braudel et l’économie monde
Wallerstein et l’économie monde
Les concepts de centre et périphérie au cœur de l’analyse structuraliste de Prebisch
Les analyses de Furtado
Conclusion : croissance, développement et progrès
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