Chapitre 1- SOCIOLOGIE: Classes, stratification et mobilité sociale

Chapitre 1- SOCIOLOGIE: Classes, stratification et mobilité sociale
1.2 : Comment rendre compte de la mobilité sociale ?
Notions :
Mobilité sociale : définit par le sociologue Pitinim Sorokin (Social mobility, 1927).
C’est le déplacement dans l’espace social, le passage d’un individu d’une classe sociale à
une autre. Elle peut être mesurée à partir de l’appartenance à une classe ou à partir des
PCS.
Cette mobilité peut être intragénérationnelle, c’est à dire que c’est un changement au
cours de la vie d’un individu (par rapport à lui-même) ; mais elle peut aussi être
intergénérationnelle, c’est à dire qu’elle représente un changement de position sociale
entre deux générations différentes (père par rapport à son fils).
La mobilité observée représente la mesure du pourcentage des fils qui se trouvent
dans une PCS différente de leur père. Par exemple, en 2003, selon l'INSEE, 83 % des fils
d'employés ne sont pas dans la PCS « employé ». La Mobilité observée ou Taux de
mobilité est la proportion d'individus qui connaissent une mobilité sociale
Intergénérationnelle.
Fluidité sociale : Le fait que la position sociale d’un individu est indépendante de
l’origine sociale. Une société fluide est une société dans laquelle tous les individus, peu
importe leur origine sociale, ont les mêmes chances d’arriver à des positions sociales
plus élevées.
Déclassement : Occuper une position sociale inferieur à celle de son père
(intergénérationnel) ou alors changer de travail et en obtenir un mien bien « classé »
socialement (intragénérationnel).
Capital culturel : Ensemble des ressources et des dispositions culturelles (accès à des
biens culturels, diplômes, rapport à la culture et à l’école). Concept de P. Bourdieu, qui
selon lui, n’est pas acquis à la naissance, mais incorpo par les instances de
socialisation (famille, école..) ce qui explique qu'être issu d'une « bonne famille » donne
un avantage tout au long de la vie.
Paradoxe d’Anderson : Situation dans laquelle un individu plus diplômé que son père
occupe une position sociale et professionnelle inferieure ou égale à ce dernier. Le
diplôme permet l’ascension mais ne le garantie pas.
A. QU’EST-CE QUE LA MOBILITÉ SOCIALE ?
L’analyse de la mobilité par la sociologie.
La sociologie est une science qui « se propose d’étudier scientifiquement l’homme
vivant en société, les relations entre individus et les mécanismes de fonctionnement des
sociétés humaines » (Yves Crozet)
Il existe différentes mobilités comme la mobilité géographique qui peut être
quotidienne, résidentielle ou fondée à partir de la migration (changer de pays de
résidence).
Un nouveau statut social :
Le groupe d’appartenance est le groupe auquel on appartient de manière objective et
dont les autres nous reconnaissent cette appartenance.
Le groupe de référence est le groupe auquel un individu s’identifie et dont il imite les
actions, le mode de vie (socialisation anticipatrice)…
Socialisation anticipatrice : Processus par lequel un individu intériorise les valeurs et
normes du groupe auquel il souhaite appartenir.
On va pouvoir distinguer plusieurs mobilités en fonction du sens de la mobilité :
o La mobilité horizontale se fait sans changer de statut dans la hiérarchie sociale
Mobilité géographique ou professionnelle sans qu'il y ait un changement de statut
social.
o La mobilité verticale va consister à changer de statut dans la hiérarchie sociale.
Cette mobilité peut être ascendante ou descendante. Elles peuvent être soit
intergénérationnelle ou intragénérationnelle.
La position sociale d’un individu qualifie le statut d’un individu.
L’immobilité sociale ou reproduction sociale désigne le fait qu’un individu reproduise le
même schéma social que ses parents.
Comment mesurer la mobilité ?
Les enquêtes de mobilité sociale s'effectuent à partir d'un échantillon représentatif
constitué d'hommes actifs âgés de 40 à 59 ans en fonction de leur PCS et de celle de leur
père au moment il terminait ses études. Les chômeurs sont classés dans leur PCS
d'origine.
Un échantillon représentatif est une portion de société avec le même nombre de toutes
les différentes PCS (mêmes proportions).
Mobilité sociale : Fait que des individus occupent une place différente dans la société
que celle de leurs parents.
Elle est mesurée par les PCS. Il existe différentes tables, celles en valeurs ou effectifs
absolus transformées ensuite en tables de destiné puis de recrutement.
Les tables de mobilité
Elles se construisent au cours d'une enquête effectuée tous les 10 ans (enquête FQP
Formation et Qualification Professionnelle) et permettent de recenser et classer tous les
actifs hommes âgés de 40 à 59 ans en fonction de leur profession et de celle de leur père
au moment il terminait ses études. L'enquête se réalise à partir des hommes parce
que les comportements d'activités des femmes actuels ne sont pas les mêmes que dans
le passé.
Tables en effectif :
Présentent la répartition des actifs suivant leur catégorie socio-professionnelle et
celle de leurs parents.
nérations des fils et non celles des pères - Données en valeurs absolues
Tables de recrutement et de destinée :
Recrutement : Se lit en ligne (« … % des … avaient un père ... »)
Dans quelle PCS se recrutent les fils de … ?
Quelle est l'origine des individus de telle catégorie ?
Destinée : Se lit en colonnes (« … % des fils de … sont … »)
Que sont devenus les fils de … ?
« Odd ratio » :
((probabilité qu’un fils de cadre devienne cadre)/(probabilité qu’un fils de cadre
devienne ouvrier))/((probabili qu’un fils d’ouvrier devienne cadre)/(probabilité
qu’un fils d’ouvrier devienne ouvrier)
Mobilité nette= 40%
Odd ratio = 26 (aujourd’hui) 51 (années 1950)
« L’auto recrutement » est le fait de recruter principalement des fils de la même PCS
(les agriculteurs recrutent principalement des agriculteurs)
La mesure imparfaite de la mobilité sociale
Les tables de mobilité ne permettent pas une mesure parfaite de la mobilité sociale :
- Certaines CSP sont plus faciles à classer du fait de leur salaire fixe (salariés/
indépendants)
- La mesure de la mobilité est conventionnelle, car elle est calculée par les
PCS ce qui implique certaines limites.
- La mesure par les PCS montre que le pourcentage le plus élevé se situe le
plus souvent sur la diagonale, du fait de la mobilité sociale.
- Les femmes ne sont pas inclues dans cette mesure.
- Les personnes âgées de plus de 59 ans ou de moins de 40 ans ne sont pas
prises en compte non plus.
- Ces tables de mobilité ne montrent pas la mobilité intergénérationnelle ni
la distinction claire entre mobilité ascendante (Ascension sociale) et
mobilité descendante.
- Elles ne montrent pas les risques du déclassement liés à la précarisation
des contrats de travail, ni la dévalorisation de certaines professions.
- Elles ne montrent pas la mobilité à l’intérieur des PCS.
- Seule la France utilise ce système, ce qui rend impossible les comparaisons
internationales.
Synthèse :
Les formes de mobilité sont multiples. On peut distinguer la mobilité géographique
(changement de lieu de travail) de la mobilité professionnelle (changement de secteur
professionnel). Dans les deux cas, le niveau social de la personne peut rester équivalent.
On parlera alors de mobilité horizontale. La mobilité sociale est une forme de mobilité
particulière. Elle se définit comme le passage d'un individu ou d'un groupe social d'une
catégorie à une autre.
Les sociologues de la stratification sociale font une différence entre la mobilité
intragénérationnelle (changement de position sociale au cours de la vie d'un individu)
et la mobilité intergénérationnelle (changement de position sociale entre les
générations : il s'agit alors d'une mobilité verticale).
Pour mesurer la mobilité sociale entre les générations, l'INSEE construit des tables de
mobilité. Elles permettent de décrire la position sociale d'une génération d'hommes en
fonction de la position sociale de celle de leur père. Il y a reproduction sociale (ou
immobilité sociale) si la catégorie sociale du fils est le même que celle de son père. Dans
le cas inverse, on parle de mobilité verticale ascendante ou descendante.
Cette table de mobilité peut prendre deux formes : Une table de destinée décrit le destin
socioprofessionnel des individus en fonction de la PCS de leur père, et répond à la
question « Que deviennent les fils de ? » ; La table de recrutement décrit l'origine socio-
professionnelle des individus appartenant aux différentes PCS.
Observer la mobilité sociale est un enjeu important : dans les sociétés démocratiques,
les positions sociales ne sont pas supposées être héritées de génération en génération.
On oppose la mobilité structurelle, qui est la conséquence de l'évolution des structures
sociales, à la mobilité nette, qui est la différence entre la mobilité totale et la mobilité
structurelle. C'est la plus conforme à l'idéal de mobilité puisqu'elle ne résulte pas des
transformations des structures économiques et sociales.
Cette distinction est remplacée depuis la fin des années 70 par l'analyse de la mobilité
observée (ou brute), et la fluidité sociale (ou mobilité relative). Une sociéfluide est
une société la position sociale des individus n'est pas déterminée par leur origine
sociale. Il s'agit d'une société ouverte les chances de devenir cadre sont les mêmes
pour tous en fonction de leurs mérites. La progression de la fluidité est mesurée par les
« Odd ratio ». C'est un rapport des chances relatives d'accès aux différentes positions
sociales.
Les tables de mobilité comportent cependant certaines limites : par exemple, elle ne
permettent pas de repérer la mobilité intragénérationnelle, ou de prendre en compte la
dévalorisation de certaines professions. De plus, elle repose sur des conventions d'âge
ou de sexe discutées.
B. QUELLE MOBILITÉ EN FRANCE ?
Les grandes tendances de l’après guerre à aujourd’hui
o Evolution de la mobilité observée :
1953 : Forte immobilité
2003 : Mobilité due à la mobilité structurelle (plus d'emplois qualifiés, hausse de
la productivité).
Entre 1953 et 1993, la société est devenue beaucoup plus fluide tandis qu’entre
1993 et 2003, l’évolution a stagné, à la crise, à l’accès difficile à l’emploi mais
aussi au chomage.
Entre 1953 et 2003, la société est donc devenue significativement plus mobile, en
effet, la mobilité structurelle a été multipliée par 3 (environ), la mobilité nette par
un peu moins de 2.
o Cependant, il subsiste une certaine immobilité qui peut s'expliquer par :
La mobilité volontaire qui est moins fréquente et on crée moins d'emplois que
pendant les 30 Glorieuses.
Les cadres ont développé un mécanisme pour assuré la reproduction sociale.
La mobilité structurelle reste la même, même si elle est plus lente qu'auparavant.
o La Fluidité sociale progresse lentement :
La fluidité a peu évolué depuis 1953, selon Louis André Vallet, elle a augmenté de
seulement 0,5% par an.
Louis-André Vallet a réalisé une des principales études sur la mobilité sociale en France
Quarante années de mobilité sociale en France », 1999). Il réalise le constat que la
mobilité sociale a augmenté. Il y a donc un lien entre la mobilité sociale et la fluidité
sociale, qui a progressé lentement, cela dû à une lente progression de l'égalité des
chances. L'immobilité a régressé. La plupart des flux sont des flux ascendants. On a
détruit des emplois populaires et ouvert la structure sociale par le haut. Les femmes ont
occupé plus d'emplois précaires, ce qui a permis aux hommes d'attendre des postes
plus qualifiés. Même si le taux d'activité des femmes a augmenté, les emplois qu'elles
occupent sont moins valorisés.
L’Ascenseur social est-il en panne ?
Déclassement : Occuper une position sociale inferieur à celle de son père
(intergénérationnel) ou alors changer de travail et en obtenir un mien bien « classé »
socialement (intragénérationnel).
Le déclassement est à la crise, à partir des années 70, le ralentissement économique
et la dégradation du marché du travail ont entrainé un accroissement de la mobilité
sociale descendante. On a pu évoquer une « panne de l’ascenseur social ». Les difficultés
croissantes des jeunes diplômés et la persistance d’un chômage de masse ont aggravé
les inégalités entre les générations et alimenté un sentiment de frustration chez les
nouvelles générations.
1 / 8 100%