« Take-off »
Le terme anglais signifie un décollage pour un avion, métaphore que Rostow utilise tout au
long de son livre (« The Economics of Take-off into Sustained Growth » - 1963). Il entend par
« take-off » le moment où l’économie décolle, c’est-à-dire notamment lorsque le PNB
augmente sans ralentissement « croissance auto soutenue ». Son modèle, lui permettant
de dater le « take off » pour les différents pays, repose sur la relation entre l’investissement
net et la croissance par tête. En effet, selon lui, pour qu’il y est croissance auto soutenue, le
taux d’investissement net doit sensiblement augmenter (passer de 5% du PNB à plus de 10%),
ce qui permet une augmentation du taux de croissance par tête. Et c’est en observant
l’évolution de ces taux qu’il analyse une diversité du « take-off » selon les nations.
En Grande-Bretagne : le taux de croissance par tête serait passé de 0.2% entre 1740 et
1780 à 1% entre 1780 et 1800. Chiffre confirmé par la croissance du produit industriel,
qui serait passé de 0.9% à 2.8% (pour se stabiliser à environ 4% après 1800). On peut
donc voir une rupture en 1780 mais de nombreux économistes, comme P. Deane et H.J.
Habakkuk en 1963, parlent plus d’une progression graduelle que d’un « take-off » au sens
de Rostow. A l’inverse, Feinstein en 1978 (analyse la plus récente) appui la thèse de
Rostow en parlant du taux le plus élevé de la formation brute de capital fixe entre 1781 à
1800 « take-off » britannique entre 1780 et 1800.
Les historiens et économistes s’accordent pour une absence de « take-off » pour la
France où on a pu voir une croissance régulière depuis le début du XVIII°, sans réelle
rupture. Croissance cyclique (3 cycles de croissance) pour certains auteurs mais jamais
vraiment de rupture : 1799-1844 1855-1884 1895-1913. Des économistes comme Crouzet
au Lévy-Leboyer s’accordent eux aussi sur une croisse cyclique et évolutive, avec une
première accélération à partir de 1815
Pour l’Allemagne, le cas est complexe car « plusieurs flambée de croissance » : 1er avec
1815 (mécanisation de la filature), 2ème dans les années 30 (formation du Zollverein*),
3ème en 1850 (développement de l’industrie lourde) et la quatrième après 1870. On a
tendance à le placer le take-off entre 1830 et 1850.
Technologie, économie et Révolution Industrielle
Un modèle
- Le progrès technologique vient de la pression économique, l’inventeur ne travaillait pas au
hasard mais répondait à des problèmes éco. Souvent, deux inventions en même temps
(Bourdon et Nasmyth : le marteau pilon en 1839 résout la même difficulté).
- Corrélation encore plus flagrante pour la diffusion du progrès techno. Les travaux de
Berthollet dans la chimie se diffusent en G.B pour faire face au goulet d’étranglement
engendré par la croissance de production textile.
- Innovation répond à un besoin éco, dépend du prix des facteurs de production et de la
structure d’organisation de la production rétablir un équilibre perturbé par les innovations.
- « L’optimisation économique allait dans le sens du remplacement du travail (labour-saving)
par du capital (capital intensive). »
- La technologie, une fois lancée par un processus innovateur, acquiert une certaine autonomie
grâce au jeu entre goulet d’étranglement et marché exemple de l’augmentation de la
production de tissage et le problème du blanchiment.
- On comprend pourquoi le transfert technologique a pu être parfois difficile, il répondait à
des besoins socio-éco précis le facteur travail était bon marché sur le continent alors que le
charbon était cher (moins besoin de machine à vapeur ou de fonte au coke).
Ce modèle doit être nuancé