
36 | La Lettre du Gynécologue • n° 393 - novembre-décembre 2014
MISE AU POINT Les traitements du futur dansla prise en charge du cancer du sein:
vers un traitement individualisé
Cependant, aucun de ces 2 outils n’a atteint un
niveau de preuve suffisant pour être utilisé en
routine et ils font l’objet d’études prospectives pour
valider leur valeur pronostique.
Prédire la réponse aux nouveaux
médicaments
Identifi er une cible thérapeutique pour un médica-
ment donné, c’est défi nir la valeur prédictive de la
cible à ce même médicament.
Concernant les facteurs prédictifs de la réponse
aux traitements, nous ne disposons d’aucun facteur
validé pour la chimiothérapie, mais uniquement de
facteurs prédictifs de la réponse à l’hormonothérapie
et aux thérapies anti-HER2.
◆À propos des traitements anti-estrogéniques
Nous avons indiqué précédemment que l’expression
des récepteurs hormonaux est un facteur de réponse
à l’hormonothérapie.
◆À propos de l’oncogène HER2
Vingt ans se sont écoulés entre sa découverte et son
rôle dans la cancérogenèse mammaire et le déve-
loppement de thérapies ciblées anti-HER2.
La protéine HER2 est un récepteur transmembra-
naire qui possède un versant externe et un versant
interne.
Il existe actuellement 2 grandes classes thérapeu-
tiques : les anticorps monoclonaux (trastuzumab,
pertuzumab et TDM-1) et les inhibiteurs de tyrosine
kinase (lapatinib) [fi gure 7].
Les anticorps monoclonaux se fi xent sur le versant
externe et les inhibiteurs de tyrosine kinase sur le
versant interne du récepteur.
Le trastuzumab a démontré sa grande effi cacité tant
en situation métastatique qu’en situation adjuvante,
en association avec la chimiothérapie.
Les récents résultats des essais cliniques démontrent
qu’en situation métastatique le fait d’associer
2 anticorps, le trastuzumab et le pertuzumab, à la
chimiothérapie, améliore le contrôle de la maladie et
prolonge la survie comparativement à l’association de
la même chimiothérapie avec le trastuzumab seul (4).
Le TDM-1, ou trastuzumab-emtansine, est un anti-
corps dit conjugué associant, sur le même médi-
cament, le trastuzumab, qui reconnaît la protéine
HER2, et un agent de chimiothérapie, l’emtan-
sine, qui est ainsi directement délivrée au sein des
cellules cancéreuses. Le TDM-1 est supérieur et
moins toxique que le lapatinib + capécitabine chez
les patientes présentant un cancer du sein méta-
statique précédemment traitées par trastuzumab
et taxanes (5).
Leur effi cacité clinique semble être exclusivement
liée à l’amplification du gène HER2 ou à la sur-
expression de la protéine.
◆À propos d’autres cibles en cours d’exploration
La survenue d’un cancer du sein, comme tout cancer,
est la résultante d’un long processus qui implique
que, au cours du temps, les cellules cancéreuses
vont acquérir des propriétés d’agressivité par des
mécanismes de mutation, amplifi cation ou délétion
de leur génome (prolifération, résistance aux trai-
tements) et vont interagir avec leur environnement
(invasion, dissémination). Les cellules cancéreuses
sont alors capables de coloniser d’autres organes
et de s’accroître.
Chacune de ces étapes est connue et les protéines
clés de ce processus ont été identifi ées.
➤La mutation des gènes BCRA1/BCRA2
Dans 5 % des cas, la survenue du cancer du sein
est liée à une perte d’activité, par mutation de son
gène, de protéines impliquées dans la réparation
de l’ADN. Il s’agit des gènes BCRA1 et BCRA2. Les
cellules cancéreuses qui portent ces mutations ne
sont plus capables de se protéger d’autres mutations
par incapacité à se réparer. Au sein des cellules, il
existe d’autres protéines qui possèdent des pro-
priétés de réparation, comme la protéine PARP.
Figure 7. Représentation du récepteur HER2 et des
thérapies anti-HER2 selon leurs cibles.
Lapatinib
1. Trastuzumab
2. Pertuzumab
3.TDM-1
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