2. Théorie de la mesure 1 Topologie (vocabulaire et rudiments) 2 Algèbre et σ-algèbre (= tribu) 3 Arithmétique et topologie de [0, +∞] 4 Mesure, mesure borélienne 5 Mesure extérieure et recouvrement 6 La méthode de Carathéodory (pour produire des mesures boréliennes) 7 Mesure de Lebesgue 8 Mesure de Hausdorff 1. Topologie : vocabulaire et rudiments Ω désigne un ensemble (quelconque). Définition (topologie) Une topologie T sur Ω est un ensemble T ⊂ P(Ω) telle que : (i) ∅ ∈ T et Ω ∈ T ; (ii) T est stable par réunion quelconque : (∀α ∈ I, Aα ∈ T ) =⇒ [ Aα ∈ T ; α∈I (iii) T est stable par intersection finie : (A ∈ T et B ∈ T ) =⇒ A ∩ B ∈ T (Ω, T ) s’appelle un espace topologique. (un peu de) Vocabulaire topologique Soit (Ω, T ) un espace topologique. Définitions (ouvert, fermé, voisinage) Soit A ⊂ Ω. On dit que : A est ouvert si A ∈ T ; déf A est fermé si Ac = Ω \ A ∈ T ; A est (un) voisinage du point x ∈ Ω s’il existe U ∈ T tel que x ∈ U ⊂ A. On désigne par V(x) l’ensemble des voisinages de x. Exercices : 1 A ouvert ⇐⇒ (∀x ∈ A, A ∈ V(x)). 2 Proposer une définition pour “voisinage de A”, où A partie quelconque de X. Exemples triviaux (= qui existent sur tout Ω) : topologie grossière : T = {∅; Ω} topologie discrète : T = P(Ω) Autres exemples Proposition Une intersection (quelconque) de topologies sur Ω est encore une topologie sur Ω. Définitions (topologie engendrée par une partie de P(Ω)) La topologie engendrée par F ⊂ P(X) est l’intersection de toutes les topologies sur Ω qui contiennent F. (c’est donc la plus petite topologie pour laquelle les éléments de F sont ouverts) topologie induite sur A ⊂ Ω. topologie de la norme, cas de topologie produit R, Rn, Cn notion de continuité Soient (Ω, T ) et (Ω0 , T 0 ) des espaces topologiques. Définitions • f : Ω → Ω0 est continue en x ∈ Ω si l’image réciproque de tout voisinage de f (x) (dans (Ω0 , T 0 )) est un voisinage de x (dans (Ω, T )) : V ∈ V 0 (f (x)) =⇒ f −1 (V ) ∈ V(x) • f est continue sur Ω si f est continue en tout point x ∈ Ω. • C 0 (Ω; Ω0 ) désigne l’ensemble des applications f : Ω → Ω0 continues sur Ω. Soit A ⊂ Ω. f : A → Ω0 est continue si elle est continue lorsque A est muni de la topologie induite TA = A ∩ T . Comment choisir une topologie qui rende continues certaines applications Théorème f : Ω → Ω0 continue sur Ω ⇐⇒ f −1 (T 0 ) ⊂ T . parfois pris comme définition ! Soient (Ω, T ) et (Ω0 , T 0 ) des espaces topologiques et fi : Ω → Ω0 , i ∈ I, des applications. T (fi , i ∈ I) plus petite topologie sur Ω qui rendent les fi continues : c’est la topologie engendrée par les fi−1 (T 0 ). 2. Algèbre et σ-algèbre (=tribu) Ω désigne un ensemble (quelconque). Définition (algèbre) Un ensemble A de parties de Ω, i.e. A ⊂ P(Ω) est une algèbre si : (i) ∅ ∈ A ; (ii) A est stable par complémentaire : déf A ∈ A =⇒ Ac = X \ A ∈ A; (iii) A est stable par réunion : (∀A, B ∈ A) A ∪ B ∈ A. Une algèbre est donc aussi stable par intersection. Définition (σ-algèbre ou tribu) Une σ-algèbre (ou tribu) sur Ω est une algèbre A ⊂ P(Ω) qui est stable par réunion dénombrable : [ ((∀k ∈ ) Ak ∈ A) =⇒ Ak ∈ A. N k∈ N (Ω, A) s’appelle un espace mesurable. Les éléments de A s’appellent les (sous-) ensembles mesurables de Ω. Exemples Exemples triviaux (= qui existent sur tout Ω) : tribu grossière : A = {∅; Ω} tribu discrète : A = P(Ω) Proposition Une intersection (quelconque) de tribus sur Ω est encore une tribu sur Ω. Définitions (tribu engendrée par une partie de P(Ω)) La tribu σ(F) engendrée par F ⊂ P(Ω) est l’intersection de toutes les tribus sur Ω qui contiennent F. (c’est donc la plus petite tribu pour laquelle les éléments de F sont mesurables) Exemple : tribu de Borel, ou tribu borélienne B = σ(T ) sur un espace topologique (Ω, T ) 3. Arithmétique et topologie usuelle de [0, +∞] ∀x ∈ [0, +∞], déf déf x + (+∞) = (+∞) + x = +∞ déf déf +∞ si x · (+∞) = (+∞) · x = 0 si x 6= 0 x=0 voisinages de l’infini déf V ∈ V(+∞) ⇐⇒ ∃a ∈ R : ]a, +∞] ⊂ V 4. Mesure, mesure borélienne Soit (Ω, A) un espace mesurable. Définition (mesure) Une mesure sur (Ω, A) est une application µ : A −→ [0, +∞] A 7−→ µ(A) telle que : (i) µ(∅) = 0 (ii) σ-additivité : N (∀k ∈ ) Ak ∈ A k 6= k 0 =⇒ Ak ∩ Ak0 = ∅ (Ω, A, µ) s’appelle un espace mesuré. ! =⇒ µ [ k∈ N Ak = X k∈ N µ(Ak ). mesure borélienne R Soit (Ω, T ) un espace topologique, par exemple d muni de la topologie usuelle (= celle de la norme euclidienne). On demandera à une “bonne” mesure sur Ω d’être capable de mesurer les ouverts. Définition (mesure borélienne sur un espace topologique (Ω, T )) Une mesure borélienne sur Ω est une mesure définie sur une tribu A ⊂ P(Ω) qui contient la tribu borélienne B(Ω). Si µ est une mesure borélienne sur Ω, on a un espace mesuré (Ω, A, µ) tel que B(Ω) ⊂ A. Exemples de mesures mesure(s) de comptage mesure(s) de Dirac (mesures de) probabilité mesure de Lebesgue sur Rd (d entier ≥ 1) mesure(s) de Hausdorff On verra que les mesures de Lebesgue et de Hausdorff sur mesures boréliennes. Rd sont des Propriétés importantes des mesures (Ω, A, µ) désigne un espace mesuré. Propriétés (i) croissance (∀A, B ∈ A) A ⊂ B =⇒ µ(A) ≤ µ(B) (ii) continuité : pour toute suite croissante A0 ⊂ A1 ⊂ · · · d’éléments de A, on a ! [ An = lim µ(An ). µ n∈ (Voir TD) N n→+∞