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Pathologie infectieuse
Médiastinites après chirurgie cardiaque : incidence,
microbiologie et facteurs de risque
D. Lepelletier(1), S. Perron(1), J.L. Michaud(2)
(1) Unité d’Hygiène Hospitalière, Laboratoire de Bactériologie,
(2) Service de Chirurgie Thoracique et Cardiovasculaire, Hôpital R&G Laënnec, CHU Nantes, 44093 Nantes cedex 1.
Correspondance : D. LEPELLETIER, voir adresse ci-dessus.
Résumé/Abstract
Médiastinites après chirurgie cardiaque : incidence, microbiologie
et facteurs de risque
D. Lepelletier, S. Perron, J.L. Michaud
Les médiastinites postopératoires représentent la complication infectieuse majeure de la chirur-
gie cardiaque. Elles correspondent à une infection du médiastin antérieur, du sternum et par-
fois du péricarde, secondaire à la contamination péri-opératoire de la plaie chirurgicale. Leur
pronostic dépend de la précocité du diagnostic et du traitement, de la méthode thérapeutique
et de l’efficacité de l’antibiothérapie. Essentiellement staphylococciques, elles nécessitent une
reprise chirurgicale précoce et une antibiothérapie rapidement bactéricide au niveau du sang,
des tissus mous et du sternum. Leurs conséquences sont sévères en terme de mortalité, morbi-
dité et allongement de la durée de séjour hospitalier. Les facteurs de risque de médiastinites
sont liés aux patients (obésité, diabète, insuffisance respiratoire), à la chirurgie (type de chirur-
gie, durée d’intervention, reprises chirurgicales précoces) et à l’hospitalisation (durée de séjour
pré-opératoire, préparation de l’opéré).
Mots-clés : Infection du site opératoire, médiastinite, facteurs de risque, pontage aorto-coro-
narien.
Postcardiac surgery mediastinitis: incidence, microbiology and risk factors
D. Lepelletier, S. Perron, J.L. Michaud
Mediastinitis after cardiac surgery are feared complications. They follow a preoperative
contamination of mediastinal tissues. The prognosis depends on the diagnosis rapidity and
early antibiotic therapy. Antimicrobial therapy must be focused on Staphylococcus which is the
most commonly isolated pathogen. Mediastinitis represents a major public health problem
with significant morbidity and mortality, and is also associated with prolonged hospitalization
and important cost of care. Risk factors associated with mediastinitis include factors linked to
the patient (obesity, diabetes, respiratory trouble), to the surgery (type and duration of cardiac
operative procedures, re-operation for cardiac tamponade or pericardial effusion or re-opera-
tion for bleeding) and to the hospital stay (preoperative length of stay and preparation of the
patient).
Key words: Infection of operation site, mediastinitis, risk factors, Aorto-coronary bypass.
Antibiotiques 2005; 7: 18-22 © Masson, Paris, 2005
De nos jours, la chirurgie cardiaque est
pratiquée à une large échelle. La sterno-
tomie médiane, incision la plus commu-
nément pratiquée, a été utilisée pour la
première fois à la fin du 19e siècle et a
été généralisée à partir de 1957 [1, 2].
Malgré l’utilisation de techniques opé-
ratoires modernes, l’élaboration de re-
commandations concernant la prescrip-
tion d’une antibioprophylaxie et la
réalisation d’une préparation cutanée
soigneuse du patient, les médiastinites
postopératoires demeurent des infec-
tions sévères représentant la complica-
tion infectieuse majeure de la chirurgie
cardiaque. Elles correspondent à une in-
fection du médiastin antérieur, du ster-
num et parfois du péricarde, secondaire
à la contamination péri-opératoire de la
plaie chirurgicale. Leur pronostic dé-
pend de la précocité du diagnostic et du
traitement, de la méthode thérapeutique
et de l’efficacité de l’antibiothérapie. Es-
sentiellement staphylococciques, elles
nécessitent une reprise chirurgicale pré-
coce et une antibiothérapie rapidement
bactéricide au niveau du sang, des tissus
mous et du sternum [3-8]. Leurs consé-
quences sont sévères en termes de mor-
talité, morbidité et allongement de la
durée de séjour hospitalier [9-13].
Les infections du site opératoire (ISO) du
sternum incluent les infections
superficielles et les infections profondes,
telles que les ostéites sternales, les
médiastinites et les endocardites. Ces
différentes catégories sont souvent re-
groupées dans la recherche des facteurs
Introduction
Définition et classification
des ISO
ANTIBIOTIQUES, 2005 ; 7 : 18-22
© MASSON, PARIS, 2005
19
Pathologie infectieuse
de risque (FdR). Même si un grand nom-
bre d’études a mis en évidence depuis
longtemps des FdR similaires suscepti-
bles de développer une médiastinite, cer-
taines études sont contradictoires sur
l’identification de tels FdR, pouvant s’ex-
pliquer par une difficulté à définir claire-
ment les médiastinites post-opératoires ;
les complications d’une plaie sternale va-
rient d’une déhiscence sternale à une mé-
diastinite suppurative. En fait, sternite ou
ostéite sternale, médiastinite, complica-
tion de plaie opératoire et infection de
plaie opératoire ont été utilisés comme
synonymes pour définir une infection
profonde d’une plaie sternale. Les défini-
tions recommandées en France par le
Comité Technique national des Infec-
tions Nosocomiales (CTIN) et le réseau
d’Alerte, d’Investigation et de Sur-
veillance des Infections Nosocomiales
(RAISIN) sont largement inspirées de
celles des Centers for Disease Control
and Prevention (CDC) [14, 15]. Ces di-
vergences de définitions sont importan-
tes à souligner pour expliquer également
les variations dans les taux d’incidence.
La tendance dans la littérature anglo-
saxonne est de parler « d’infection ster-
nale profonde » englobant les médiasti-
nites vraies et les ostéites sternales. Cer-
taines définitions sont mêmes propres à
leurs auteurs comme celles de El Oakley
ou celles de Gardlund [5, 16].
Les médiastinites sont des complica-
tions de chirurgie cardiaque très re-
doutables, rencontrées chez 0,14 % à
2,90 % des patients ayant eu une ster-
notomie (tableau 1). L’incidence glo-
bale réelle de l’infection en chirurgie
cardiaque est difficile à évaluer car les
chiffres publiés sont souvent ceux de
séries de patients sélectionnés ou de sé-
ries rapportant une complication in-
fectieuse spécifique. La fréquence des
médiastinites dans les années 1970-
1980 pouvait varier de 0,2 à 2 % et le
taux de mortalité de 17 à 47 %. Selon
plusieurs auteurs, la fréquence des mé-
diastinites pour les patients opérés
après 1990 ne semblait pas avoir dimi-
nué, oscillant entre 0,5 % et 4,4 % ; ce-
pendant, le taux de mortalité semblait
moins élevé, de 5 à 12 %, alors que
l’état clinique préopératoire des pa-
tients paraissait plus altéré [17, 18].
Ces résultats traduisent probablement
une amélioration de la gestion du ris-
que infectieux chez les patients.
Incidence des ISO en chirurgie
cardiaque
Tableau 1
Taux d’incidence de médiastinites pour 100 interventions en chirurgie cardiaque
dans 13 séries.
Levels of Incidence of mediastinitis for 100 cardiac surgery in 13 series.
Auteur Pays
Année
de
publication
Nombre
de sujets
inclus
Taux
d’incidence Référence
Lepelletier France 2003 1268 1,40 % *
Jonkers Pays-Bas 2004 1185 1,30 % [20]
Lu UK 2003 4228 0,70 % [21]
Gardlung Suède 2002 9557 1,32 % [16]
Baskett Canada 1999 9771 0,25 % [22]
El Oakley UK 1997 4043 0,40 % [23]
Parisian mediastinitis Study
group
France 1996 1830 2,30 % [24]
Brown USA 1996 1717 0,23 % [25]
Zacharias USA 1996 2317 0,91 % [26]
Blanchard Suisse 1995 4137 0,14 % [27]
Sisto Finlande 1994 551 2,90 % [28]
Loop USA 1990 6504 1,10 % [10]
* Sous presse, in Infection Control and Hospital Epidemiology.
De plus, l’incidence des médiastinites
varie selon la définition utilisée ; il n’est
pas toujours facile de savoir quelle est la
cause de la complication (mécanique,
instabilité, ou infection) ; dans la majo-
rité des cas, les patients présentent une
instabilité sternale et une infection. Se-
lon Stahle et al., utiliser le terme « re-
prise chirurgicale avec réouverture ster-
nale » pour définir une complication de
plaie sternale permet une mesure fiable
de la survenue des médiastinites [19].
Bien que beaucoup de facteurs de risque
(liés à l’hôte, à la procédure chirurgi-
cale, ou à l’hospitalisation) d’ISO aient
été identifiés depuis longtemps, ces va-
riables étaient peu utilisées pour élabo-
rer des stratégies de prévention et pour
identifier les patients à risque infec-
tieux élevé. Les Centers for Disease
Control and Prevention ont créé le
score de risque infectieux NNIS (Na-
tional Nosocomial Infection Sur-
veillance system) afin de calculer des
taux d’ISO pour des patients de niveau
de risque équivalent [29, 30]. Cet index
utilise trois variables : le score de risque
anesthésique ASA (1 à 5), la durée de
chirurgie (seuil du 75e percentile) et la
classe de contamination (1 à 4). Il attri-
bue un point à chacun des trois cri-
tères, par exemple lorsque 1) les pa-
tients présentent un score ASA
supérieur ou égal à 3 ; 2) les patients
bénéficient d’une chirurgie de classe de
contamination 3 ou 4 ; et 3) les patients
dont la durée d’intervention dépasse le
75epercentile du temps opératoire
pour la chirurgie concernée. Le score
de risque infectieux NNIS varie donc
de 0 à 3 points. Plus le score de risque
NNIS est élevé, plus le risque infectieux
augmente. Les patients ayant un score
NNIS 2 ont 1,8 fois plus de risque de
développer une ISO que les patients
ayant un score NNIS < 2 (p < 0,01)
[30, 31]. Néanmoins, bien que l’index
NNIS soit simple d’utilisation et semble
approprié à de nombreuses chirurgies,
l’utilisation de cet index pour la chirur-
gie cardiaque ne permet pas de bien
stratifier les taux d’ISO, car seule la du-
rée d’intervention semble classer les
Incidence selon l’index
de risque du Nosocomial
National Infection
Surveillance (NNIS) System
20
Médiastinites après chirurgie cardiaque : incidence, microbiologie et facteurs de risque D. Lepelletier et al.
patients [32]. Kohli et al. ont mis au
point un nouvel index permettant aux
cliniciens de rapidement classer leurs
patients dans un des groupes de risque
associés à une augmentation du risque
d’ISO, utilisant comme critères la re-
prise chirurgicale pour complication, le
diabète, un séjour supérieur à 3 jours
en unité de soins intensifs et l’utilisa-
tion d’artère mammaire interne pour la
revascularisation [33].
Les données de la littérature ne per-
mettent pas de donner un tableau ex-
haustif de la répartition des micro-
organismes responsables de médiasti-
nites car certains auteurs associent les
infections superficielles et profondes
et d’autres ne citent que les patho-
gènes les plus fréquents (tableau 2).
Néanmoins, les bactéries à Gram posi-
tif sont les germes les plus fréquem-
ment responsables de médiastinite,
notamment Staphylococcus aureus ou
Staphylococcus epidermidis (en parti-
culier dans les chirurgies avec mise en
place de matériel). La proportion de
souches résistantes à la méticilline au
sein de l’espèce S. aureus est faible
alors qu’elle est très élevée parmi les
souches de staphylocoques à coagulase
négative. D’autres bactéries à Gram
positif comme Enterococcus faecalis
sont également parfois citées. Parmi
les bactéries à Gram négatif, les enté-
robactéries et plus rarement Pseudo-
monas aeruginosa sont les pathogènes
le plus souvent cités et peuvent repré-
senter jusqu’à 25 % de l’ensemble des
microorganismes
Les FdR indépendants de médiastinite
ont largement été identifiés durant les
20 dernières années. Les patients
peuvent être contaminés avant, pendant
ou après l’intervention et toute ré-inter-
vention expose au risque de développer
une infection du site opératoire. Les fac-
teurs de risque sont liés au patient (obé-
sité, diabète, insuffisance respiratoire), à
Microorganismes
responsables d’ISO
Tableau 2
Micro-organismes responsables d’infection du site opératoire après chirurgie cardiaque.
Microrganisms responsible for infection of operation site after cardiac surgery.
Micro-organismes Proportion des principaux micro-organismes (%) *
Gardlund
[16]
Jonkers
[20]
Pedro
[34]
Mossad
[35]
Tegnell
[36]
Lepelletier
[**]
Bactérie à gram
positif
S. aureus 24 % 26 % 32 % 12 % 40 %
SCN543 % 11 % 25 % 23 % 64 % 30 %
Enterococcus faecalis 10 % 5 %
Autres 10 %
Bacilles à Gram
négatif
25 % 6 %
Entérobactéries 6 % 22 % 19 %
Pseudomonas
aeruginosa
5 % 10 %
Champignons 1 % 5 %
Cultures négatives 6 % 6 % 11 %
Infections
polymicrobiennes 32 % 12 % 4 %
* Le total des proportions peut ne pas représenter 100 % car certains auteurs ne précisent
que les principaux micro-organismes responsables d’infections du site opératoire. ** Sous presse,
in Infection Control and Hospital Epidemiology. 5 Staphylocoques à coagulase négative.
Facteurs de risque
de médiastinites
la chirurgie (type de chirurgie, durée de
l’intervention, reprises chirurgicales
précoces) et à l’hospitalisation (durée de
séjour pré-opératoire, préparation de
l’opéré). La plupart des études s’intéres-
sant à la recherche des FdR d’ISO après
chirurgie cardiaque se limitent aux ISO
profondes. Zacharias et al. ont démon-
tré que les facteurs de risque d’infection
superficielle ou profonde après chirur-
gie cardiaque ne diffèrent pas, bien que
leur impact sur la morbidité et la morta-
lité puisse être considéré comme diffé-
rent [26].
Parmi les FdR liés aux patients, plu-
sieurs études ont démontré que l’obésité
était un facteur de risque indépendant
des médiastinites avec des mesures d’as-
sociation Odds ratio (OR) ou Risque re-
latif (RR) variant en analyse multivariée
de 2 à 4, notamment chez les patients
bénéficiant de pontage aorto-corona-
rien [37-40]. Mouton et al., dans une
étude portant sur 2 299 patients bénéfi-
ciant de chirurgie cardiaque, ont mis en
évidence par régression logistique que
les obèses avaient 2,3 fois plus de risque
de développer une ISO superficielle que
les patients non obèses, mais n’avaient
pas de risque surajouté de médiastinites
[41]. Par ailleurs les patients obèses sé-
vères (BM > 35 kg/m2) ont des risques
de co-morbidité augmentés du fait de
durées d’hospitalisation plus longues
que les patients non obèses, et ont une
survie à 5 ans réduite en analyse de Ka-
plan Meier et analyse multivariée utili-
sant un modèle de Cox. Les doses d’anti-
biotiques administrées en péri-
opératoire non adaptées au volume de
distribution des patients obèses et les
difficultés de réalisation d’un champ
opératoire pourraient expliquer ce risque
[42, 43].
Le diabète et particulièrement l’hyper-
glycémie péri-opératoire majorent éga-
lement le risque infectieux après chirur-
gie cardiaque. Plus précisément, des
glycémies élevées (> 200 mg/dl) aux 1ee et
2e jours post-opératoires seraient associées
à une augmentation des infections sterna-
les chez les diabétiques et le contrôle de
la glycémie en per-opératoire pourrait
diminuer la morbidité [44].
Facteurs de risque liés
aux patients
ANTIBIOTIQUES, 2005 ; 7 : 18-22
© MASSON, PARIS, 2005
21
Pathologie infectieuse
Des techniques opératoires peuvent éga-
lement être associées au risque de mé-
diastinite. En particulier, l’utilisation de
l’artère mammaire interne (AMI) chez
les patients bénéficiant de pontage aorto-
coronarien, est controversée. Cette tech-
nique opératoire est considérée comme
la meilleure par rapport à l’utilisation de
veine saphène, car elle permet une
meilleure perméabilité à long terme. De
plus, de nombreuses études ont montré
que les patients ont une diminution du
taux de reprises pour revascularisation
par rapport aux patients bénéficiant de
pontage par veine saphène. Cependant,
l’utilisation de l’AMI dévascularise la ré-
gion sternale et augmente le risque d’in-
fection, en particulier chez les obèses et
diabétiques [45-50]. Et si l’utilisation des
deux AMI semble augmenter le risque
infectieux, elle présente un réel bénéfice
en terme de mortalité [51].
Parmi les autres facteurs de risque liés à
la chirurgie, la reprise chirurgicale pré-
coce, le plus souvent pour hémorragie
post-opératoire, est souvent citée
comme FdR d’infection sternale, en
particulier lorsque la chirurgie initiale
était longue et compliquée [52-54]. La
formation d’un hématome médiastinal
suite à un saignement excessif constitue
un milieu idéal pour la croissance des
bactéries pouvant ainsi conduire à une
médiastinite [53]. La formation d’un
hématome médiastinal, pouvant surve-
nir après une hémostase de mauvaise
qualité lors de la fermeture sternale, fa-
vorise le développement de collections
de sérosités et de matériel nécrosé dans
lesquelles les bactéries peuvent prolifé-
rer [55]. Les auteurs suggèrent une at-
tention particulière durant la fermeture
sternale, méticuleuse, afin de diminuer
le risque de saignement [55].
La réouverture sternale entraîne une
exposition plus longue du champ opéra-
toire et traumatise davantage les tissus
[43, 52, 54]. Newman et al. ont montré
que parmi les FdR postopératoires, une
reprise pour saignement était associée à
un risque élevé de médiastinite suppura-
tive ; ainsi, les patients repris au bloc
dans les 7 jours suivant leur chirurgie
initiale avaient 3,5 fois plus de risque de
développer une médiastinite, que les pa-
tients n’ayant pas subi une nouvelle in-
tervention [54]. De même, Yellin et al.
[55] lors d’une étude portant sur
10 863 patients bénéficiant de chirurgie
cardiaque, ont observé un saignement
majeur chez 5,4 % des patients ; les taux
d’incidence des ISO profondes et des sai-
gnements (pendant ou après la chirur-
gie, et nécessitant une reprise) étaient
plus élevés chez les patients ayant bénéfi-
cié de pontage. La mortalité associée à
cette complication était élevée puisque
les auteurs rapportaient une mortalité
immédiate de 27 % et une mortalité to-
tale de 53 %, chez les patients ayant à la
fois une ISO et un saignement majeur
[16, 55]. Selon Gardlund et al., ces repri-
ses sont plus fréquentes lorsque la chi-
rurgie initiale était longue et compliquée
[16]. Une hémorragie importante en
post-opératoire ainsi qu’une réouverture
sternale pour saignement ont permis
aussi d’établir une corrélation entre le
volume sanguin transfusé et l’incidence
des ISO [5, 16, 53].
D’après Nagachinta et al. une durée de
séjour pré-opératoire supérieure à
5 jours serait un FdR indépendant d’ISO
après chirurgie cardiaque. Ceci peut s’ex-
pliquer par l’exposition des patients aux
germes hospitaliers, plus résistants aux
antibiotiques, moins sensibles à ceux uti-
lisés en prophylaxie, pendant cette pé-
riode pré-opératoire [37].
En conclusion, les médiastinites sont des
complications pouvant survenir jusque
chez 2 % des patients bénéficiant de chi-
rurgie cardiaque. Certains facteurs de ris-
que connus comme l’obésité et le dia-
bète, l’utilisation de l’artère mammaire
interne pour les pontages aorto-corona-
riens, et les reprises chirurgicales préco-
ces pour saignement majorent ce risque
infectieux post-opératoire. Compte tenu
de leurs conséquences en terme de
morbi-mortalité et de coûts, la mise en
place d’une surveillance prospective de
ces infections associée à une politique de
gestion du risque infectieux chez l’opéré
doit être une priorité. Des recommanda-
tions ont été publiées par les Centers for
Disease Control and Prevention, et par le
Comité Technique national des Infec-
tions Nosocomiales en France. La gestion
pré-opératoire du risque infectieux a no-
tamment été réévaluée en mars 2004 lors
de la Conférence de Consensus organisée
par la Société Française d’Hygiène Hos-
pitalière. Ces mesures préventives ont
pour but de réduire l’importance de la
contamination du site chirurgical par des
micro-organismes, associant principale-
ment l’antibioprophylaxie et la prépara-
tion cutanée de l’opéré, mesures pour
lesquelles une adéquation aux référen-
tiels est possible. Ces mesures seront
complétées notamment par l’adoption
des meilleures techniques chirurgicales
visant à minimiser les facteurs locaux
prédisposant à l’infection.
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au type de chirurgie
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Durée de séjour
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Conclusion
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