Rencontre Interculturelle et choc De l’analyse, à la négociation et à la transmission On va être en immersion culturelle dans un pays pendant un mois. Un des objectifs essentiels est l’échange interculturel ; mais on va très vraisemblablement passer par des moments de chocs culturels. Donc l’idée ici est de vous donner des clés de compréhensions et d’analyse des relations interculturelles. Nous aimerions que vous reveniez avec des situations de chocs culturels que vous aurez analysés en groupe. (au moins un par groupe) (C/) A/ Démarche interculturelle Rencontre interculturelle : C’est la reconnaissance et le respect de l’autre dans son altérité. L’interculturel est la synthèse de différences culturelles, c'est un produit nouveau, la synthèse originale d'une rencontre. C’est la création d’une nouvelle dimension où les choses se font autrement. L’étoile de Margalit Cohen-Emerique est le modèle qui peut nous aider à effectuer une rencontre interculturelle. La première démarche de cette approche interculturelle est la "décentration", c'est-à-dire prendre une certaine distance par rapport à soi-même, pour mieux cerner, reconnaître, c'est à dire prendre conscience de ses propres cadres, de ses modèles de références, des cadres professionnels, des références avec lesquelles on fonctionne. Ceci, dans le but d'accéder à une certaine neutralité culturelle, à une certaine relativisation de ses propres systèmes de valeurs et de ses modèles. Mais j'entends bien que neutralité culturelle ne veut pas dire négation de son identité, mais veut dire : mieux la cerner et mieux la connaître par rapport à qui je suis en tant que porteur d'identités multiples, variables, produit de mes racines, mais produit aussi de mes choix et de mes socialisations diverses. Après cette première démarche de décentration, la deuxième démarche, la compréhension est de pénétrer et de découvrir le système de référents de l'autre, de le connaître du dedans, comme le dit Atlan, un grand biologiste et philosophe français, il s'agit de rentrer dans la rationalité de l'autre, sans en accepter nécessairement les prémisses et les aboutissements. Ceci est très important. Rentrer dans la rationalité de l'autre sans en accepter nécessairement les prémisses ou les aboutissements, ça veut dire que l'autre a une rationalité, a une cohérence, même si je ne suis pas d'accord avec les prémisses et les aboutissements. Or, cela, nous le faisons rarement, nous disons toujours : "Monsieur, Madame, ici, c'est comme ça, vous n'êtes pas chez vous, vous devez vous adapter." Donc, cette découverte du dedans, c'est une attitude d'ouverture, un effort personnel de curiosité. Pour découvrir ce qui donne sens et valeur à l'autre, à travers sa culture, sa migration, son exil, son acculturation, mais toujours interprétée et intégrée de façon unique par l'individu. Seulement, alors, pourra commencer un véritable dialogue, le dialogue étant la base de la troisième démarche, qui est la négociation-médiation, qui s'introduit je dirais dans la phase des pratiques et dans la résolution des conflits. B/ Qu’est-ce qu’un choc culturel ? Le choc culturel est une situation conflictuelle qui se produit entre deux individus culturellement différents placées en interaction dans une situation sociale. Ces chocs culturels vécus constituent autant d’incidents critiques qu’il est utile d’analyser si on souhaite dépasser la situation de choc et avoir une chance d’apprendre sur ses propres cadres de références et sur ceux d’autrui. « Le choc culturel facilite la compréhension d’autres cultures et de leurs dimensions cachées, à partir de la découverte de ces mêmes aspects dans sa propre société. Ce qui parait le plus déroutant, critiquable chez l’autre, va jouer comme révélateur de ses propres normes, valeurs, représentations, idéologies… » Iteco Pour quoi il peut y avoir un choc ? Ces zones sensibles sont constituées à partir des évènements de l’histoire personnelle de chacun, de sa saga familiale, de sa formation professionnelle, etc. Cette histoire personnelle construit des « images-guides », des « archaïsmes », des « contentieux historiques » et des refoulements. Les « images-guides » sont des prescriptions de comportements ou des attitudes apprises et gardées dans la mémoire. Elles sont souvent non expliquées ou non formulées, elles semblent naturelles et aller de soi : elles concernent l’éducation des enfants, l’honnêteté, le propre, le sale, le traitement des malades… (les valeurs). Ex : le temps temps linéraire/cyclique Temps futur=progrès / temps passé est le meilleur ; respect de la tradition Temps basé sur la tâche/temps basé sur la relation Temps monétaire/temps propice ou néfaste/temps sacré Temps mesurable/temps unidimensionnel Les codes d’accueil Les « archaïsmes » sont des modèles de conduites anciennes, généralement expérimentées comme ‘problématiques’ que l’on a plus ou moins réussi à ‘dépasser’, soit individuellement soit par la société en général à travers des avancées collectives (promotion de la femme, libertés individuelles…). La confrontation avec un « autre différent » peut frontalement ‘remettre en danger’ ces acquis et donner l’impression d’être menacé de régression. Les « refoulements » sont des faits douloureux vécus par l’individu dans son histoire personnelle et gardés dans son inconscient. Ils peuvent aussi être nourris des interdits dont la famille, le groupe ou la culture ont empêché la prise de conscience. Le « retour du refoulé » peut-être provoqué par la présence de l’autre et faire naître émotion et angoisse (les tabous). Le « contentieux historique » vient des faits sociaux conflictuels qui ont eu lieu dans le temps. Les faits de l’Histoire restent dans l’imaginaire des peuples : croisades, colonisation, esclavage, la Shoah, etc. L’autre peut réanimer ces souvenirs, en jouer consciemment ou inconsciemment, vous faire assumer une partie de la responsabilité des faits. C/ Une méthode d’analyse du choc culturel Méthode d’ITECO d’après la grille de Margalit Cohen-Emerique C’est cette méthode que nous vous proposons de découvrir avec votre groupe avant de partir et d’utiliser sur place pour les chocs culturels vécus. Ramenez-nous des chocs et leur analyse en groupe. On les utilisera lors de notre weekend « alternatives » de septembre. 1- Les acteurs (micro au macro : identité, rapports, rapports des groupes) Qui sont-ils ? Décliner leur identité personnelle (dont âge, sexe, origine culturelle, nationale, sociale, groupe d’appartenance…) Quels types de rapports y a-t-il entre les différents acteurs Quels types de rapports y a-t-il de manière générale entre les groupes d’appartenances de différents acteurs 2- La situation de choc Quel est le contexte historique, politique, psychologique, économique de la situation qui se déroule La réaction de choc : sentiments et comportements engendrés par la situation Le cadre de référence de la personne qui l’a vécu : valeurs, normes, préjugés, conceptions de cette personne Quelle image se dégage de ce dernier point (neutre, négative, stigmatisée, irréelle, positive…) 3- Le cadre de référence culturelle Autour de quoi tourne la situation ? quelles sont les images guides ou les zones sensibles en présence A partir de ces éléments pivots, décrire: valeurs, normes, préjugés, conceptions, c'est-à-dire le cadre de référence de la personne ou du groupe qui est à l’origine du choc, qui a provoqué le choc chez le narrateur. Et après Cet incident critique pose-t-il un problème de fond concernant soit votre pratique professionnelle soit, de façon générale, le respect de différences en situation interculturelle ? Quelles sont les ressources à votre disposition à utiliser afin de mettre en place une stratégie pour dépasser la difficulté ? Quelles sont les alternatives qu’on aurait pu mettre en œuvre.