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Transition écologique et investissements
verts
Dominique Bureau(*)
Derrière la notion de croissance soutenable, il y a la prise de conscience que la croissance
économique utilise actuellement des biens et services dont la production dégrade
l’environnement, notamment ceux associés à l’énergie, qui sont à l’origine de
l’accumulation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. L’épuisement des actifs naturels
correspondants ou leur détérioration très rapide la menace à terme.
La prise en compte du risque climatique et, plus généralement, celle des perspectives de
raréfaction de certains actifs naturels justifient donc l’attention portée à limiter les pressions
sur les ressources environnementales et à ce que ces actifs puissent continuer à fournir les
ressources et services dont dépend notre bien-être. Cette ligne de réflexion conduit à
considérer que les investissements contribuant à ces objectifs, c’est-à-dire les
investissements pour la transition écologique, soient considérés comme prioritaires.
Cependant, l’idée qu’il faudrait intégrer un biais délibéré vers l’investissement « vert » en
sortie de crise financière reste considérée comme hétérodoxe par beaucoup de responsables
économiques et financiers.
Pour éclairer ce débat, un cadre d’analyse intégré des liens entre croissance économique et
rareté de certains actifs naturels est proposé, qui permet d’étudier l’articulation entre les
différents volets - allocatifs, distributifs et macroéconomiques - de la politique économique
pour rétablir la soutenabilité de la croissance.
À cet égard, on peut agir au niveau de la consommation ou au niveau de la production, donc
sur la demande pour les biens et services qui utilisent comme facteur de production
l’environnement, ou en recherchant des modes de production de ceux-ci en réduisant
l’impact environnemental : par exemple, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, en
recherchant des comportements de consommation plus sobres en énergie ou en développant
les énergies renouvelables.
La composition optimale de ces deux types d’actions et, en conséquence, le rôle de
l’accumulation de capital vert dans la transition à opérer dépendent des valeurs relatives des
élasticités concernant cette demande d’une part, et de la substituabilité entre capital vert et
environnement dans leur fonction de production, d’autre part.
Si le gisement de réduction mobilisable du côté de la demande de biens polluants ne suffit
pas, une réallocation importante du capital, vers le capital vert, est nécessaire, qui requiert
une politique macroéconomique appropriée, dégageant une épargne suffisante et orientée
vers ce type d’investissement.
(*) Délégué général du Conseil économique pour le développement durable.
L’auteur remercie Gilles Lafforgue et les deux rapporteurs de la revue pour leurs remarques et conseils.
Cet article n’engage que son auteur et non les institutions auxquelles il appartient. Il n’engage a fortiori ni la Direction générale du
Trésor, ni le ministère de l’Économie et des Finances.
Économie et Prévision n° 208-209 2016/1-2
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Certes, le déploiement de ceux-ci sera progressif et doit se faire « par ordre de mérite ». Il
demeure cependant une correction immédiate des structures de production à réaliser, qui
doit être intégrée dans les stratégies macroéconomiques. Dans le cas où la productivité du
capital vert est relativement faible, son accumulation, nécessaire pour s’adapter à
l’épuisement des actifs naturels, tend, de plus, à prélever progressivement une part
substantielle de l’épargne. Dans le cas plus favorable, le taux d’épargne rejoint
progressivement son niveau habituel.
L’introduction, dans un modèle de croissance de type AK, d’un actif non renouvelable permet
ainsi d’esquisser un cadre pour construire des modèles de croissance intégrant les arbitrages
entre : consommation de bien courant et consommation de services énergétiques ; entre
facteurs de production de ces services ; entre capital vert, capital productif et consommation.
Les différentes facettes d’une politique de transition énergétique ou écologique peuvent ainsi
être passées en revue, notamment ses impacts sur l’accumulation du capital vert, puis sur le
partage optimal entre épargne et consommation.
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