sévère et/ou à Pneumocystis carinii (odds ratio : 8,6 ;
p = 0,019) comme facteur associé à la MK. Cela suggère
que le niveau d’immunosuppression pourrait constituer un
facteur important dans le développement de MK post-
transplantation.
Autres types de transplantation d’organes
Des cas de MK ont été rapportés après transplantation
d’organes solides, principalement chez les receveurs de
greffes de rein, mais aussi de foie, de cœur, de poumon et
d’allogreffe de moelle osseuse.
En ce qui concerne la transplantation de foie, une étude
italienne sur 130 receveurs de rein et de foie fait état d’un
taux de prévalence de l’HHV8 de 16,1 % avant transplan-
tation [24]. Dans cette étude, aucun des receveurs de foie
n’a développé de MK après la transplantation. De même,
sur 122 receveurs de foie français, la présence d’anticorps
anti-HHV8 dans le sérum de 3 receveurs (2,4 %) a été
détectée avant la transplantation et aucun de ces 3 receveurs
n’a développé de MK pendant la période de suivi [26]. En
revanche, une autre étude italienne a rapporté le suivi de
5 patients adultes qui ont subi une transplantation de foie et
développé une MK (du 9
e
au 23
e
mois suivant la transplan-
tation) sur un total de 459 patients étudiés. Quatre de ces
5 patients sont décédés de MK, ayant survécu de0à6mois
après que la maladie a été diagnostiquée, ce qui suggère un
taux élevé de mortalité dans ce contexte de greffe hépatique
[27].
Plusieurs cas de MK ont été rapportés après des transplan-
tations cardiaques. Par exemple, un des cas observé décrit
un lymphome primitif des séreuses associé à une infection
à HHV8 chez un transplanté de cœur, qui était probable-
ment déjà infecté avant la greffe [28]. Par la suite, une étude
française a rapporté un faible taux de MK chez les trans-
plantés de cœur : 1 patient sur 150 (0,67 %) qui était séro-
positif pour HHV8 avant la transplantation a développé une
MK après la transplantation. Ce taux peu élevé pourrait
s’expliquer par le fait que l’HHV8 n’est pas endémique en
France dans la population générale (prévalence de 2 %)
[29].
On a décrit très peu de cas de patients ayant développé une
MK à la suite d’une transplantation de poumon. Un des cas
observé fait état d’une MK cutanée, mais aussi au niveau du
poumon greffé. Les analyses sérologiques ont montré que
le donneur était séronégatif pour l’HHV8 et que le receveur
était séropositif pour HHV8 avant la transplantation pulmo-
naire, ce qui suggère que ce dernier était déjà infecté avant
la greffe et que le traitement immunosuppresseur a eu pour
conséquence de favoriser le développement de la MK
[21, 30].
Ces données suggèrent que la MK se développe principa-
lement chez les receveurs d’allogreffes de rein, mais que les
receveurs d’autres types d’organes sont aussi exposés au
risque de maladies liées à HHV8, y compris ceux qui vivent
dans des zones où le virus n’est pas très prévalent.
Enfin, une morbidité et une mortalité substantielles sont
associées au diagnostic de MK chez les transplantés. Dans
un vaste registre de tumeurs des transplantés, 143 patients
sur 356 (40,2 %) souffrant de MK présentaient des compli-
cations intestinales et, pour 61 patients sur 356 (17,1 %), la
cause du décès indiquée était la MK [31]. Bien que la
réduction des doses ou l’arrêt du traitement immunosup-
presseur puisse conduire à une rémission complète de MK,
parmi les patients en rémission, 65 % ont souffert d’une
perte de la greffe ou de fonctions diminuées, par rapport à
21 % dans la population globale des transplantés.
Contamination par l’HHV8 après la transplantation
d’organe
Transplantation de rein
Le premier cas rapporté suggérant qu’une infection de novo
peut se développer après une transplantation concerne celui
d’un transplanté de rein qui était séronégatif pour l’HHV8
avant la transplantation et pour qui la séroconversion
HHV8 est survenue 13 mois après la greffe, avec la décla-
ration d’une maladie de Castleman [7]. D’autres sérocon-
versions à l’HHV8 suivant une transplantation de rein ont
été décrites en Suisse. Sur une cohorte de 220 transplantés,
une MK s’est déclarée dans un délai de 26 mois chez
2 patients sur 25 (8 %) qui avaient développé une primo-
infection à HHV8 à la suite de la transplantation [8]. Ces
études ont suggéré pour la première fois que la transmission
de l’HHV8 pouvait se produire par allogreffe d’organe
(tableau 3). Cela a été confirmé par d’autres études faisant
état de taux de séroconversion à HHV8 à la suite de trans-
plantations rénales compris entre 2 et 5 % en Espagne et en
France, respectivement [32, 33]. En outre, une primo-
infection à HHV8 a été décrite chez 2 patients ayant tous
deux subi une transplantation de rein provenant d’un même
donneur séropositif pour l’HHV8. L’un de ces patients a
développé une MK disséminée et l’autre un syndrome
infectieux aigu, caractérisé par de la fièvre avec une plas-
mocytose, suivi d’une aplasie médullaire, et qui a entraîné
le décès du patient par insuffisance rénale et cardiaque [34].
Dans une étude plus récente, des marqueurs génétiques
spécifiques du donneur ont été détectés dans des cellules
néoplasiques infectées par l’HHV8 dans des lésions de MK
prélevées chez des transplantés rénaux. Ces résultats sug-
gèrent que, non seulement les cellules progénitrices de
l’HHV8, mais aussi celles de MK peuvent se reproduire
après une transplantation d’organe solide, survivre chez les
receveurs d’organes et subir une transformation et une
progression néoplasiques [35].
Autres types de transplantation d’organes
De faibles taux similaires de séroconversion à HHV8 ont
été rapportés après des transplantations de cœur et de foie.
revue
Virologie, Vol. 11, n° 4, juillet-août 2007
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