58 chirurgie thoracique et cardio-Vasculaire - 2012 ; 16(1) : 56-58
thoracoplastie antérieure et médiastinites post-chirurgie coronaire
devant l’aggravation du tableau septique, le recours à ces der-
nières s’est imposé en dépit des risques qui leur sont associés
(insuffisance respiratoire, surinfection, traumatisme cardio-
vasculaire, troubles du rythme). Heureusement, aucune com-
plication majeure n’a été observée.
Le VAC aurait été une alternative séduisante. Cette méthode
moderne et innovatrice permet un drainage continu des sécré-
tions, une stimulation du bourgeonnement de la plaie et une
amélioration de la perfusion tissulaire [2]. En matière des mé-
diastinites post-chirurgie cardiaque, la supériorité du VAC par
rapport aux traitements conventionnels est de plus en plus at-
testée [5]. Le bénéfice de cette technique concerne non seule-
ment la morbimortalité, mais aussi la durée d’hospitalisation et
son coût [6]. Il a été également rapporté que le VAC permet un
de rapprocher les berges et d’éviter les fermetures secondaires.
Chez notre patiente, nous n’avons pas choisi cette méthode
non seulement à cause de ses risques hémorragiques et de notre
expérience limitée, mais surtout parce que le délabrement de
la paroi thoracique était tellement important que la reconstruc-
tion nous semblait à la fois indispensable et inévitable.
Généralement, cette reconstruction passe par un comble-
ment complet du médiastin par un matériel vascularisé ca-
pable de se défendre contre l’infection. Le muscle grand
pectoral est de loin le plus utilisé en raison de sa situation
anatomique propice et de sa riche vascularisation. Dans notre
cas, nous avons procédé à un retournement de ce muscle
sur son pédicule interne même si la mammaire gauche a été
prélevée. D’une part, cette technique octroie une utilisation
optimale du muscle en augmentant sa capacité de comble-
ment [7]. D’autre part, la vascularisation accessoire du grand
pectoral est tellement importante que la seule préservation
des perforantes issues de deux espaces intercostaux contigus
suffit à assurer la survie de la totalité du muscle, même après
prélèvement des vaisseaux mammaires internes [8].
De même, nous n’avons pas opté pour une transposition
épiploïque. Le grand épiploon aurait été intéressant dans le
contrôle local de l’infection, car il comporte de nombreuses
cellules immunitaires. En plus, sa riche vascularisation en-
traînerait un afflux sanguin important permettant une forte
concentration locale des antibiotiques. Il est également ca-
pable d’absorber toutes les sécrétions qui représentent les
potentiels substrats de la croissance bactérienne [9-11]. Ce-
pendant, son utilisation aurait imposé l’ouverture de la cavité
abdominale, aggravé l’insuffisance respiratoire et exposé la
patiente à d’autres complications (des iléus, des hernies ou
encore de nouvelles infections de paroi) [9]. En outre, la sta-
bilité thoracique obtenue avec le grand épiploon nous paraît
moins bonne par rapport à celle que permet le grand pectoral.
Outre ces aspects théoriques, notre choix s’est appuyé sur les
résultats probants de la thoracoplastie par les lambeaux pecto-
raux. En effet, d’après leur expérience portant sur 12 cas, Kle-
sius et al. concluent à l’efficacité de la technique à court et à
moyen termes [12]. Ils rapportent qu’à la sortie, toutes les plaies
étaient complètement fermées et après 6 mois de suivi, aucune
récurrence n’a été observée. De même, la stabilité thoracique
était bonne et la fonction respiratoire a été conservée. Aucune
altération significative de la qualité de vie n’a été signalée.
4. CONCLUSION
En dépit de toutes les mesures préventives, les médiastinites
demeurent une complication habituelle de la chirurgie car-
diaque et en l’occurrence coronaire. Cette complication
infectieuse peut s’avérer redoutable et engager le pronostic
fonctionnel – voire même vital – du patient. Dans cette pers-
pective, la reconstruction de la paroi thoracique par transpo-
sition des grands pectoraux semble une technique simple et
attractive garantissant d’excellents résultats.
n
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RÉFÉRENCES