Publié sur Dalloz Actualité (http://www.dalloz-actualite.fr) Il faut « former des avocats spécialisés pour assister les patients sous contrainte » le 11 mars 2014 ADMINISTRATIF | Droit fondamental et liberté publique AVOCAT | Formation | Honoraires | Procédure CIVIL | Profession juridique et judiciaire PÉNAL | Peine et exécution des peines | Santé publique SOCIAL | Santé publique Le contrôleur général des lieux de privation de liberté demande, dans son rapport d’activité 2013, rendu public ce matin, un renforcement des droits de la défense des personnes admises en soins sous contrainte. Dossier de presse (le rapport, disponible en librairie, sera en ligne sur le site du CGLPL le 16 avril 2014) Les critiques fusent sur la question de la défense des personnes admises en soins sous contrainte, dans le rapport d’activité 2013 du contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL), Jean-Marie Delarue. Cette défense « embryonnaire » repose « trop souvent sur des avocats intervenant au titre des permanences pénales », regrette le rapport. Il y est question d’avocats faisant connaissance de leurs clients juste avant l’audience devant le juge des libertés et de la détention (JLD), s’entretenant avec eux rapidement, souvent dans un couloir, parfois en présence des soignants. « Ils n’ont pas, ou ne prennent pas, le temps nécessaire au recueil d’avis ou de pièces susceptibles de contrarier les éléments figurant au dossier », est-il expliqué. Et pour ce qui est de l’audience, les reproches continuent. Les avocats limitent « fréquemment leur intervention au strict et nécessaire contrôle de la régularité de la procédure. Plusieurs avocats ont pu dire aux contrôleurs que les conditions de leur rémunération n’étaient pas étrangères à ces difficultés », précise le rapport. Revaloriser les indemnités Pour mettre fin à ces difficultés, diverses recommandations sont formulées. Ainsi, Jean-Marie Delarue demande qu’une formation spécifique soit dispensée aux avocats assistant ou représentant les malades psychiatriques placés sous contrainte. Il souhaite également que leurs indemnités soient revalorisées. Aujourd’hui, le coefficient fixé est de quatre unités de valeur. Rien ne justifie « que leurs rémunérations actuelles soient inférieures à celles des autres contentieux », souligne-t-il. Les droits de la défense des patients ne sont pas l’unique problème entourant l’intervention du JLD en cas d’hospitalisation sous contrainte. Le rapport constate la délivrance systématique, dans certains établissements, de certificats médicaux contre-indiquant l’audition du patient. Comment expliquer ces stratégies d’évitement ? Selon ce document, la plupart des patients ont une représentation répressive du JLD et vivent dans l’angoisse l’attente de l’audience. Et le malaise existe aussi du côté des médecins, certains d’entre eux voyant son intervention comme un « contrôle illégitime de leurs pratiques ». Psychiatrie : J.-M. Delarue demande une consignation du recours à la contrainte physique Le rapport d’activité 2013 du CGLPL contient de nombreuses autres recommandations relatives aux malades en souffrance mentale. Il est demandé notamment : • que, dans les hôpitaux psychiatriques, le recours à la contrainte physique d’un patient fasse Dalloz actualité © Éditions Dalloz 2017 Publié sur Dalloz Actualité (http://www.dalloz-actualite.fr) l’objet d’une consignation dans un registre spécifique et dans son dossier médical ; • une meilleure protection des droits des patients admis en « soins libres » dans des unités de soins fermées des établissements hospitaliers, avec la mise en œuvre de procédures permettant de les faire bénéficier d’un statut juridique adapté à leur état, offrant le bénéfice de garanties prévues par la loi ; • une amélioration des dispositifs permettant l’accès à leurs droits des patients sous contrainte dans les établissements hospitaliers (document type avec les voies de recours, etc.) ; • de donner des caractères particuliers à la personne de confiance quand le patient est atteint de troubles mentaux ; • que le placement en chambre d’isolement et la mise sous contention ne soient pas systématiques pour les personnes détenues hospitalisées ; • le lancement d’enquêtes épidémiologiques longitudinales sur les troubles psychiatriques dans les lieux de privation de liberté, y compris les hôpitaux psychiatriques ; • que les conventions entre centres de rétention administrative et établissements hospitaliers comportent des dispositions relatives aux soins psychiatriques ; • l’intégration des centres éducatifs fermés dans un réseau de soins organisés. Diverses recommandations concernent la formation du personnel, le renforcement des effectifs et des moyens. par Caroline Fleuriot Dalloz actualité © Éditions Dalloz 2017