sont techniquement très diverses, allant de la fermeture
simple àdes interventions de chirurgie plastique com-
plexe.
L’irrigation drainage est historiquement la première
méthode décrite. Elle est simple et rapide en cas de
succès. Elle consiste àplacer derrière le sternum deux
drains d’irrigation qui distillent le liquide de lavage et
deux drains de plus gros diamètre mis en aspiration
douce pour recueillir en continu l’effluent. Le liquide de
lavage est habituellement du sérum saléisotonique en
alternance avec du sérum saléadditionnéde bétadine.
Le débit doit être abondant de l’ordre de 1 500 mL par
drain d’irrigation et par 8 h, nécessitant un bilan régu-
lier des entrées et des sorties. Le système est laisséen
place huit àdix jours et retiréau lit du malade, l’effluent
se négative en deux àtrois jours en cas d’évolution
favorable. Cette technique est malheureusement grevée
d’un taux d’échec compris entre 20 et 79 % [7, 8].
Le drainage aspiratif au moyen de drains de Redon est
devenu la technique de première intention dans nom-
bre de service de chirurgie cardiaque en particulier en
France [7, 9-11]. Elle consiste àdisposer dans le médias-
tin et les tissus présternaux plusieurs drains multiperfo-
rés de faible diamètre connectésàdes flacons assurant
une forte dépression de l’ordre de 600 à700 mmHg.
Le suivi du traitement est clinique et bactériologique.
Les flacons sont changés quotidiennement, l’effluent
étant adressérégulièrement en bactériologie : dans notre
pratique, les flacons sont envoyés trois fois par semaine
jusqu’à l’obtention de deux prélèvements consécutifs
négatifs. La négativation des cultures se fait en règle
avant le dixième jour ; elle peut cependant être plus
longue en particulier pour les staphylocoques résistants
àla méticilline. Lorsque l’effluent est négatif et de faible
volume (<à20 mL/24 h), les drains sont progressive-
ment tirés de quelques centimètres par jour. Une reprise
chirurgicale peut s’avérer nécessaire dès les premiers
jours pour des raisons techniques, tel un défaut d’étan-
chéité. Ce type de problème souligne la nécessitéd’une
fermeture très soigneuse du sternum par des fils d’acier
renforcéau besoin par un laçage et de la peau en
complétant le geste si nécessaire par une plastie pecto-
rale présternale. La reprise chirurgicale peut être plus
tardive, en rapport avec la persistance de l’infection
authentifiée par des signes locaux (peau trèsinflamma-
toire voire désunie) associésounonàdes signes géné-
raux telle que la fièvre et àdes prélèvements
bactériologiques médiastinaux positifs. Elle a lieu dans
ce cas entre le quinzième et le trentième jour, les Redon
initiaux pouvant être encore en place, drainant alors un
liquide toujours purulent malgrél’antibiothérapie pro-
longée. Parfois, la reprise est encore beaucoup plus
tardive (plusieurs semaines ou mois) correspondant
alors àun foyer d’ostéite résiduelle qui ne nécessite
habituellement qu’un geste chirurgical limité(ablation
d’un fild’acier, résection d’un séquestre osseux) associé
àla reprise d’une antibiothérapie . Les «superinfec-
tions »par un micro-organisme différent de l’infection
initiale sont exceptionnelles avec cette technique.
Quoiqu’il en soit toute reprise chirurgicale définit
«l’échec local »indiquédans les publications, son inci-
dence est comprise entre 10 et 15 % [7, 10, 11] . Après
cette reprise, l’évolution peut être favorable avec l’ins-
tallation d’un nouveau système d’aspiration, mais l’état
de la plaie peut aussi nécessiter un traitement àthorax
ouvert. Une fermeture différée peut être programmée
en utilisant l’une des techniques de chirurgie plastique.
Les techniques de chirurgie plastique
La fermeture peut également être réalisée en utilisant
des lambeaux musculaires de rotation ou d’épiploon,
immédiatement ou dans les jours suivant la mise àplat
[8, 12-16]. Le muscle le plus utiliséest le grand pecto-
ral, en présternal ou en rétrosternal. D’autres choix sont
possibles : muscles abdominaux (grand droits) ou dor-
saux (trapèze), voire une association de plusieurs mus-
cles. Les résultats obtenus en utilisant l’épiploon
semblent aussi bon voire supérieurs aux plasties muscu-
laires àla condition que le chirurgien ait une bonne
expérience de la chirurgie abdominale et thoracique
[17-20]. En effet, l’épiplooplastie nécessite un temps
opératoire plus court et a un taux de complications
immédiates graves (insuffisance respiratoire, hémorra-
gie, échec local…) inférieur àcelui des plasties muscu-
laires comme le montre l’étude de Milano et al. [20].
De notre point de vue, ces interventions doivent être
des traitements de seconde intention, soit en cas d’échec
primaire après quelques jours de mise àplat àthorax
ouvert soit en cas d’échec secondaire de la technique de
drainage aspiratif par drains de Redon. Ces plasties sont
les techniques de choix lorsqu’il existe une grande perte
de substance, situation devenue exceptionnelle mais
qui peut se rencontrer dans les médiastinites diagnosti-
quées très tardivement ou multiopérées pour échecs
itératifs.
L’antibiothérapie
Le traitement médical repose sur une antibiothérapie
bactéricide associant au moins deux antibiotiques si
possible àeffet synergique, administrés initialement par
voie intraveineuse. Elle doit être commencée avant la
reprise opératoire et s’appuie sur les données épidémio-
logiques (figure 1) et l’examen direct de la ponction
percutanée. En l’absence d’orientation elle doit être
dirigée contre les staphylocoques qui constituent 70 à
80 % des germes en cause. Compte tenu des caractères
de résistance actuellement rencontrés en France, une
association de vancomycine, de gentamicine et d’une
Traitement des médiastinites 233