Actes du VIIIème Congrès de l’Association pour la Recherche InterCulturelle (ARIC), Université de Genève – 24-28 septembre 2001
sur le site : http://www.unige.ch/fapse/SSE/groups/aric.
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2- La norme d’internalité
La norme d'internalité a fait également l'objet d'un véritable courant de recherche en
France. Elle a été définie "comme la valorisation sociale des explications des
comportements aussi bien que des renforcements qui accentuent le rôle causal de
l'acteur" (Beauvois et Dubois in Deschamps et Beauvois, 1996)
"Cette norme d'internalité est d'abord la norme d'un groupe social (privilégié) et fait l'objet
d'une acquisition différentielle durant le développement"(Beauvois, 1984)
Soutenir que le choix des explications internes peut résulter pour partie de l'intervention
d'une norme sociale conduisait à s'assurer que l'internalité satisfait au moins quatre
critères (Py et Somat in Beauvois, Deschamps, 1996) :
- Montrer que les explications causales internes des comportements et des renforcements
sont l'objet d'une attribution de valeur, c'est à dire qu'elles constituent, contrairement aux
explications causales externes, un ensemble de propositions socialement désirables.
(Pour plus de précisions, cf. Recherche de Jellison et Green in Dubois, 1994)
- Pour correspondre à l'expression d'une norme sociale, les explications causales internes
devaient, ensuite, faire l'objet d'un apprentissage social (acquise par le biais de pratiques
éducatives).
- Les explications internes doivent être valorisées parce qu'elles satisfont des utilités
sociales et non pas parce qu'elles sont vraies ou plus fréquentes que les explications
externes. "Elles doivent répondre à un critère d'acceptabilité sociale."(Beauvois,
Deschamps, 1996)
- Fournir des preuves indiquant que les explications internes font l'objet d'une attribution
de valeur propre à un collectif d'individus.
Ainsi, Beauvois et Dubois ont établi que les individus qui font appel à une explication
des événements en termes dispositionnels sont socialement valorisés. D’après eux, la
norme d’internalité apparaît comme une norme sociale des sociétés libérales.
Au-delà des divers travaux visant à démontrer l'existence d'une norme d'internalité, un
champ d'étude initié par Py et Somat s'est attaché à montrer que certains individus, plus
que d'autres, possédaient une connaissance du caractère socialement valorisé des
explications internes. Certaines personnes plus que d'autres perçoivent le caractère
normatif des explications causales internes des événements psychologiques. Cette
connaissance appelée "clairvoyance normative" a été définie comme "une connaissance
du caractère normatif ou contre normatif d'un type de comportements sociaux ou d'un type
de jugements. Elle est indépendante du degré d'adhésion normative et trouve une
pertinence particulière dans les rapports de pouvoirs." (Beauvois, Deschamps, 1996)4
Dans de nombreuses situations, les clairvoyants internes se distinguent peu des
clairvoyants externes, alors que chez les non clairvoyants, les internes s'opposent très
significativement aux externes.
La norme d'internalité est-elle une réalité pour toute la population ? La variable I/E est
sensible à la culture et à la position socio-économique certes, mais jusqu'à quel niveau ?
Qu'en est-il pour les Africains en position interculturelle ?
4 Voir aussi à ce propos, Beauvois, Joulé, 1993