au mouvement populaire (les Sans-Culottes, les Jacobins), au désordre et à l’instabilité politique (de 1795 à 1799). Le
coup d’Etat de Bonaparte (18 brumaire an VIII) met fin à un régime déconsidéré. Cependant, un grand nombre de
Français reste attaché à l’héritage révolutionnaire, au moins à celui de 1789 symbolisé par la Déclaration des Droits de
l’Homme et du Citoyen.
2-De 1804 à 1848, la République clandestine.
Pendant cette longue période, et pour les raisons indiquées plus haut, les idées républicaines ne sont partagées
que par une infime minorité de Français (souvent des bourgeois aisés, humanitaires). Les idées républicaines
n’existent qu’à Paris et dans quelques grandes villes ; dans les campagnes, elles restent embryonnaires. Ainsi, lors de
la Révolution parisienne de 1830 (les Trois Glorieuses, peintes par E. Delacroix dans La liberté guidant le peuple), les
républicains se font « voler » la victoire par les monarchistes. Divisés sur les moyens d’action (pacifiques ou violents),
les républicains sont souvent contraints à la clandestinité. En 1835, la loi interdit l’usage même du mot « républicain ».
D’aucuns participent à des sociétés secrètes qui préparent des insurrections mais elles échouent. Cette forme d’action
violente est contestée par une partie des républicains qui préfèrent parvenir au suffrage universel par des moyens
légaux. L’opposition à la monarchie censitaire de Louis-Philippe se développe à partir des années 1840. L’opposition,
notamment républicaine, lutte pour le droit de vote et organise des réunions, des banquets, pour en demander
l’élargissement. L’impopularité du régime et la grave crise économique provoquent l’insurrection parisienne des 22 et
23 février 1848. Les affrontements se déroulent sur fond de révolution sociale : le drapeau rouge est hissé.
3- De 1848 à 1851, heurs et malheurs de la IIe République.
La République arrive donc par surprise, par défaut, le 24 février 1848. Elle s’emploie à lutter contre un
certain héritage de la Révolution, celui de 1793 (la Terreur), et elle crée une illusion romantique et lyrique
d’unanimisme, symbolisés par les fameux arbres de la Liberté qui réunissent brièvement les curés, les travailleurs
manuels et les bourgeois. Elle adopte la devise : Liberté, Egalité, Fraternité. Elle rétablit les libertés individuelles
(presse, réunion). Elle instaure le suffrage universel (masculin) le 5 mars 1848 : le corps électoral passe de 246.000 à
plus de 9 millions d’inscrits ! Elle instaure la fonction de président de la république (élu pour 4 ans) qui sera occupé
par Louis-Napoléon Bonarparte. Elle prend de nouvelles mesures favorables à la démocratie sociale (instruction,
Ateliers nationaux pour résorber le chômage). Mais les divisions des républicains aboutissent à la sanglante répression
des journées de juin 1848 : la guerre civile fait 1.500 morts, occasionne 25.000 arrestations dont 11.000
condamnations à la prison ou à la déportation, prononcées à l'encontre des ouvriers pour la plupart. La République est
déchirée. L’espérance d’une république fraternelle, démocratique et sociale est morte.
Les peurs sociales et les élections donnent naissance à une République conservatrice, soucieuse d’ordre. La
constitution est adoptée en novembre mais elle crée une opposition entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif
sans envisager la résolution de leur possible affrontement. Les divisions des Français et les difficultés économiques
amplifient les fractures politiques entre « bleus », « blancs » et « rouges ». De ces échecs, naît le second Empire à la
suite du coup d’Etat du 2 décembre 1851. Il entraîne des soulèvements en province (notamment en Provence). C’est la
preuve de l’attachement d’une partie de la paysannerie et de la petite bourgeoisie rurale à l’idée républicaine.
4- De 1851 à 1870, un régime antirépublicain.
Dans un premier temps, les républicains sont très durement réprimés par le régime de Napoléon III. Beaucoup
sont emprisonnés (20.000) ou déportés (près de 10.000). D’autres préfèrent s’exiler comme Victor Hugo. Entre 1860
et 1870, le régime se libéralise. Les républicains relèvent la tête mais ils sont divisés face à Napoléon III (qui a rétabli
le suffrage universel de 1848). Les nouvelles générations de républicains (comme Gambetta) participent aux élections
pourtant étroitement contrôlées par le pouvoir. Malgré des progrès (et quelques succès) électoraux (Paris et quelques
grandes villes), les républicains sont encore peu nombreux. Toutefois, les idées républicaines progressent comme en
témoigne, ici et là, la popularité de Marianne qui symbolise la « belle et bonne » république.
5- De 1870 à 1900, l’enracinement des idées républicaines.
a) de 1870 à 1879 : l’enfantement de la république dans la douleur et à « l’ombre des lys ».
La désastreuse guerre contre la Prusse provoque la chute de Napoléon III et la naissance de la République le
4 septembre 1870 à Paris, sur les ruines de l’Empire. Dans un premier temps, les républicains doivent affronter
plusieurs problèmes : la poursuite de la guerre (elle est perdue en janvier 1871 malgré les efforts de Gambetta. La paix
est signée en mai 1871, entérinant la perte de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine) ; l’élection d’une Assemblée en
février 1871 (les républicains ne sont que 200 contre 400 députés monarchistes et 30 bonapartistes ! Les Français ont
voté pour la paix) ; la Commune de Paris (mars 1871-mai 1871).
Ce dernier épisode est dramatique pour le camp républicain. Les Parisiens se soulèvent contre la capitulation
et contre le danger d’une restauration monarchique. Ils réclament une République démocratique et sociale sur la base
de la démocratie directe. Par ses mesures et son projet audacieux, la Commune terrifie les monarchistes et les
républicains modérés. Elle est isolée et incomprise par le reste de la France. La répression est terrible. Depuis
Versailles,Thiers, chef du pouvoir exécutif, organise la reconquête de Paris : 20.000 à 30.000 « communards » sont
fusillés, des milliers sont emprisonnés et déportés lors de la « semaine sanglante » du 21 au 28 mai 1871. La plupart
sont des ouvriers ou des employés. Le divorce entre le monde ouvrier et la république sera long à se résorber.
IUFM de Grenoble/UJF – MES1 HG – contributeurs UD