Programme du concours : La Révolution française et le XIXème

Programme du concours :
La Révolution française et le XIXème siècle
[...]
L’installation de la démocratie et de la République.
1848 : suffrage universel masculin et abolition de l’esclavage ; 1882 : Jules Ferry et l’école gratuite, laïque et obligatoire ; 1905 :
loi de séparation des Églises et de l’État.
Progressions indicatives pour le cycle 3 (CM2) de 2012 :
« Savoir que le XIXe siècle est caractérisé par une succession de régimes et que la République finit par s’imposer
après 1870.
À partir de différents documents, identifier et comprendre de quelle manière la République s’enracine en France
(l’école, la symbolique républicaine, la séparation des Églises et de l’Etat…).
Connaître les symboles républicains et en comprendre le sens. »
Programmes de 2002 et documents d'application de 2003
« En France, la République s’installe durablement, consolide les libertés fondamentales et développe l’instruction,
mais la femme reste, comme dans le reste de l’Europe, à l’écart de la vie politique. Difficultés de la république à
s’imposer en France :un combat politique de plusieurs générations. Le XIXe siècle est marqué en France par une
lente marche vers legime républicain, ce qui ne va pas sans détours ni hésitations: monarchies, révolution de 1848,
Second Empire, crise de la Commune. La conquête du suffrage universel masculin, du droit à l’enseignement pour
tous (lois de Jules Ferry) et des grandes libertés est liée à cette progression. Il n’est pas utile de rentrer dans le détail
des régimes politiques successifs ; il suffit de montrer comment triomphe le régime républicain. Cette question est en
relation avec l’éducation civique. »
A partir de 1900, l’immense majorité des Français est républicaine ou accepte la République. Si l’on excepte
la période du régime de Vichy (1940-1944), la France est restée une République depuis 1875. Mais de 1792 à 2002, on
compte cinq républiques pour une République ! Pourquoi le pluriel et le singulier ?
La 1ère République naît le 22 septembre 1792 mais elle « n’entre au port » (F. Furet) qu’en 1879. De 1792 aux
années 1900, soit un siècle, le pays a connu de nombreux « séismes » politiques (coups d’état, révolutions, guerres
civiles, crises) et des régimes politiques divers (monarchie, empire, république). La République a été un « combat
politique de plusieurs générations » , car elle n’a pas été acceptée de suite par l’ensemble de la Nation. C’est en outre
un combat qui reste d’actualité, dans la mesure la République est un plus qu’une forme politique, c’est un idéal,
une Idée qui conjugue démocratie, libertés, égalité sociale, solidarité. Victor Hugo écrivait en 1851 : « J’ai cru
longtemps que la République n’était qu’une forme politique. La République est une idée, la république est un
principe, la République est l’incarnation même du progrès ». La République, c’est aussi une « culture » politique et
une idéologie qui reposent sur un certain nombre de valeurs (par ex. « Liberté, Egalité, Fraternité »). La République,
c’est encore une symbolique : Marianne, le drapeau tricolore, la Marseillaise. La République s’incarne enfin dans des
lieux de mémoire : Paris, le Panthéon ; les noms des rues, des places, des écoles, (Gambetta, Jules Ferry, etc.)…
Pourquoi donc les idées républicaines ont-elles mis un siècle pour s’enraciner définitivement en France ?
Pourquoi et comment la France est devenue, au XIXe siècle, une République démocratique et laïque ? Quels sont les
principes du « modèle républicain » qui émerge entre 1880 et 1900 ?
Sur le plan des faits et sans entrer dans les détails de l’histoire événementielle, il est nécessaire d’avoir en
mémoire la succession des régimes politiques entre 1789 et aujourd’hui .
I- CHRONOLOGIE D'UNE INSTAURATION LENTE ET DISCONTINUE
1- La naissance de la République en 1792.
Dans un contexte de guerre (invasion étrangère ; contre-révolution intérieure), sa naissance est associée à la
volonté d’une Assemblée (La Convention) et au suffrage universel. La Constitution démocratique de 1793 (elle met en
place un régime d’assemblée reposant sur le principe de la souveraineté populaire) ne fut jamais appliquée à cause de
la guerre qui se prolonge et des graves divisions politiques et religieuses qui fracturent la société française. Plus grave,
le régime républicain est durablement marquée, dans la mémoire collective, par l’épisode de la Terreur (1793-94).
Malgré le rêve égalitaire jamais disparu qu’elle a fait naître, la République est pour longtemps assimilée à la guillotine,
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XIX° SIÈCLE
L'INSTALLATION DE LA DÉMOCRATIE ET DE LA RÉPUBLIQUE
au mouvement populaire (les Sans-Culottes, les Jacobins), au désordre et à l’instabilité politique (de 1795 à 1799). Le
coup d’Etat de Bonaparte (18 brumaire an VIII) met fin à un régime déconsidéré. Cependant, un grand nombre de
Français reste attaché à l’héritage révolutionnaire, au moins à celui de 1789 symbolisé par la Déclaration des Droits de
l’Homme et du Citoyen.
2-De 1804 à 1848, la République clandestine.
Pendant cette longue période, et pour les raisons indiquées plus haut, les idées républicaines ne sont partagées
que par une infime minorité de Français (souvent des bourgeois aisés, humanitaires). Les idées républicaines
n’existent qu’à Paris et dans quelques grandes villes ; dans les campagnes, elles restent embryonnaires. Ainsi, lors de
la Révolution parisienne de 1830 (les Trois Glorieuses, peintes par E. Delacroix dans La liberté guidant le peuple), les
républicains se font « voler » la victoire par les monarchistes. Divisés sur les moyens d’action (pacifiques ou violents),
les républicains sont souvent contraints à la clandestinité. En 1835, la loi interdit l’usage même du mot « républicain ».
D’aucuns participent à des sociétés secrètes qui préparent des insurrections mais elles échouent. Cette forme d’action
violente est contestée par une partie des républicains qui préfèrent parvenir au suffrage universel par des moyens
légaux. L’opposition à la monarchie censitaire de Louis-Philippe se développe à partir des années 1840. L’opposition,
notamment républicaine, lutte pour le droit de vote et organise des réunions, des banquets, pour en demander
l’élargissement. L’impopularité du régime et la grave crise économique provoquent l’insurrection parisienne des 22 et
23 février 1848. Les affrontements se déroulent sur fond de révolution sociale : le drapeau rouge est hissé.
3- De 1848 à 1851, heurs et malheurs de la IIe République.
La République arrive donc par surprise, par défaut, le 24 février 1848. Elle s’emploie à lutter contre un
certain héritage de la Révolution, celui de 1793 (la Terreur), et elle crée une illusion romantique et lyrique
d’unanimisme, symbolisés par les fameux arbres de la Liberté qui réunissent brièvement les curés, les travailleurs
manuels et les bourgeois. Elle adopte la devise : Liberté, Egalité, Fraternité. Elle rétablit les libertés individuelles
(presse, réunion). Elle instaure le suffrage universel (masculin) le 5 mars 1848 : le corps électoral passe de 246.000 à
plus de 9 millions d’inscrits ! Elle instaure la fonction de président de la république (élu pour 4 ans) qui sera occupé
par Louis-Napoléon Bonarparte. Elle prend de nouvelles mesures favorables à la démocratie sociale (instruction,
Ateliers nationaux pour résorber le chômage). Mais les divisions des républicains aboutissent à la sanglante répression
des journées de juin 1848 : la guerre civile fait 1.500 morts, occasionne 25.000 arrestations dont 11.000
condamnations à la prison ou à la déportation, prononcées à l'encontre des ouvriers pour la plupart. La République est
déchirée. L’espérance d’une république fraternelle, démocratique et sociale est morte.
Les peurs sociales et les élections donnent naissance à une République conservatrice, soucieuse d’ordre. La
constitution est adoptée en novembre mais elle crée une opposition entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif
sans envisager la résolution de leur possible affrontement. Les divisions des Français et les difficultés économiques
amplifient les fractures politiques entre « bleus », « blancs » et « rouges ». De ces échecs, naît le second Empire à la
suite du coup d’Etat du 2 décembre 1851. Il entraîne des soulèvements en province (notamment en Provence). C’est la
preuve de l’attachement d’une partie de la paysannerie et de la petite bourgeoisie rurale à l’idée républicaine.
4- De 1851 à 1870, un régime antirépublicain.
Dans un premier temps, les républicains sont très durement réprimés par le régime de Napoléon III. Beaucoup
sont emprisonnés (20.000) ou déportés (près de 10.000). D’autres préfèrent s’exiler comme Victor Hugo. Entre 1860
et 1870, le régime se libéralise. Les républicains relèvent la tête mais ils sont divisés face à Napoléon III (qui a rétabli
le suffrage universel de 1848). Les nouvelles générations de républicains (comme Gambetta) participent aux élections
pourtant étroitement contrôlées par le pouvoir. Malgré des progrès (et quelques succès) électoraux (Paris et quelques
grandes villes), les républicains sont encore peu nombreux. Toutefois, les idées républicaines progressent comme en
témoigne, ici et là, la popularité de Marianne qui symbolise la « belle et bonne » république.
5- De 1870 à 1900, l’enracinement des idées républicaines.
a) de 1870 à 1879 : l’enfantement de la république dans la douleur et à « l’ombre des lys ».
La désastreuse guerre contre la Prusse provoque la chute de Napoléon III et la naissance de la République le
4 septembre 1870 à Paris, sur les ruines de l’Empire. Dans un premier temps, les républicains doivent affronter
plusieurs problèmes : la poursuite de la guerre (elle est perdue en janvier 1871 malgré les efforts de Gambetta. La paix
est signée en mai 1871, entérinant la perte de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine) ; l’élection d’une Assemblée en
février 1871 (les républicains ne sont que 200 contre 400 députés monarchistes et 30 bonapartistes ! Les Français ont
voté pour la paix) ; la Commune de Paris (mars 1871-mai 1871).
Ce dernier épisode est dramatique pour le camp républicain. Les Parisiens se soulèvent contre la capitulation
et contre le danger d’une restauration monarchique. Ils réclament une République démocratique et sociale sur la base
de la démocratie directe. Par ses mesures et son projet audacieux, la Commune terrifie les monarchistes et les
républicains modérés. Elle est isolée et incomprise par le reste de la France. La répression est terrible. Depuis
Versailles,Thiers, chef du pouvoir exécutif, organise la reconquête de Paris : 20.000 à 30.000 « communards » sont
fusillés, des milliers sont emprisonnés et déportés lors de la « semaine sanglante » du 21 au 28 mai 1871. La plupart
sont des ouvriers ou des employés. Le divorce entre le monde ouvrier et la république sera long à se résorber.
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Les monarchistes, nombreux dans la nouvelle Assemblée élue en février 1871, espèrent la restauration de la
monarchie. Mais leurs profondes divisions entre les deux familles monarchistes empêchent cette restauration. Malgré
leurs efforts, l’influence des républicains progresse dans le pays dans la plupart des élections partielles. Cette
évolution s’explique par le ralliement progressif d’une partie des milieux d’affaires, par le développement des
« classes moyennes » et par l’adhésion progressive de la paysannerie et d’une partie du monde ouvrier.
De janvier à juillet 1875, trois lois constitutionnelles établissent la IIIe République. C’est le résultat d’un
compromis entre républicains et monarchistes modérés (orléanistes). Le suffrage universel est conservé. Le Président
(dont le mandat de 7 ans est confirmé) reçoit des pouvoirs importants. Le Parlement est composé de deux chambres :
le Sénat et la Chambre des députés. Les élections de 1876 envoient une majorité républicaine à la Chambre des
députés tandis que le Sénat reste à majorité royaliste. Après la crise du 13 mai 1877 (dissolution de la chambre des
députés par le Président Mac-Mahon, monarchiste), les républicains remportent les élections législatives (octobre
1877). En 1879, le renouvellement du Sénat entraîne l’arrivée d’une majorité républicaine. Le 30 janvier 1879, Mac
Mahon démissionne. Le parlement réuni en congrès (Sénat + Chambre des députés) élit un vieux républicain, Jules
Grévy. Désormais, la totalité des pouvoirs et aux mains des républicains.
b) de 1879 à 1899 : la consolidation de la République.
Après une décennie de luttes politiques, la France entre dans une phase de consolidation marquée par les
grandes lois républicaines. Le « modèle républicain » prend forme, ses valeurs s’incarnent dans deux noms, Jules
Ferry et Léon Gambetta, tous deux partisans d’une république modérée que d’aucuns nomment « opportuniste ».
II- L'INSTALLATION DES VALEURS RÉPUBLICAINES
1-Promouvoir les symboles
- La IIIe République impose le drapeau tricolore comme le drapeau républicain par excellence (inscrit
seulement dans la Constitution en 1948). Il a été adopté en 1830 par Louis-Philippe, maintenu par Lamartine
en 1848.
- La devise trinitaire (Liberté, Egalité, Fraternité) est inscrite dans la constitution de 1848 et celle de 1958.
- La Marseillaise redevient l’hymne national de la France en 1879.
- Paris redevient la capitale politique de la France en 1879.
- Le 14 juillet devient la fête nationale en 1880.
- La Mairie et l’Ecole publique (lois Ferry).
- Un territoire national, libéré en 1873 mais amputé (Alsace-Lorraine).
- Des bustes de Marianne sont installés dans les mairies et des statues de la République et des Grands
Hommes ornent les places et/ou les fontaines publiques. Cette « statuomanie » se développe vigoureusement
après 1877.
- Le certificat d’études peut être considéré comme un symbole scolaire fort de la République.
2- Développer le patriotisme républicain
D’abord nourri par l’idée de la « Revanche », ce patriotisme devient rapidement défensif. En 1872, le service
militaire obligatoire est isntauré. Les provinces perdues, l’Alsace et la Lorraine, sont recouvertes sur les cartes de
France en signe de deuil. Le Tour de la France de deux enfants (1877) peut être considéré comme le manuel de base
(voire un « bréviaire ») du petit républicain (plusieurs millions d’exemplaires jusqu’à l’aube des années 1960 ). Des
sociétés de tir et de gymnastique, destinées à former de futurs combattants, sont créées. En 1882 apparaît la Ligue des
Patriotes.
3- Servir les valeurs républicaines par les grandes lois libérales
- Liberté d’expression : loi sur le colportage de 1880, loi sur les réunions et la presse en 1881.
- Démocratie municipale : les maires sont désormais élus par les conseillers municipaux (avril 1884).
- Liberté syndicale : accordée par la loi Waldeck-Rousseau (1884).
- Laïcisation de la société : loi sur le divorce en 1884 ; lois scolaires de Jules Ferry ; loi de séparation de
l’Eglise et de l’Etat en 1905.
4- Former des républicains
La laïcisation et la démocratisation de l’enseignement primaire sont une priorité politique pour les
républicains. L’école doit former des patriotes et des citoyens responsables, inculquer une conscience nationale à des
millions de Français majoritairement ruraux. On assiste ainsi à une vaste entreprise de nationalisation des masses.
L’accent est mis, à l’école primaire, sur : lire, écrire, compter et raisonner. Ministre de l’Instruction publique de 1879 à
1883, Jules Ferry est le principal artisan de ces réformes. Le volet principal des réforme porte sur l’école primaire qui
devient gratuite (juin 1881), obligatoire et laïque (mars 1882) pour tous les enfants de 6 à 13 ans, jusqu’au certificat
d'études véritable « première communion » républicain. Il est organisé au niveau national en 1880 (il est mort
officiellement en 1989). Les opposants catholiques dénoncent « l’école sans Dieu » des républicains. L’école
républicaine a été (et reste) un outil d’émancipation et de promotion sociale (« méritocratie » républicaine).
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III- LE MODÈLE RÉPUBLICAIN
Définition : selon ses partisans, la République correspond à l’organisation démocratique idéale de la nation, sur la
base :
- des grands principes de la Révolution française : droits de l’Homme, souveraineté du peuple, citoyenneté,
égalité des chances dans la société, solidarité.
- des valeurs de laïcité et de fraternité (ex, 1884 : suppression de la prière publique à l’ouverture des
sessions parlementaires).
Le modèle est centralisateur, dans la logique de la 1ère République. Le « danger » vient en partie de l’enracinement
d’élites locales qui restent royalistes et de la méfiance populaire dans les campagnes (les paysans, dans une
conjonctures difficile, se rapprochent des « notables »). La République s’impose « du haut vers le bas ».
IV- LES VECTEURS DES IDÉES RÉPUBLICAINES
- La pratique du suffrage universel (élections municipales et élections législatives).
- La propagande électorale.
- Le développement de la presse nationale, régionale et locale.
- L’alphabétisation croissante de la population.
- L’école laïque avec sa pédagogie patriotique et moralisatrice véhiculée par les « hussards noirs », qui
n’est qu’un des aspect de la laïcisation de la société.
- La littérature populaire républicaine
- L’armée (brassage social, patriotisme).
- Les cercles et cafés républicains (chambrées en Provence).
-Les organisations de combat : Franc-maçonnerie, Ligue de l’enseignement (1866), Ligue des patriotes
(1882), Libre-Pensée (1800), Ligue des Droits de l’Homme (1899).
CONCLUSION
La République s’installe pour la 1ère fois en 1792 mais elle est éphémère (guerres, Terreur, luttes politiques).
Elle lègue un héritage démocratique, une forme républicaine de l’Etat. La IIde République fait naître de grands espoirs
mais c’est un échec. La IIIème République naît en 1870 à la suite de la défaite de Sedan. Mais il faut 9 ans aux
républicains pour conquérir les institutions. L’élection de Jules Grévy à la présidence le 30 janvier 1879 marque
l’achèvement de cette difficile conquête. La républicanisation des esprits s’étend. En 1914, les Français sont pour
l’essentiel républicains.
La République est aussi une culture qui repose sur un héritage intellectuel et historique (Les Lumières, 1789),
un idéal politique et social, une sociabilité (autrement dit un comportement) faite de rites, de symboles et d’allégories.
Chronologie à connaître : la succession des Républiques (changements de Constitution)
- La IIIe République dure jusqu’au 10 juillet 1940 (date de l’installation de « l’Etat français » par le Maréchal Pétain
- 1946 – 1958 : IVe République
- De 1958 à nos jours : Ve République.
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