4
Pour ce qui est de la vie politique, durant près de 6 ans de 1879 à mars
1885 (chute de Ferry liée à sa politique coloniale), les opportunistes sont
largement majoritaires à la chambre.
Mais cette période ne se traduit pas pour autant par une grande stabilité
ministérielle, qui aurait pourtant été logique. En fait l'instabilité ministérielle
est surtout la conséquence de la politique sournoise du Président de la
République Grévy, qui va s'employer à écarter systématiquement de la
présidence du Conseil toutes les personnalités marquantes.
Durant toute cette période, il n'appelle au pouvoir que des doublures
hormis Jules Ferry et s'emploie surtout à barrer la route au très ambitieux
Gambetta.
Pourtant aux élections de septembre 1881, c'est son parti (l'union
républicaine) qui est majoritaire et il devrait logiquement être porté à la
présidence du conseil. Il est écarté du pouvoir pour plusieurs raisons :
- sans doute sa personnalité (son côté méridional grandiloquent = il est
originaire de Cahors).
- sa réputation de tombeur de ministères,
- le fait d'oublier un peu son programme de Belleville ce que les
radicaux continuent à lui reprocher,
- le manque d'appuis politiques au moment où il en aurait eu le plus
besoin qui sont les causes de sa mise à l'écart. Le "Grand ministère"
Gambetta que l'Union républicaine attendait n'aura pas lieu.
Seul Ferry réussit à passer à travers les mailles du filet et à constituer le
"Grand ministère Ferry" (février 1883 - mars 1885) qui s'appuie sur une
majorité de centre (entente entre "gauche républicaine" et "union républicaine")
capable de le soutenir pendant plus de deux ans contre les extrêmes.
Cette stabilité est remarquable surtout si l'on considère qu'il a déjà été
pendant plus d'un an Président du conseil (septembre 1880 - novembre 1881) et
pendant longtemps ministre de l'instruction publique.
C'est cette grande stabilité, surtout dans le contexte de l'époque, qui
permet au gouvernement de mener à terme les réformes les plus importantes des
républicains opportunistes (sur lesquelles on va revenir tout à l’heure).
Seulement, ces quelques années de vie parlementaire, et la politique
destructrice de Grévy émaillée des scandales retentissants, vont renforcer aussi
l'opposition, et notamment l'antiparlementarisme, qui sert de toile de fond à la
crise boulangiste (1886-1889).
La crise boulangiste prend naissance dans un contexte qui mérite d'être
rappelé, parce que le boulangisme est largement tributaire des circonstances.
Nous verrons ensuite quelle est la politique menée par Boulanger.