10 Endomorphismes orthogonaux Espaces euclidiens Soient x = (x1 ; x2 ; . . . ; xn ) et y = (y1 ; y2 ; . . . ; yn ) deux vecteurs de Rn . Le produit scalaire de x et de y, que l’on note x · y, est le nombre x1 y1 + x2 y2 + . . . + xn yn = n X xi yi i=1 Un espace vectoriel muni d’un produit scalaire s’appelle un espace euclidien. 10.1 Montrer les propriétés du produit scalaire : 1) x · y = y · x 2) x · (y + z) = x · y + x · z 3) (λ x) · y = λ (x · y) 4) x · x > 0 5) x · x = 0 ⇐⇒ x = 0 Deux vecteurs d’un espace euclidien E sont dits orthogonaux si leur produit scalaire est nul : x · y = 0. Soit x = (x1 ; . . . ; xn ) un vecteur de Rn . p La norme de x, notée kxk, est le nombre x21 + . . . + x2n . 10.2 10.3 Démontrer les propriétés suivantes de la norme : 1) kxk2 = x · x 2) kxk = 0 ⇐⇒ x = 0 3) kα xk = |α| kxk Inégalité de Cauchy-Schwartz Soient x et y des vecteurs d’un espace euclidien et λ un scalaire. 1) Vérifier que 0 6 kλ x + yk2 = λ2 kxk2 + (2 λ) (x · y) + kyk2 . Utiliser la formule kxk2 = x · x et les propriétés du produit scalaire. 2) En déduire l’inégalité de Cauchy-Schwartz : |x · y| 6 kxk kyk . L’inéquation λ2 kxk2 + (2 λ) (x · y) + kyk2 > 0, quelle que soit la variable λ, implique que son discrimant est négatif ou nul. 10.4 1) Montrer que x · y = 1 2 kx + yk2 − kxk2 − kyk2 . Indication : calculer (x + y) · (x + y). 2) En déduire le théorème de Pythagore : deux vecteurs x et y sont orthogonaux si et seulement si kx + yk2 = kxk2 + kyk2 . 10.5 Montrer l’inégalité du triangle : kx + yk 6 kxk + kyk . Montrer que kx + yk2 6 kxk + kyk 2 Algèbre linéaire : endomorphismes orthogonaux grâce à l’inégalité de Cauchy-Schwartz. 10.1 Une base d’un espace euclidien est dite orthonormée si ses vecteurs sont deux à deux orthogonaux et si leur norme vaut 1. Par exemple, la base canonique de Rn est orthonormée. 10.6 1) Soient (e1 ; e2 ) une base de R2 , x = α1 e1 + α2 e2 et y = β1 e1 + β2 e2 deux vecteurs. Montrer, à l’aide des propriétés du produit scalaire, que x · y = (α1 β1 ) ke1 k2 + (α1 β2 + α2 β1 ) (e1 · e2 ) + (α2 β2 ) ke2 k2 . 2) Soient (e1 ; e2 ) une base orthonormée de R2 , x = α1 e1 + α2 e2 et y = β1 e1 + β2 e2 deux vecteurs. Montrer que x · y = α1 β1 + α2 β2 . 3) On considère (e1 ; . . . ; en ) une base orthonormée d’un espace euclidien E, ainsi que des vecteurs x = α1 e1 + . . . + αn en et y = β1 e1 + . . . + βn en . Montrer que x · y = α1 β1 + . . . + αn βn . 10.7 Soient E un espace euclidien et F ⊂ E. On appelle orthogonal de F, et on le note F⊥ , l’ensemble des vecteurs orthogonaux à tous les éléments de F : F⊥ = {x ∈ E : x · y = 0 pour tout y ∈ F} Montrer que F⊥ est un sous-espace vectoriel de E. Endomorphismes orthogonaux Un endomorphisme h d’un espace euclidien E est dit orthogonal s’il conserve le produit scalaire : h(x) · h(y) = x · y 10.8 quels que soient x, y ∈ E. Montrer qu’un endomorphisme h d’un espace euclidien E est orthogonal si et seulement s’il conserve la norme : kh(x)k = kxk pour tout x ∈ E 1) Si h est orthogonal, utiliser la propriété kxk2 = x · x pour montrer que kh(x)k = kxk . 2) Si h conserve la norme, montrer que h(x) · h(y) = x · y, grâce à l’exercice 10.4 1). Cet exercice montre que les endomorphismes orthogonaux se confondent avec les isométries vectorielles. 10.9 Montrer qu’un endomorphisme orthogonal est un automorphisme. Soit x ∈ E tel que h(x) = 0. Calculer kh(x)k et en déduire que x = 0, ce qui prouve que h est injectif. En conclure que h est bijectif. 10.10 Montrer que les seules valeurs propres possibles d’un endomorphisme orthogonal sont ±1. Si x est un vecteur propre associé à la valeur propre λ, alors h(x) = λ x ; conclure grâce aux exercices 10.8 et 10.2 3). Algèbre linéaire : endomorphismes orthogonaux 10.2 10.11 Soient h un endomorphisme orthogonal d’un espace euclidien E et F un sousespace vectoriel invariant, c’est-à-dire que h(x) ∈ F pour tout x ∈ F. Montrer que F⊥ est aussi un sous-espace vectoriel invariant. Indication : d’après l’exercice 10.9, h est un automorphisme ; la restriction de h à F est donc bijective, c’est-à-dire que pour un y ∈ F quelconque, il existe y ′ ∈ F tel que h(y ′ ) = y. 10.12 Montrer qu’un endomorphisme est orthogonal si et seulement si l’image d’une base orthonormée est une base orthonormée. 1) Soit (e1 ; . . . ; en ) une base orthonormée. Montrer que si h est un endomorphisme or thogonal, alors h(e1 ) ; . . . ; h(en ) forme une base orthonormée. 2) Soit (e1 ; . . . ; en ) une base orthonormée telle que h(e1 ) ; . . . ; h(en ) soit aussi une base orthonormée. Si x = α1 e1 + . . . + αn en et y = β1 e1 + . . . + βn en sont des vecteurs de E, montrer que h(x) · h(y) = x · y grâce à l’exercice 10.6 3). Proposition Un endomorphisme est orthogonal si et seulement si sa matrice A relativement à une base orthonormée vérifie tAA = I . Preuve Soient (e1 ; . . . ; en ) une base orthonormée et A = (aij ) la matrice de l’endomorphisme h relativement à cette base. a11 . . . a1j . . . a1n .. .. .. .. .. . . . . . A = ai1 . . . aij . . . ain . .. .. .. .. .. . . . . an1 . . . anj . . . ann |{z} |{z} |{z} h(e1 ) h(ej ) h(en ) On rappelle que h(ej ) = a1j e1 + . . . + anj en pour tout 1 6 j 6 n. 1) Vu l’exercice 10.6 3), h(ei ) · h(ej ) = a1i a1j + . . . + an1 bnj = n X aki akj . k=1 Par conséquent, la famille h(e1 ) ; . . . ; h(en ) forme une base orthonor n X 1 si i = j mée si et seulement si aki akj = . 0 si i 6= j k=1 t 2) Posons B = AA. Par définition du produit matriciel, on a que n n X X t aki akj . bij = aik akj = k=1 k=1 t Ainsi AA = I si et seulement si n X aki akj = k=1 1 si i = j . 0 si i 6= j L’exercice 10.12 parachève la démonstration. Algèbre linéaire : endomorphismes orthogonaux 10.3 On dit d’une matrice carrée A qu’elle est orthogonale si tAA = I . Ainsi une matrice A est orthogonale si et seulement si elle est inversible et si sa transposée est égale à son inverse : A−1 = tA . 10.13 Vérifier que les matrices ci-dessous sont orthogonales : 1 √ √1 0 √12 √12 0 2 2 0 1 0 0 1) 0 2) 1 √1 − √12 0 0 − √12 √12 2 1 6 2 3 − √2 √16 √13 7 7 7 1 2 2 3 6 √ √ − 6 4) 7 7 − 7 3) 0 3 − 73 67 72 √1 √1 √1 2 6 3 10.14 Les familles suivantes forment-elles une base orthonormée ? 1 1 1 1 1 1 1 √ ;0; √ ; √3 ; √3 ; − √3 ; − √2 ; 0 ; √2 1) 2 2 2 1 1 2 2 2 1 2 2 ; − ; ; ; ; − ; 3;3;3 2) 3 3 3 3 3 3 1 1 1 1 1 1 2 1 √ √ √ √ √ √ √ √ ; 3 ; 3 ; − 2 ; 2 ;0 ; 6 ; 6 ;− 6 3) 3 10.15 Montrer que le déterminant d’une matrice orthogonale est égal à ±1 . Utiliser les propriétés 5) et 6) du déterminant de la page 8.2. 10.16 Est-ce que det(A) = 1 implique que A est orthogonale ? Réponses 10.14 10.16 1) non 2) oui 3) oui non Algèbre linéaire : endomorphismes orthogonaux 10.4