On remarque que la plupart des trajectoires de mobilités sont des trajectoires courtes et que les deux
PCS situées aux extrémités de la hiérarchie sociale, à savoir les CPIS et les ouvriers sont les PCS
les moins mobiles (ils n’ont qu’une direction de mobilité possible).
La mobilité a tout de même augmenté sur le long terme avec des flux pour la plupart ascendants.
Une bonne part de cette mobilité est due à la mobilité structurelle (elle-même causée par les gains
de productivités entraînant des évolutions factorielles), elle s’explique notamment grâce aux
femmes (puis aux immigrés) qui en occupant des emplois peu qualifiés poussent les hommes vers le
haut et puisqu’elles ne sont pas prise en compte dans les tables de mobilités, celles-ci reflètent alors
une plus grande mobilité.
Par contre, depuis 1993 on observe une stagnation, et l’égalité des chances, même si elle a
augmenté sur la période, est de moins en moins réelle. Aujourd’hui on est plus dans une
configuration d’inégalité des chances, car même si la mobilité a beaucoup évolué, la fluidité, elle,
évolue très lentement. La position sociale dépend encore largement de l’origine sociale. C’est en
tous cas ce que concluait Louis André Vallet dans l’une de ses études.
Avec la fin des Trente Glorieuses, il y a moins de création d’emplois et moins d’aspiration vers le
haut. Il y a en plus une certaine discordance entre les postes disponibles et les diplômes distribués.
Ce ralentissement de la mobilité ascendante entraîne un phénomène de déclassement qui s’explique
par le vieillissement de la population : les postes sont donc occupés plus longtemps et du coup
moins libres pour les plus jeunes. Il s’explique aussi par le ralentissement de la création d’emplois
(pas suffisamment d’emplois qualifiés pour absorber les diplômés) et la polarisation des emplois :
aujourd’hui on récrée de nouveau des emplois peu qualifiés et il y a toujours création d’emplois en
haut de la structure sociale. Entre les deux, il n’y a rien.
Il y a donc moins de débouchés pour accéder aux classes moyennes, et peu dans le haut : par contre
il existe des débouchés dans le bas de la structure sociale : mais l’immense majorité de ces emplois
créés en bas de la structure sociale sont occupés par des femmes et des immigrés.
Le déclassement touche essentiellement les classes moyennes qui subissent la concurrence des
classes populaires (grâce à la démocratisation scolaire) et des PCIS qui défendent leur reproduction
sociale.
Le déclassement peut être évité par la possession d’un capital culturel hérité des parents ou acquis
grâce aux diplômes. Il y a un effet de lignée : les enfants de polytechniciens deviennent plus
facilement polytechniciens. Ainsi, un fils de cadre sup' dont le grand-père est ouvrier a moins de
chance de rester cadre qu’un enfant de cadre dont le grand-père est également cadre. Plus on a
d’ancêtres dans une PCS plus on a de chances d’y rester. Pourtant, selon Eric Maurin ce qui est
dominant chez les classes moyennes c’est plus la peur du déclassement que le déclassement réel.
En 1961 Harnold Anderson met en évidence un paradoxe : le fait d’avoir un diplôme supérieur ne
garantit plus d’atteindre les professions supérieures. Le rendement social du diplôme a diminué,
puisqu’un même diplôme donne aujourd’hui accès à des positions sociales moins élevées que
pendant les Trente Glorieuses par exemple.
Pourtant, le diplôme est déterminant pour obtenir un statut social, alors que dans la génération des
Trente Glorieuses, quel que soit le niveau de diplôme, le chômage était faible, aujourd’hui les écarts
de chômages entre diplômés et non diplômés sont beaucoup plus importants.
Synthèse
En France sur le long terme, la mobilité observée augmente. Deux tiers des hommes environ
n’occupent pas la même position sociale que leur père. On constate une prédominance des trajets